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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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capitale
est un immense meeting permanent suivi par des soldats qui abandonnent leurs
casernes, des ouvriers et des domestiques qui délaissent leurs patrons,
épinglent un ruban rouge à leur chapeau et courent de bornes de carrefour en
salles de réunion pour saisir le sens de ce mot mystérieux : révolution.
Dans les usines, les ouvriers réclament des augmentations de salaires, le
contrôle des comptes, la journée de huit heures ; au loin, la guerre continue,
même si l’état-major allemand ne montre aucun zèle offensif…
    Le 27 mars, la Conférence nationale du parti bolchevik
se réunit à Petrograd. Staline, désigné peu avant au Comité exécutif central
des soviets par le Comité central bolchevik, présente le rapport politique,
fondé sur l’idée d’un partage des rôles ou d’une division du travail entre le
soviet et le Gouvernement provisoire. « Le Soviet a pris en fait l’initiative
des transformations révolutionnaires, […] il contrôle le Gouvernement provisoire
[…]. Le Soviet mobilise les forces, contrôle ; le Gouvernement provisoire,
en trébuchant, en s’embrouillant, prend le rôle de consolidateur des conquêtes
du peuple que ce dernier a en réalité déjà faites [217] . » Certains
bolcheviks, qu’il invente peut-être pour les besoins de sa démonstration,
voudraient poser tout de suite le problème du pouvoir : « Ce serait
inopportun », car « le Gouvernement provisoire n’est pas si faible
que cela. Sa force repose sur le soutien que lui apporte le capital
franco-anglais, sur l’inertie de la province, et sur les sympathies qu’il
évellle [218]  ».
Comment un gouvernement dont la force repose sur le capital franco-anglais
belliciste peut-il consolider les victoires de la révolution ? Staline
esquive la question et donc la réponse, et affirme simplement qu’il ne faut pas
« forcer les événements [219]  ».
C’est avec ce maigre viatique que les militants repartent chez eux.
    Conséquent avec son analyse, Staline s’affirme, le 1 er  avril,
favorable à la réunification avec les mencheviks, et ajoute : « Il ne
faut pas devancer ni anticiper les désaccords. Sans désaccords, il n’y a pas de
vie dans un parti ; à l’intérieur du Parti, nous réglerons les petits
désaccords [220] . »
Considérant la fusion comme étant quasiment un état de fait, il propose, pour l’officialiser,
de ne pas soumettre de plate-forme bolchevique à la discussion qui partira donc
de celle des mencheviks. Rien à rédiger, pas de trace écrite de projet de
programme, est-ce paresse ou prudence, ou les deux ? C’est lui qui
présente la motion en faveur de l’unification, adoptée par 14 voix contre
13, à la conférence qui le nomme à la tête de la délégation bolchevique chargée
d’en négocier les conditions.
    Les dirigeants du soviet espèrent faire accepter la guerre à
un peuple qui n’en veut plus en proposant une paix démocratique, que les
Allemands refuseraient, et en s’affirmant contraints de se battre après ce
refus. Quant aux Alliés, ils ne veulent pas entendre parler de paix, ni de
négociations, sans victoire préalable. La guerre continue donc et ruine le
pays, paralyse la production et les transports, disloque l’armée.
    À l’entente dans les sommets de la vie politique s’oppose
vite le mouvement qui soulève soldats, ouvriers et paysans. Ces derniers
commencent à s’emparer des terres. Le Gouvernement provisoire ordonne de
réprimer par la force ces saisies. Le patronat répond aux demandes d’augmentation
de salaires ou aux tentatives de contrôle ouvrier en fermant les entreprises ;
75 entreprises sont ainsi fermées à Petrograd en mars et en avril, soit
plus de 10 % du total. Les ouvriers réagissent en constituant des comités
d’usine. La polarisation sociale à la base répond ainsi à la coalition
politique au sommet, annonçant une nouvelle étape de la révolution.
    Le 3 avril au soir, Lénine, passé par l’Allemagne et la
Suède, arrive à la frontière finlandaise. Il est accueilli par une délégation
du parti bolchevik. Staline, prudent, n’est pas là ; il échappe ainsi aux
remontrances de Lénine qui, dans le train, apostrophe avec irritation Kamenev
sur le contenu de la Pravda. Arrivé à la gare de Finlande à Petrograd,
il lance à la foule des militants où se trouve Staline : « L’aube de
la révolution mondiale luit […]. Vive la révolution socialiste [221]  ! »
(sous

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