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Suite italienne

Suite italienne

Titel: Suite italienne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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agréable. Naturellement, il apprit tout de suite qu’on allait le faire duc, Il n’y avait donc aucun empêchement à la remise de la fameuse bulle et, sitôt achevées les fêtes de Noël,
    Louis XII, dont l’épouse légitime, Jeanne de France, était depuis beau temps reléguée dans un couvent après avoir subi un scandaleux procès en non-consommation de mariage, se hâtait d’épouser, dans les premiers jours de janvier 1499, la veuve de son prédécesseur.
    César, qui étrennait sa couronne ducale toute neuve et avait même reçu en prime le comté de Die, fut de la noce, dansa, festoya, courut les filles, et déclara que la France était certes le plus merveilleux pays du monde. Mais il ne manqua pas de rappeler au nouveau marié qu’il entendait bien célébrer prochainement ses noces à lui, avec une princesse « de sang royal ». Seulement, la chose était plus facile à réclamer qu’à réaliser.
    D’abord, les princesses royales à marier ne couraient pas les rues, même celles de Chinon. En fait, il n’y en avait guère que deux, parmi les demoiselles de la nouvelle reine Anne, d’ailleurs toutes deux prénommées Charlotte : Charlotte d’Aragon, fille du roi de Naples – mais fille légitime celle-là –, et Charlotte d’Albret, fille du défunt roi de Navarre et nièce du régent Alain d’Albret.
    Évidemment, les goûts du pape se tournaient plutôt vers la Napolitaine étant donné les bonnes relations qu’il s’efforçait de garder avec sa parenté, mais avec elle, les choses furent vite réglées : Charlotte d’Aragon éclata tout uniment de rire au nez du roi quand il lui proposa d’épouser César :
    — Moi, épouser cet homme ? Jamais !
    — Mais pourquoi ? Il est jeune, aimable, séduisant, fort riche, il peut plaire.
    — Pas à moi, Sire ! Ni d’ailleurs à aucune fille véritablement royale. En ce qui me concerne, je ne me soucie pas que l’on m’appelle « la Cardinale »… et je crois que je ne suis pas seule de cet avis.
    Ce que la jeune fille ne dit pas, c’est qu’elle avait une autre bonne raison de refuser César : elle aimait profondément le jeune Guy de Laval, qui le lui rendait bien.
    On se tourna donc vers la seconde Charlotte, mais cette fois, pour être bien certain de ne pas entendre le même son de cloche, Louis XII, que cette histoire de mariage commençait à ennuyer, envoya un ambassadeur auprès d’Alain d’Albret afin d’apprendre de quel œil il verrait le mariage de sa nièce avec le fils du pape.
    La réponse se fit quelque peu attendre. Si écartée des grands courants politiques que fût la Navarre, on n'y tenait tout de même au courant, et la détestable réputation de César était parvenue jusque-là. Pas plus qu’un autre, Alain d’Albret n’envisageait joyeusement de voir sa nièce épouser un ancien prêtre, fils de prêtre, Soupçonné par-dessus le marché d’avoir assassiné son frère et d’être l’amant de sa sœur.
    Mais depuis la montée au pouvoir des souverains catholiques, la Navarre, coincée entre la France et l’Espagne, ne pouvait plus guère se montrer difficile. Le pape promettait de l’or, beaucoup d’or, pour ce mariage, et Alain d’Albret avait besoin d’or autant qu’un autre. Il finit, non sans soupirer, par donner son consentement, mais à la condition expresse que la jeune fille fût d’accord, et d’accord sans contrainte.
    — Si Charlotte accepte, mon consentement lui est acquis.
    Ce n’était donc qu’une demi-victoire pour César. Restait à convaincre la jeune fille et rien n’indiquait que ce pourrait être facile.
    Le lendemain du jour où un messager vint apporter à Chinon la réponse du régent de Navarre, un autre cavalier, couvert de poussière, mettait pied à terre devant le portail du nouveau couvent de l’Annonciade à Bourges. L’heure était tardive et il lui fallut attendre longtemps avant que la figure effarée d’une nonne apparût au guichet.
    — De par le roi ! dit l’homme. Un message urgent pour Son Altesse royale, Madame la duchesse de Berry.
    L’homme portait sur la poitrine les fleurs de lys royales et la tourière, sans discuter, s’en alla prévenir la maîtresse du couvent, Madame Jeanne de France, reine répudiée, à qui son époux avait accordé ce titre de duchesse de Berry. Un moment plus tard, le messager pliait le genou devant une femme laide et contrefaite, mais dont le clair regard était bleu et pur comme un ciel

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