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Stefan Zweig

Stefan Zweig

Titel: Stefan Zweig Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Bona
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nationale, un des endroits où on sait bientôt le trouver.
     
    Ce Viennois, grandi sur les bords du Danube, et dont tous les livres se passeront dans les brouillards et le frimas de son Autriche natale ou de sa voisine allemande, a le culte du soleil. Le climat du Midi est celui qu’il préfère et il choisit souvent ses étapes en fonction de la couleur du ciel. S’il vient à Paris toujours avec bonheur, il le dit clairement : il déteste Londres à cause du crachin et de « ce ciel sombre qui me serre le cœur comme un anneau de plomb ». Enfermé dans une pension de famille de Kensington Gardens Square, cloîtré au British Museum, il ne réussira pas à s’intégrer à la vie londonienne et ne sera séduit qu’au-dehors, à Oxford puis par les splendeurs de l’Ecosse qui lui font oublier son malaise et sa mélancolie. Sensible aux douceurs du printemps, il choisit les saisons les plus exquises, au Portugal comme en Italie. Sans aucun chauvinisme, il se dit plus heureux au sud qu’au nord : frileux, Stefan Zweig cherche la chaleur, rêveur et angoissé, la clarté qui se dérobe. S’il n’était pas si contradictoire au fond de lui-même, il est probable qu’il habiterait le Sud – comme Lawrence Durrell la Grèce ou Pierre Louÿs l’Espagne ou l’Algérie. Mais quand son corps prend tant de plaisir au soleil et aux vents d’été, son imaginaire a besoin de la pluie, de la brume, de la grisaille et des tempêtes qu’il fuit dans la vie, mais qui n’en forment pas moins le décor incontournable de son univers d’artiste. Le pays de son enfance demeurera celui de tous ses livres.
     
    Sa vie intérieure l’enracine plus qu’il ne le croit. Il voudrait s’affranchir des limites de son état civil, se donner d’autres ancrages, mais quelque chose en lui reste indéfectiblement viennois.
     
    Il ne sillonne pas seulement l’Europe. Dès 1907, il agrandit encore l’espace de ses échappées. De Prague à la Sardaigne, et de Berlin à Rome ou à la Corse, le continent ne lui paraît plus assez grand. Il entend s’initier au monde entier. Comme il a tout le temps devant lui, il consacre des mois entiers à ses voyages. Il visite les Indes, puis l’Amérique. De novembre 1908 à avril 1909, il est à Ceylan, à Madras, à Agra, à Calcutta, à Bénarès, à Rangoon, dans l’Iraouaddy et jusqu’en Indochine. 1911 le trouve dans le Nouveau Monde, il visite l’est des Etats-Unis, New York, Philadelphie, il séjourne aux Antilles, à Cuba, à la Jamaïque et à Porto Rico, puis remonte vers le Canada où il passe plusieurs semaines avant de redescendre au Panama où le canal est en construction. « Le monde entier est ma patrie. Je sens que je ne pourrais pas mourir sans avoir connu toute la terre », écrit-il en 1909 à Ellen Kay, une amie suédoise.
     
    La curiosité est son point fort. Mais nulle part il ne se sent mieux qu’en Europe, et ni l’Inde ni l’Amérique ne le convaincront jamais d’habiter ailleurs que ce continent qui est le sien, où il a puisé ses racines. De sa soutenance de thèse à la Première Guerre mondiale, de 1904 à 1914, il appellera ces dix années de sa jeunesse ses Wanderjahre , ses années d’errance. Mais, tout en revenant là où il est vraiment lui-même, un Européen, il continuera toujours de nomadiser d’un continent à l’autre et restera, toute sa vie, l’homme insatiable de voir et de connaître.
     
    Ses voyages ne l’empêchent pas d’écrire. Se consacrant à traduire les auteurs qu’il admire et qui lui semblent tellement plus grands, plus importants que lui, dès 1902, il s’est attaqué à Verlaine. Une préface de quinze pages précède l’édition chez Schuster und Loeffler et sera publiée séparément, en monographie : Paul Verlaine est sa première et lumineuse tentative, une sorte de baptême de l’air, sur le chemin de la biographie. S’il a, quant à lui, renoncé aux poèmes, Zweig n’a pas renoncé à la prose. Il rédige quatre nouvelles qu’il publie en 1904 sous le titre L’Amour d’Erika Ewald . La dernière, Die Wunder des Lebens (Les Merveilles de la vie), reflète l’état de son cœur : il y a en Zweig une puissance d’émerveillement qui ne demande qu’à s’assouvir. L’enthousiasme est sa première vertu. Jamais blasé ni morose, en perpétuel état d’étonnement, toujours prêt à admirer, il se dépense sans compter pour faire partager ses passions. Il n’écrira jamais contre, mais

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