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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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de Donbass, donc plus de charbon. Bakou
est coupé. Le Dnieprostroï ? Sauté. Des milliers d’usines aux mains des
Allemands […]. La ligne de communication de la Volga est pratiquement coupée.
Vous vous rendez compte du chemin que doit maintenant faire le pétrole de Bakou [1175]  ? »
    Staline appelle au secours les Alliés, qui l’abreuvent de
belles paroles. Il se fâche et sermonne Churchill, le 23 juillet 1942 :
« Le gouvernement soviétique ne peut accepter de voir repousser jusqu’en
1943 l’ouverture d’un second front en Europe [1176] . » La
situation de l’Armée rouge, qui recule sur le Caucase et la Volga, est, en
effet, désespérée. Mais les Alliés le font lanterner à leur guise. Et son ton « catégorique »
n’y change rien. Churchill vient à Moscou le 12 août 1942. Berejkov,
entrant dans le bureau de Staline, entend sa dernière phrase à Molotov : « Il
ne faut rien attendre de bon de cette rencontre [1177] . » Staline
déploie pourtant toutes les ressources d’une séduction à usage externe. Brutal
avec les siens, il peut, selon Berejkov, « déployer un talent de
persuasion réservé aux étrangers […]. Il savait séduire ses interlocuteurs. C’était
manifestement un grand acteur et il était capable de se fabriquer une image d’homme
charmant, modeste, même un peu simple [1178]  ».
Churchill le félicite pour la brillante conduite de l’Armée rouge. Staline
insiste sur le caractère dramatique de la situation et ne peut « assurer que
les Russes pourront résister à la nouvelle pression des Allemands ».
Churchill le rassure : faute d’aviation assez puissante, « les
Allemands ne pourront engager une nouvelle offensive sur la ligne de Voronej [1179]  ». Staline
se plaint de l’étirement du front qu’Hitler peut tenter d’enfoncer.
    Staline a noirci en vain la situation, car Churchill aborde
de lui-même la question du second front en Europe, pour en nier d’emblée la
possibilité cette année. Mais, dit-il, on peut en ouvrir un ailleurs. Il évoque
alors « les préparatifs d’une opération de grande envergure en 1943 »,
qui sera une fois de plus repoussée. Les troupes anglaises, ajoute-t-il, ne
sont pas prêtes au combat. Seule l’épreuve du feu aguerrit et trempe une armée,
rétorque Staline, qui souligne que l’Angleterre n’a pas bougé pour secourir la
Pologne ni réagi à l’annexion du Danemark et de la Norvège par Hitler. L’exposé
par Churchill des plans de débarquement des troupes américaines et anglaises en
Afrique du Nord détend un peu l’atmosphère. Staline y décèle même quelques
aspects positifs, mais l’amertume engendrée par le refus du débarquement en
France domine toute la fin de la conversation [1180] . Même le
banquet offert à Churchill, qui, méfiant, s’était gavé de sandwiches
britanniques dans son avion, ne déride pas les deux hommes. Staline défie au
vin et à la vodka le grand buveur anglais. Le maréchal de l’armée de l’air,
Golovanov, suit ce match avec inquiétude. À la fin du festin, lorsque la
délégation britannique entraîne Churchill vers sa chambre, Staline se retourne
vers Golovanov et grommelle : « Pourquoi me regardes-tu comme ça ?
Ne crains rien, je ne vais pas dissoudre la Russie dans l’alcool, mais lui,
demain, il va se démener comme un diable dans un bénitier [1181] . »
    Le 23 août 1942, au moment où l’Armée rouge recule
vers le Caucase, Beria a créé un réseau de camps spéciaux visant à démasquer
parmi les prisonniers « les déserteurs, les espions et autres éléments
douteux parmi les soldats des divisions de l’Armée rouge […], qui reculent […]
les arrêter […] constituer sur eux un dossier sous forme réglementaire et les
transférer à la justice ». Tous ceux qui reculent sont suspects. Les
soldats blanchis par l’enquête sont immédiatement renvoyés au front. En
moyenne, un sur trois est déclaré coupable. Staline confirmera l’existence de
ces camps spéciaux de filtrage par une nouvelle décision du gouvernement du 24 janvier 1944.
Ils accueilleront alors tous les soldats soviétiques capturés par les
Allemands, qui seront soumis à un contrôle très sévère, surtout pour les
officiers et sous-officiers.
    Le 23 août, les avions de la Luftwaffe, par vagues
successives, lâchent sur Stalingrad des milliers de bombes incendiaires qui
volatilisent les murs en briques et les toits des usines, font flamber

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