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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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mesures empiriques pour tenir face à la vague montante du désordre, de la
faim et de la contre-révolution naissante. La Russie soviétique bouillonne de
complots multiples encouragés par les ambassades alliées. Ils sont souvent
artisanaux, embryonnaires ou mort-nés, mais réels, et ceux qui les ourdissent
partagent l’opinion de l’assassin de Raspoutine, le monarchiste
Pourichkievitch, dans une lettre à Kaledine : « Le pouvoir est aux
mains d’une plèbe criminelle qu’on ne mettra à la raison que par des exécutions
et des pendaisons publiques [274] . »
L’ancien adjoint de Kerenski, Boris Savinkov, fonde l’Union pour la défense de
la patrie et de la liberté dans le but de préparer une demi-douzaine d’insurrections.
Ce bruissement permanent de complots bien réels façonne la mentalité de
Staline.
    Les fonctionnaires de la Banque d’État refusent toujours de
fournir de l’argent au nouveau gouvernement, et même de lui ouvrir un compte, l’empêchant
ainsi de payer les employés de l’État. Ils règlent en revanche leurs émoluments
aux dignitaires déchus du Gouvernement provisoire et décident, début décembre,
la grève générale. En réaction, un décret du 7 décembre crée la Tcheka
(Commission extraordinaire de lutte contre le sabotage et la
contre-révolution), dont la direction est confiée à Félix Dzerjinski, fils de
hobereaux polonais, adhérent du parti bolchevik depuis mars 1917, homme
entier, rigide, inflexible et passionné qui a, d’un bout à l’autre, soutenu
Lénine dans sa volonté d’imposer l’insurrection à une direction bolchevique
réticente ; une semaine plus tard, un décret nationalise les banques.
    C’est donc en plein chaos que le gouvernement tente de
mettre en œuvre le décret sur la paix. Après avoir lancé à tous les
belligérants un appel à ouvrir des pourparlers, auquel les gouvernements alliés
ne répondent pas, il signe à Brest-Litovsk, le 22 novembre, une trêve de
trois semaines avec les états-majors autrichien et allemand. Les négociations s’y
ouvrent le 9 décembre. Les bolcheviks, partisans depuis le début du
conflit mondial d’une paix sans annexions ni réparations, se trouvent dans une
situation délicate. L’Allemagne et l’Autriche, jouant sur la débandade de l’armée
russe, prétendent en effet dicter leurs conditions et annexer la Pologne ainsi
que les pays baltes. C’est pourquoi les bolcheviks sont convaincus que la
révolution russe n’échappera à l’asphyxie que si le prolétariat occidental
(allemand au premier chef) se soulève et prend le pouvoir. Dans l’immédiat,
céder aux exigences allemandes revient à accréditer la campagne déchaînée à l’Ouest
sur la prétendue entente secrète entre les bolcheviks et le Kaiser. Avec, pour
conséquence, l’affaiblissement de l’agitation qui mûrit en Allemagne et en
Autriche.
    Les exigences allemandes suscitent un vif débat au sein du
parti bolchevik, dont la direction est divisée en trois tendances :
Lénine, constatant que la vieille armée se meurt, que la nouvelle n’est qu’embryonnaire,
comme la révolution en Allemagne, et que le pouvoir des soviets n’a aucun moyen
de se battre, juge nécessaire de signer la paix aux conditions allemandes pour
éviter l’écrasement militaire ; Boukharine et les communistes de gauche,
pour qui « signer la paix impérialiste, infâme », c’est se déshonorer
et trahir, prônent, ainsi que les SR de gauche, la « guerre
révolutionnaire de partisans contre l’impérialisme allemand » ;
Trotsky veut faire traîner les négociations en longueur, le temps de démonter
la campagne antibolchevique et de développer la propagande auprès des
travailleurs des pays en guerre : il propose en définitive de refuser de
signer tout en démobilisant une armée qui n’en peut plus, de proclamer en un
mot « ni guerre ni paix ». Il réussit un moment à convaincre.
    Le 5 janvier, l’Assemblée constituante ouvre ses
travaux. Les députés socialistes-révolutionnaires de droite, majoritaires, se
réunissent auparavant sous la présidence du maire de Moscou, Roudnev,
responsable de la fusillade de près de 300 ouvriers et gardes rouges,
malgré et pendant la trêve à Moscou, le 28 octobre 1917.
    La séance de l’Assemblée tient du spectacle de cirque. Après
un concert de sifflets et de hurlements venus de la gauche, et un début de
bagarre, l’Assemblée élit comme président le SR

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