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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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de l’état
déplorable des communications sur le front Ouest. Staline ne prend aucune
mesure sérieuse. Sans doute craint-il que l’état-major allemand ne considère
comme une menace des travaux de modernisation des voies de communication dans
ce secteur. À l’époque, les jeunes généraux croient que Staline dispose de
connaissances militaires supérieures aux leurs. La guerre dissipera leurs
illusions…
    Au début de février, avant la XVIII e  conférence
du Parti (15-20 février), Timochenko emmène Joukov à la datcha de Staline.
« À quoi faut-il se préparer ? » lui demande Joukov. À tout, lui
répond Timochenko, qui le prévient que Staline n’écoutera pas un long rapport
et l’invite à exposer en dix minutes tout ce que Joukov lui a raconté en trois
heures. Staline reçoit les deux hommes avec Koulik, Kalinine, Molotov et
Malenkov. Joukov affirme la nécessité de renforcer la défense des frontières
occidentales, Molotov l’interrompt : « Eh quoi, vous pensez faire la
guerre aux Allemands [1050]  ? »
Dès la fin du rapport, Staline invite la compagnie à table à un repas assez
simple : un épais borchtch ukrainien, une bouillie de sarrasin, des
viandes bouillies, puis des fruits au sirop et des fruits frais. Staline, en
forme et de bonne humeur, régale ses invités avec du vin rouge géorgien que
Joukov trouve bien léger, et auquel la plupart de ses invités préfèrent le
cognac arménien.
    Malgré son désintérêt pour les travaux de l’état-major,
Staline participe activement aux discussions sur l’élaboration d’un plan
opérationnel, adopté le 11 mars 1941, qui envisage de développer la
contre-offensive de l’Armée rouge vers Poznan en direction de Berlin et sur l’axe
sud-ouest vers Prague et Vienne. Pendant que l’état-major élabore ces plans
dignes de Picrochole, Staline refuse encore d’accepter toute concentration des
troupes vers la frontière. Il est néanmoins inquiet. L’ordre du jour du 23 février 1941,
revu par lui et proposé par le maréchal Timochenko pour le 24 e  anniversaire
de la création de l’Armée rouge, en témoigne. Il invite les troupes à se
préparer moralement « face au danger d’une attaque surprise », afin d’éviter
d’être pris au dépourvu. L’origine de l’attaque surprise éventuelle, non
précisée, n’est pourtant pas douteuse. Mais Staline se contente de cet
avertissement verbal. Les mesures militaires prises depuis des mois frappent
par leur aspect désordonné, contradictoire, et même chaotique. L’historien
Valéri Popov, reprenant la théorie stalinienne de la trahison et de la
cinquième colonne, en fait reporter toute la responsabilité sur l’état-major et
sur un corps de généraux, auxquels il prête gratuitement un éventuel mais « vacillant
espoir de "se débarrasser" des bolcheviks avec l’aide allemande [1051]  ».
    La liste des incohérences est impressionnante : les
vieilles fortifications construites sur l’ancienne frontière de 1929 à 1935
sont abandonnées, voire démantelées, la construction des nouvelles, le long de
la frontière récemment retracée, commence lentement et n’en couvrira en juin
que la moitié, avec des intervalles béants de 50 à 60 kilomètres. Lorsque
la guerre commencera, une partie des divisions destinées à couvrir la frontière
(comme la XIII e  armée) seront encore en cours de
formation ; les troupes de gardes-frontières, étirées sur des centaines de
kilomètres, n’ont pas été mises en état d’arrêter et même de freiner une
offensive sérieuse. L’armement antichar est déficient. Les munitions et les
obus restent entassés dans les entrepôts. Deux semaines avant l’invasion
allemande, l’état-major de la IV e  armée en Biélorussie ordonne
au commandant de la 22 e  division blindée de retirer les
munitions des chars et de les déposer dans les entrepôts.
    Certes, Staline ne saurait être tenu pour responsable direct
de chacune des mesures prises, mais il en porte la responsabilité générale par
l’atmosphère délétère qu’il a créée dans le haut commandement, par l’incompétence
de nombreux promus, par l’indécision au moins apparente de sa politique, dont
les tenants et aboutissants restent totalement ignorés des chefs militaires.
Staline leur dissimule, en effet, l’essentiel des informations. Il renforce en
revanche sa pression sur les vieux dirigeants. À la conférence nationale du
Parti du 17

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