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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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manifestement une petite
cervelle […]. Jamais l’Allemagne ne se lancera seule dans la guerre avec la
Russie. » Il se lève, sort, rouvre la porte et lance : « Si vous
irritez les Allemands à la frontière et mettez en mouvement les armées sans
notre autorisation, alors les têtes voleront, pensez-y », et il referme la
porte, plongeant les deux chefs militaires et le Bureau politique dans un
silence consterné [1074] .
Toujours certain que l’Allemagne ne se battra pas sur deux fronts, il martèle
le lendemain à Joukov et Timochenko : « Vous voulez décréter la
mobilisation, mettre tout de suite les armées en mouvement vers les frontières
occidentales ? Mais c’est la guerre ! Est-ce que vous comprenez ça,
tous les deux, oui ou non [1075]  ? »
Jdanov, d’accord avec lui et nullement inquiet, est parti prendre de paisibles
vacances à Sotchi.
    Le 16 juin, le chef de la première direction de la
Sécurité d’État (le NKGB), Fitine, rédige un rapport fondé sur les
renseignements fournis par ses deux agents à l’état-major de l’aviation et au
ministère de l’Industrie à Berlin : les préparatifs de l’invasion
allemande sont achevés ; l’attaque peut se produire à n’importe quel moment ;
il donne même le nom des hauts fonctionnaires nazis chargés de l’administration
économique des territoires occupés en URSS, dont ceux des régions de Moscou,
Kiev et du Caucase. Merkoulov, le commissaire à la Sécurité d’État, le transmet
le lendemain à Staline, qui note rageusement sur le rapport : « Vous
pouvez envoyez votre "source" de l’état-major de l’aviation allemande
se faire foutre. Ce n’est pas une source mais un désinformateur. I. St. [1076]  » Le même
jour, il convoque Fitine, l’interroge sur ses sources, puis lui déclare : « On
ne peut croire en aucun Allemand à l’exception de Wilhelm Pieck. C’est clair ? –
C’est clair, camarade Staline. –Allez, précisez tout cela, vérifiez encore
une fois ces renseignements, et faites-moi un rapport [1077] . » Fitine
n’en aura pas le temps.
    Même l’ambassadeur français à Moscou, Gaston Bergery,
prévient l’ambassadeur soviétique en France, Bogomolov, que « l’Allemagne
prépare la guerre contre l’URSS [1078]  ».
Le 19 juin, l’officier SS de la Gestapo Willy Lehmann, agent du NKVD, nom
de code Breitenbach, informe son agent-chef Jouravlev, conseiller de l’ambassade,
que l’Allemagne attaquera l’URSS le 22 juin après trois heures du matin.
Jouravlev informe le résident du NKVD, Koboulov, qui informe Dekanozov, autre
proche de Beria. Celui-ci remet sa note à Staline le 21, mais accuse Dekanozov
de semer la panique, le menace de le réduire en poussière et propose de le
rappeler à Moscou [1079] .
Beria est-il aveugle au point de menacer l’un de ses proches, qui sera plus
tard fusillé avec lui ? Sans doute pas, mais, en ces jours décisifs, l’entourage
de Staline continue ses intrigues de cour orientale.
    Le chef du service administratif du Conseil des commissaires
du peuple, Tchadaiev, raconte un incident significatif, fin mai, après la
réunion du Bureau du Conseil. Ce jour-là, il remet à Staline, pour signature,
le relevé de décisions qu’il vient d’écrire au propre. Staline s’assied, s’empare
du document et le lit. Soudain Beria s’approche de Tchadaiev, lui tend une
grande coupe pleine à ras bord de cognac arménien et lui dit : « À la
santé du camarade Staline, il faut vider le verre jusqu’au fond. »
Tchadaiev rechigne : il ne peut pas boire tant et ne supporte pas les
alcools forts. Toute l’assistance le regarde, Staline continue à lire. Beria
insiste : « À la santé du camarade Staline ! » Tchadaiev
reste immobile. Staline lève la tête et le fixe, les yeux plissés, sans dire un
mot. Tchadaiev, affolé, s’empare de la coupe, et crie : « À votre
santé, camarade Staline ! », la vide lentement, sous les regards
attentifs des autres, qui suivent des yeux la disparition du liquide. Staline
lève à nouveau les yeux sur Tchadaiev qui, rougissant, en sueur, la tête dans
un étau, les jambes molles, le dos ravagé de picotements de peur, saisit le
procès-verbal signé, repart dans son bureau, où il s’effondre. Beria a montré à
Staline sa dévotion… [1080]
    Le 20 juin, un agent de Bulgarie annonce l’attaque
allemande pour le 21 ou le 22. Richard Sorge, agent soviétique infiltré à

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