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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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fleuve.
    Joukov et Vassilevski élaborent le plan d’une contre-offensive
dite opération Uranus, que Staline confirme. C’est à cette date que Vassilevski
fait remonter le changement qu’il a remarqué dans sa conduite de la
guerre : Staline ne cherche plus systématiquement à tout vérifier dans le
détail, à tout décider et à piétiner les généraux. Le 8 novembre, Hitler,
dans son discours annuel de Munich, annonce à un parterre de dignitaires nazis
enflammés que ses troupes ont pris une localité qu’il ne nomme pas, située sur « la
Volga en un point déterminé, une ville déterminée, équipée d’un gigantesque
port de transit. Je voulais l’avoir et savez-vous ? nous l’avons [1183]  ».
Hitler-le-superstitieux a eu raison de ne pas nommer la ville. Le 22 novembre 1942,
en effet, l’Armée rouge encercle à Stalingrad les 300 000 hommes de
von Paulus. C’est le commencement de la fin. La Luftwaffe prétend ravitailler
les soldats allemands par un pont aérien, mais la DCA soviétique abat ses
avions comme des moineaux : elle en descend 264 en décembre, soit près de
dix par jour en moyenne. Les soldats allemands affamés, rongés de poux, sans
abris, sans bois pour se chauffer, sans bottes, et bientôt sans armes, pilonnés
par l’artillerie soviétique, forment peu à peu une armée de fantômes qu’Hitler,
à grand renfort de proclamations, invite, de son bunker, à l’héroïsme et au
sacrifice.
    Les tâches militaires n’empêchent pas Staline de suivre d’un
œil attentif, quoique intermittent, la politique intérieure jusque dans les
petits détails. Ainsi, il reçoit au milieu de janvier 1943 un exemplaire
de La Poésie soviétique russe (anthologie 1917- 1942). Après examen, il
en ordonne le pilonnage intégral ; aucun exemplaire n’échappera à la
destruction. Staline a biffé quatre vers d’un poème de Pasternak sur Lénine et
deux vers de « La Russie » de Selvinski : « Oh Russie j’aime
tes oiseaux / Tes freux, raisonnables comme des paysans [1184] . »
    Comparer les paysans soviétiques à des freux est apparemment
une insulte. Staline fait rééditer le volume avec les coupures voulues.
Disparaissent également quatre poèmes – dont un consacré au slogan : « Pour
la patrie ! Pour Staline ! », un chant de gloire en son honneur –
et la préface de l’ouvrage, où Staline était cité quatre fois et célébré en
tant que thème poétique [1185] .
Ce souci du contrôle absolu de toute la vie intellectuelle soviétique, pour l’instant
subordonné aux exigences de la guerre, connaîtra son plein essor dès 1946.
    Au printemps 1942, Staline réfléchit déjà à des mesures
en faveur de la caste militaire. Il convoque Khroulev et lui demande de faire
dessiner un projet d’uniforme spécial à l’usage des régiments de la garde, qu’il
se propose de reconstituer ; cet uniforme comportera des épaulettes. Un
jour il s’interroge : de quoi auront l’air ceux des autres régiments qui n’en
auront pas ? Pendant toute la seconde moitié de 1942, Khroulev – le
chef du front de l’arrière, c’est-à-dire des troupes de réserve, chargé, donc,
de tâches urgentes multiples – élabore trois projets successifs de modèles
d’épaulettes différents pour les simples soldats, les officiers et les généraux –
et adaptés aux différents types d’armées ! Staline y apporte corrections
sur corrections, au point de persuader Khroulev qu’il cherche à différer la
décision le plus longtemps possible.
    Le 2 octobre, il supprime le corps des commissaires
politiques, haï des gradés. En novembre, il crée pour les officiers les ordres
de Souvorov, Koutouzov – fameux généraux tsaristes – et Alexandre
Nevski. Pour les officiers ukrainiens, il crée l’ordre de Bogdan Khmelnitski, l’ancien
ataman cosaque du XVII e  siècle, pro-russe et grand massacreur
de juifs. Il crée neuf écoles Souvorov de cadets qui copient celles de l’Ancien
Régime ; on y apprend aux élèves officiers le culte de l’honneur
militaire, les bonnes manières, et même la mazurka…
    Au tout début de janvier, Khroulev insiste pour recevoir une
réponse sur ses projets d’épaulettes et d’uniformes. Staline fait apporter les
modèles, les regarde, convoque Kalinine et les lui montre en ajoutant, pour
dégager sa responsabilité : « Camarade Kalinine, Khroulev nous
propose de restaurer l’Ancien Régime. » Kalinine examine les

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