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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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indisposé tout le monde. « Pourtant,
poursuit le procès-verbal, Staline avait été agent [sic] du Comité central en
1912 et il serait souhaitable de l’inclure dans le bureau [212] . » Ce
compromis lui conteste même sa qualité de membre du Comité central oubliée de
tous. Quoi qu’il en soit, Staline, peu enclin à se laisser faire, redresse vite
la situation : trois jours plus tard, il est coopté membre à part entière
du bureau, élu à son présidium et désigné avec Kamenev au comité exécutif
central du soviet de Petrograd. Ce même 15 mars, paraît le premier numéro
de la Pravda passée sous le contrôle des trois exilés.
    Staline se trouve dans une position nouvelle pour lui. Jusqu’à
son exil, il avait appliqué la politique de Lénine, en renâclant parfois mais
sans avoir jamais eu à fixer lui-même une orientation, à analyser une situation
politique, à déterminer une stratégie et une tactique, et à les traduire en
mots d’ordre. Il avait eu le statut, selon Volkogonov, d’un « bon
exécutant [213]  ».
Rien de plus. C’est d’ailleurs, jusqu’en 1917, le statut auquel Lénine
réduisait ses proches. Brusquement plongé dans un tourbillon révolutionnaire où
les événements s’accélèrent à une vitesse prodigieuse, incapable de proposer
une orientation, il applique alors la politique de Kamenev, enivré, quant à
lui, par la victoire de la démocratie…
    Pendant les dix-neuf jours qui séparent leur arrivée à
Petrograd du retour de Lénine, Staline et Kamenev sont les véritables
dirigeants du journal et du Parti. Considérant la révolution en cours comme « démocratique-bourgeoise »,
destinée à liquider les résidus du régime féodalo-patriarcal pour ouvrir la
voie au développement du capitalisme et à un régime parlementaire, et donc
légitimement dirigée par le gouvernement du prince Lvov, ils apportent, comme
les dirigeants des autres partis socialistes (mencheviks et SR), un soutien
critique au gouvernement, « dans la mesure où il lutte contre la réaction
et la contre-révolution » : il faut, pensent-ils, continuer la guerre
qui a paralysé le pays et disloqué le régime monarchique pour défendre les
conquêtes de la révolution, tout en appelant les belligérants à faire la paix.
La fille de Staline dira plus tard naïvement : au début, mon père n’était
pas pour la révolution, mais « on » a effacé sa position de l’histoire [214] . Le « on »
qu’elle emploie ici est curieux puisque c’est lui qui procédera à ce toilettage
de son attitude du printemps 1917…
    La Pravda de Kamenev et Staline adopte donc la même
position que les autres partis socialistes. Chliapnikov, mis à l’écart par le
trio des revenus, note dans ses souvenirs : « Le jour de la parution
de la Pravda transformée… tout le palais de Tauride [siège du
Gouvernement provisoire] résonnait d’une seule nouvelle : la victoire des
bolcheviks prudents et modérés sur les bolcheviks extrêmes [215] . » Dans les
usines de Petrograd, en revanche, certains militants désorientés réclament l’exclusion
des trois exilés. La tempête secoue le Comité central. Staline se démarque
alors vaguement de Kamenev et de Mouranov en leur reprochant des formulations
maladroites, mais s’affirme favorable à l’unité organique avec les mencheviks.
Mieux vaut être unis que divisés pour apporter un soutien critique et combatif
au Gouvernement provisoire. Bolcheviks et mencheviks étant d’accord, ils n’ont
aucune raison de rester séparés. Puisque les uns et les autres prônent la même
politique, autant fusionner.
    De Suisse, Lénine, que les Alliés ne veulent pas laisser
rentrer en Russie, prend le contre-pied de cette politique et abreuve les
dirigeants bolcheviks en Russie de télégrammes et de lettres. Il martèle :
« Notre tactique : méfiance absolue, aucun soutien nouveau
gouvernement, soupçonnons surtout Kerenski […] aucun rapprochement autres
partis [216] . »
Il adresse à la Pravda quatre « lettres de loin ». Staline
imprime la première en en coupant un cinquième. Il classe les trois autres aux
archives, sans les publier, avec l’accord de Kamenev. Trop prudent pour le dire
ou l’écrire, il pense que Lénine, exilé, éloigné des événements, ne comprend
pas la situation.
    À Petrograd et dans les grandes villes, les lendemains de la
révolution suscitent une liesse bientôt mêlée d’inquiétude : la

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