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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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lignes six mois plus tôt. L’expérience de la guerre
infléchit son comportement : la dénonciation lui paraît – chez les
autres – un moyen trop facile d’échapper à ses responsabilités. Le 20 mai,
au bout de douze jours, la Wehrmacht s’empare de la Crimée : l’Armée rouge
a perdu 176 000 hommes, 347 tanks, 3 476 canons et
mortiers, et 400 avions. C’est un désastre. Staline limoge Mekhlis,
rétrogradé au simple rang de commissaire de corps, et rétrograde, du même coup,
les cinq généraux commandants en chef.
    Il n’a pas eu le temps de s’en remettre qu’une opération
dont il avait lui-même défini les modalités tourne au fiasco : le 12 mai,
les VI e et LVII e  armées ont lancé une offensive sur
Kharkov. Elle est bientôt enrayée, après un bref succès initial, par une
contre-attaque allemande. Timochenko propose alors de suspendre une offensive
aussi mal engagée. Staline refuse. Khrouchtchev, commissaire politique du
front, lui soumet au téléphone la même demande. Malenkov décroche le téléphone,
Staline refuse de le prendre en ligne et fait répondre qu’il ne faut rien
changer. Le 30 mai, les deux armées soviétiques sont encerclées et
anéanties : 230 000 hommes sont abattus ou faits prisonniers, 775 tanks
détruits, plus de 500 pièces d’artillerie et de mortiers tombent entre les
mains de l’ennemi. Staline répond par une désinformation grossière. Le 31 mai,
le Bureau soviétique d’information annonce que l’offensive soviétique
déclenchée dans la direction de Kharkov ne visait nullement à prendre la ville,
mais à prévenir une offensive allemande et que « la tâche essentielle
fixée par le commandement soviétique a été remplie ». Il transforme sur le
papier la défaite en victoire en multipliant par deux les pertes allemandes et
en divisant par deux celles des Soviétiques.
    Ces désastres répétés conduisent Staline à durcir encore les
mesures disciplinaires. Le 28 juillet 1942, il signe l’ordre 227,
lu dans toutes les unités de l’Armée rouge mais non publié. Face à l’avancée
allemande, écrit Staline, « une partie des troupes du front Sud, entraînée
par des paniquards, a abandonné Rostov et Novotcherkassk, sans résistance
sérieuse et sans ordre de Moscou, couvrant ainsi ses étendards de honte ».
Il dénonce la politique de la retraite stratégique et de la terre brûlée qu’il
prête à certains commandants de front « incompétents qui se consolent en
disant que nous pouvons continuer à reculer vers l’est, car nous avons un grand
territoire, beaucoup de terre, une population nombreuse, et que nous aurons
toujours du pain en abondance. De tels propos, faux et mensongers, ne profitent
qu’à nos ennemis ». Après avoir fait la liste des pertes en territoires et
en ressources, Staline conclut : « Reculer plus loin signifie périr
soi-même et faire périr notre patrie. » Il ordonne donc : « Plus
un pas en arrière ! Tel doit être maintenant notre mot d’ordre
principal ! » Puis il attribue les reculs aux « commandants, aux
commissaires, aux instructeurs politiques, dont les unités et les formations
abandonnent leurs positions […] aux paniquards […] qui entraînent les autres
combattants à reculer et à ouvrir le front à l’ennemi », et conclut :
« Les paniquards et les lâches doivent être exterminés sur place [1174] . » Staline
renouvelle sa décision de septembre 1941 sur la formation de détachements
de barrage, placés juste derrière les unités combattantes et qui auront pour
tâche, « en cas de panique et de recul désordonné des unités, de fusiller
sur place les paniquards et les lâches » en question.

CHAPITRE XXVII
Stalingrad
    Sur le front Sud-Ouest, sous un ciel de feu, dans une
poussière âcre, la Wehrmacht repousse inlassablement l’Armée rouge vers
Stalingrad, l’ancienne Tsaritsyne, énorme ville-champignon, dont les usines et
les quartiers ouvriers s’étendent le long de la Volga sur plus de 30 kilomètres.
Dans Les Tranchées de Stalingrad, l’ex-lieutenant Victor Nekrassov
évoque cette débâcle qui brasse, dans les hurlements des klaxons, camions et
fantassins à demi nus au milieu des roues, des radiateurs, des caisses de
voitures, des cadavres de chevaux gonflés, des arbres brisés et des voitures
renversées. Un soldat, accablé, énumère les catastrophes : « Plus d’Ukraine
ni de Kouban, donc plus de blé. Plus

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