Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Stefan Zweig

Stefan Zweig

Titel: Stefan Zweig Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Bona
Vom Netzwerk:
au premier plan au soleil, naïf et pur, mais sous la menace d’une ombre. Encore lointaine, elle semble fondre, inéluctable, par-delà les blés, sur son destin.
     

    Citoyen du monde entier
     
    La bohème n’est pas la vocation de Stefan Zweig. Il cherche encore le chemin de sa liberté. Pressé d’en finir avec ses études, qui n’auront été pour lui qu’un « bachotage assommant », il rentre à Vienne pour passer sa thèse sur Hippolyte Taine – printemps 1904 –, obtenir le titre prestigieux dont rêvaient pour lui ses parents – le voici Herr Doktor , docteur en philosophie –, régler quelques affaires et s’assurer d’un pied-à-terre. Il installe bientôt en face du Schönborner Park, dans le huitième arrondissement, un petit appartement, 8 Kochgasse, qu’il meuble d’un lit, d’un bureau et de chaises et des non moins indispensables compagnons de sa vie, les livres (innombrables), les tableaux et les manuscrits des grands auteurs qu’il collectionne. Puis il fait ses bagages et, comme il n’a pas besoin de travailler – il sera toute sa vie rentier –, il part en voyage.
     
    Silhouette familière de toutes les gares de l’Europe, amoureux des chemins de fer, il ne tient pas en place. En 1902, en Belgique, il visite Bruxelles, Bruges, Ostende et Blankenberghe et accomplit son premier voyage à Paris. En 1903, il est en Italie, à l’île bretonne de Bréhat et encore à Paris ; en 1904 et 1905 à nouveau en France, à Paris, sur la Côte d’Azur, en Espagne, en Algérie, au sud du Tyrol, à Florence ; en 1906, à Paris puis à Londres. Ici et ailleurs, il ne se sent bien qu’en transit, à l’hôtel ou dans un meublé, entre deux valises – jamais plus –, ne jamais s’encombrer de bagages. Nulle part, il ne s’installe : Stefan Zweig va et vient à la manière d’un nomade. Il bouge, ne craignant qu’une chose, se fixer. Le mot est pour lui synonyme de se fossiliser.
     
    A l’origine de ce mouvement incessant, deux éléments. Habité par le démon de la curiosité, Zweig veut voir, apprendre et rencontrer, jamais satisfait de ce qu’il connaît, de ce qui lui est familier, il porte en lui la soif des découvertes. Ouvrir et découvrir sont les moteurs de sa personnalité, dans son insatiable quête du monde, des autres et de soi. Le second élément est cette part obscure d’inquiétude qui le ronge en permanence et qu’il tente de fuir aux quatre coins du globe. Comme s’il était possible, en partant, de suspendre ses souffrances, de les distraire de leur cause ingouvernable. Dans son journal, il se plaint de cette « inquiétude intérieure déjà intolérable » qui ne le laisse jamais en paix et justifie son goût incessant des départs. Zweig voyage autant pour connaître et apprendre que pour se fuir lui-même, dans le mirage des changements d’horizons.
     
    En Europe, à vingt ans, il est allé partout mais il continuera inlassablement, toujours curieux et toujours émerveillé, de sillonner d’est en ouest et du nord au sud ce continent qui est pour lui sa vraie patrie. Il ne se contente pas d’une fois. Il aime venir et découvrir, mais plus encore revenir et approfondir. Dans le kaléidoscope des paysages européens, il a très tôt ses préférences : Paris est la ville qu’il chérit, ce « Paris à l’âme ailée et qui vous donnait des ailes, ce Paris de ma jeunesse », ainsi qu’il l’écrit joliment. La première fois qu’il y est venu, encore étudiant, il s’est assis à la place qu’occupait Verlaine au bistrot où il consommait l’absinthe : il a visité le café Vachette avant Versailles et le Louvre. Son voyage était un pèlerinage auprès du poète français, le plus grand dans son cœur. Comme il ne se contente pas de passer en jeune homme pressé, mais aime prendre ses habitudes et se fondre dans l’atmosphère d’une ville, il loue des chambres dans les quartiers qui le font rêver et correspondent à ses goûts d’esthète. Il loge sur les jardins du Palais-Royal ou tout près du Luxembourg, puis rive droite, plus au calme, rue Victor-Massé. Il passe ses après-midi à marcher dans les quartiers à la manière dont Aragon décrira un jour son paysan de Paris. Il s’enchante de tout, apprécie la liberté qui est dans l’air de la ville, hante les quais de la Seine à la recherche d’éditions rares ou d’autographes inédits. Il flâne et quand il est fatigué, il jette l’ancre à la Bibliothèque

Weitere Kostenlose Bücher