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Suite italienne

Suite italienne

Titel: Suite italienne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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sur la terre.
    C’était une très jeune femme… une jeune fille plutôt, et si blonde, si claire, si belle qu’elle en était lumineuse. L’or de ses lourdes tresses luttait d’éclat avec ses yeux immenses, noirs et veloutés. Son corps mince, souple et long, avait une grâce inimitable et son visage délicat, au petit nez légèrement retroussé, aux lèvres tendres, était un poème d’harmonie et de charme spirituel. Une robe d’un blanc éblouissant, tissée d’argent et d’or, l’habillait et elle appelait si bien l’attention de ses voisins qu’autour d’elle, personne ne prenait garde à ce qui se passait dans l’arène. Tout le monde observait la merveilleuse inconnue, auprès de laquelle se tenait un jeune homme à l’air bougon auquel d’ailleurs personne ne prenait garde.
    Julien posa soudain sa main sur le bras de son frère.
    — Regarde là-bas, souffla-t-il.
    Le Magnifique suivit la direction indiquée et son regard mélancolique s’arrêta lui aussi sur la blonde apparition.
    — Par la Madone ! Qui est-ce ? La connais-tu ? Moi, je ne l’ai jamais vue.
    — Moi non plus. Elle ne doit pas être florentine…
    Soudain, Laurent eut une exclamation de surprise car il venait de remarquer le jeune garçon maussade qui se tenait auprès de la jeune fille.
    — Elle n’est pas d’ici, en effet. Ne vois-tu pas celui qui est assis auprès d’elle ? C’est Marco Vespucci. Ta beauté doit être la jeune fille qu’il est allé épouser à Gênes et qu’il nous ramène.
    — Mariée ? s’exclama Julien, déjà désolé. Tu crois ? Elle paraît si jeune.
    — J’en suis presque certain.
    Laurent ne se trompait pas. L’apparition était bien la jeune épouse de Marco Vespucci. Elle avait seize ans. Elle se nommait Simonetta dei Cattanei et elle était née à Porto Venere, près de Gênes, d’une famille d’armateurs riches et puissants. Quant à son jeune époux, qui n’avait lui aussi que seize ans, il appartenait à l’une des plus grandes familles de Florence. C’était un garçon renfermé, n’aimant que l’or et l’étude, et qui faisait sa société préférée d’un sien cousin, Amerigo Vespucci, qui, plus tard, baptiserait le continent découvert par un autre. Et l’on regrette de constater que Marco était plus sensible aux navires des Cattanei qu’à la beauté de Simonetta.
    Mais il était bien le seul dans son cas. La première apparition publique de sa jeune femme bouleversait visiblement les Florentins, si naturellement épris de beauté que plus d’un spectateur ne vit pas grand-chose du tournoi.
    Il se déroulait d’ailleurs selon les prévisions des organisateurs : Laurent vainquit tous ses adversaires, ce qui permit à Julien, plus que distrait, de se désintéresser complètement de la joute, sans le moindre souci de l’honneur familial.
    Mais quand l’aîné des Médicis vint s’agenouiller devant Lucrezia pour recevoir sur son casque le laurier d’or du vainqueur, la jeune femme faillit éclater en sanglots. Elle espérait, à cette rencontre suprême, recueillir au moins un regard d’amour, un regard aussi lourd de regrets que le sien propre. Or, Laurent lui avait souri assez distraitement, tandis que ses yeux noirs se tournaient continuellement, les paupières un peu plissées à cause de sa myopie, vers la place où rayonnait Simonetta.
    Un soupir échappa à la reine d’un jour. Allons ! Le temps de l’amour était bien mort et la jeune femme en venait presque à plaindre la princesse romaine qu’elle détestait tant l’instant précédent.
    Le 4 juin suivant, Laurent de Médicis épousait Clarissa Orsini, au milieu de fêtes somptueuses. Mais si l’événement marqua beaucoup la vie mondaine de Florence, celle du nouvel époux ne le fut guère, car dans son journal intime, on trouve à la date de ce jour nuptial :
    « Moi, Lorenzo, j’ai pris pour femme dona Clarissa, fille du seigneur Jacopo Orsini. Ou plutôt, elle me fut donnée… »
    Constatation indifférente et fort peu encourageante pour une jeune femme. Laurent se mariait parce qu’il le fallait, pour la descendance et pour la gloire de sa maison. Que Clarissa fût rousse comme une flamme, belle et orgueilleuse, était de peu d’importance. Elle était princesse et digne de porter les enfants du maître de Florence (encore qu’elle n’en fût pas tellement fière, considérant le Magnifique, de son point de vue de princesse romaine d’ancienne souche, comme

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