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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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l’Armée rouge dispose d’un armement
supérieur : si le nombre de canons et de mortiers est identique dans les
deux armées (39 000), elle aligne plus de 9 000 avions contre 4 400
pour la Luftwaffe, 11 000 tanks contre 4 000 panzers
allemands. Si les avions allemands sont supérieurs et la formation de leurs
pilotes bien meilleure, les tanks soviétiques valent les tanks allemands. Mais
de cette supériorité matérielle, il ne restera rien au bout de trois jours de
guerre, du fait de l’impréparation au conflit.
    Le résultat du choc est inévitable. Henry Kissinger
affirme : « Dans la direction des affaires internationales, Staline
était le réaliste par excellence, patient, perspicace et implacable, c’était le
Richelieu de son époque [1088] . »
Sa conduite hésitante et son incapacité à prendre une décision claire et nette
en 1940-1941 débouchent sur une catastrophe qui ne justifie guère ces éloges.

CHAPITRE XXVI
La débâcle
    Dans la nuit du 21 au 22 juin, à une heure du matin,
Vorochilov téléphone au général Pavlov, qui commande le front occidental, et
lui demande : « Alors comment ça va chez vous ? C’est tranquille ? »
Pavlov l’informe de vastes mouvements de troupes allemandes. Timochenko lui
transmet les consignes de Staline : « Calmez-vous et ne paniquez pas.
Réunissez à tout hasard votre état-major demain matin, peut-être qu’il se
passera quelque chose de désagréable, mais veillez à ne pas vous laisser aller
à la moindre provocation, et en cas de provocations isolées, téléphonez [1089] . » Pavlov
paiera de sa vie son obéissance à ces ordres.
    Deux heures et demie plus tard, la Luftwaffe bombarde les
villes et les aérodromes de Biélorussie et de Lituanie, d’où les avions
soviétiques, dépourvus d’appareillage de vol de nuit, ne peuvent décoller.
Alerté, Joukov téléphone au Kremlin. Le général Vlassik, chef de la garde
personnelle de Staline, décroche et répond : « Staline dort », puis,
abasourdi, réveille son maître. Trois minutes plus tard, Staline prend l’appareil.
Joukov lui explique la situation. Staline reste muet. Joukov n’entend que son
souffle lourd : « Vous avez compris [1090]  ? »
demande-t-il. À nouveau, le silence. Il demande des instructions. Staline le
convoque, avec Timochenko, au Kremlin où il réunit le Bureau politique. À
quatre heures et demie du matin, les deux chefs militaires y trouvent Staline,
blême, assis derrière son bureau, tournant entre ses doigts sa pipe vide. Joukov
lui expose la situation ; il demande s’il ne s’agit pas d’« une
provocation des généraux allemands ». Joukov objecte : ils bombardent
nos villes. Staline insiste : « S’il faut organiser une provocation,
les généraux allemands bombarderont même leurs propres villes… Hitler,
manifestement, ne sait rien de cela. » Il enjoint à Molotov de téléphoner
à l’ambassade d’Allemagne. Joukov et Timochenko veulent ordonner aux troupes
soviétiques de répondre à l’ennemi : « Attendons le retour de Molotov [1091]  », répond
Staline.
    Molotov reçoit Schulenburg à 5 h 30 ; dans
une tentative dérisoire pour arrêter l’offensive de la Wehrmacht, il plaide qu’aucune
concentration particulière de troupes de l’Armée rouge n’a été effectuée sur la
frontière avec l’Allemagne. Et d’ailleurs, le gouvernement allemand n’a jamais
présenté aucune réclamation au gouvernement soviétique. Schulenburg exprime son
abattement devant l’action de son propre gouvernement, contraint, dit-il, de
prendre des mesures militaires en réponse à la concentration des troupes
soviétiques. Cette notification verbale, supplie Molotov, n’est pas une
déclaration de guerre officielle ! Schulenburg dissipe cet ultime
espoir : la guerre a commencé.
    Lorsque Molotov revient l’annoncer, Staline, que Mikoian,
arrivé sur ces entrefaites, trouve accablé et ébranlé, répète plusieurs
fois : « Cette canaille de Ribbentrop m’a trompé [1092]  », puis il
se résout à passer aux actes. Bien que président du Conseil des commissaires du
peuple, il n’appose pourtant son nom au bas d’aucune des trois décisions prises
alors en toute hâte : le décret instaurant des tribunaux militaires, signé
Kalinine et Gorkine, la proclamation de la loi martiale dans les camps, signée
Beria, et la directive aux armées signée de Timochenko, Joukov et Malenkov :
cette dernière ordonne

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