Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Survivant d'Auschwitz

Survivant d'Auschwitz

Titel: Survivant d'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Gève
Vom Netzwerk:
qui était bien pire que juste ridicule. D’une sordidité absolue, sa véritable signification se trouvait dans une rime cynique qui résumait l’amère vérité que nous cherchions désespérément à oublier : Arbeit macht frei/Durch Krematorium drei * 7 .
    1 - « Le travail rend libre. » (traduction française). Cette devise était inscrite à l’entrée du camp d’Auschwitz.
     
    2 - Rivière passant non loin du camp d’Auschwitz.
     
    3 - Nom donné par les détenus aux sélections pratiquées à l’intérieur du camp.
     
    4 - NDLT : La décision de châtiment par la bastonade était soumise, motifs à l’appui, par le commandant du camp à la direction des camps d’Oranienburg, accompagné selon le règlement, d’un certificat délivré par le médecin SS attestant de l’aptitude du détenu à supporter le châtiment. La sentence (en principe n’était exécutée qu’au terme de cette autorisation administrative.
    Voir Struthof, le KL Natzweiler et ses kommandos : une nébuleuse concentrationnaire des deux côtés du Rhin , Robert Steegmann, La Nuée bleue, 20005.
     
    5 - NDLT : sigle pour Deutsche Ausrüstungswerke, usines d’armement placées sous la direction SS, qui exploitèrent, souvent jusqu’à la mort, des dizianes de milliers de prisonniers des camps de concentration.
     
    6 - Traduction française : « merci bien »
     
    7 - Le travail rend libre (… À travers le crématoire n° 3).
     

 
    Chapitre 4
    « Un vieux routard »
    J’avais mal à la gorge et je pensais que c’était les amygdales. Après le travail, j’allai voir le médecin de l’école, qui me rassura de son humour habituel – il s’amusait à parler comme les enfants : « Petit-maçon-tu-n’as-rien-du-tout, c’est-juste-un-petit-peu-enflé. Tu as raison, ce sont tes amygdales. Je vais te mettre un peu de pommade noire, tu te souviens, celle que tu aimes, qui a du bon sucre, du gras et des vitamines. Tu verras, bientôt, il n’y paraîtra plus rien. »
    Pendant des semaines, je me promenais avec ma précieuse bande autour du cou, mais la crème fabuleuse ne faisait pas de miracles. Cette pâte – dont un jeune Tsigane affamé, qui en avait découvert les ingrédients rares et se l’était tartinée sur sa tranche de pain – nourrissait mon mal plus qu’elle ne le guérissait. Mon cou continuait d’enfler.
    « Mon cher enfant, me dit mon pourvoyeur d’espoir et de crème, alors que je n’arrivais plus à bouger la tête, il faut que tu ailles au Revier . Tout de suite ! Tu as un furoncle et il faut l’inciser. » Cette fois, il était sérieux. Ces infections purulentes, dues à la malnutrition, prenaient des proportions énormes et se propageaient à toute vitesse sur le corps. Les détenus en avaient souvent, mais c’était la première fois que cela m’arrivait, et celui-ci était particulièrement dangereux, car il avait élu domicile sur mon cou – or, je ne voulais pas qu’on me le coupe…
    Le lendemain matin, on m’attacha à une table d’opération et mon visage fut recouvert d’une serviette. On me fit respirer de l’éther, goutte par goutte et je comptais à haute voix, comme on m’avait dit de le faire. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser avec terreur que nous étions dans un camp de concentration – que la lame du couteau était peut-être trop longue, qu’elle pouvait dévier facilement sur un petit cou comme le mien… – et j’espérais que mon silence imminent ne serait que temporaire. Puis les chiffres se mirent à danser dans ma tête, plus vite, toujours plus vite.
    Lorsque je me réveillai, on m’expliqua que la boule qu’on m’avait incisée était la plus grosse jamais vue jusqu’ici. Je m’en moquais. Je me traînai jusqu’aux toilettes et vomis.
    Je fus alors confié aux soins du chef de chambrée du bloc des malades, un infirmier dont la douceur m’impressionna. Il officiait dans une partie du bloc 28a, où il s’occupait de dix châlits de trois rangées superposées, identiques à ceux du reste du bloc, à l’exception qu’ils avaient des draps. Les malades, essentiellement de vieux Polonais édentés, avaient été admis là, moins parce qu’ils étaient malades que parce qu’ils avaient besoin de soins, mais toutes les pathologies étaient présentes – de l’appendicectomie à la démence.
    J’admirais le calme et la sérénité avec lesquels le chef de chambrée s’occupait de nous. C’était un communiste allemand,

Weitere Kostenlose Bücher