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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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vous avez à chuchoter comme ça, fichus esclaves de chiens sans mère ? siffla-t-elle.
    — On priait simplement que Père ne soit pas fâché contre notre pauvre chère jolie Mère, répondit Ah Sam en battant des cils.
    — Alors dépêche-toi, mauvaise bouche de sale putain. Pour chaque vilain mot qu’il me dira tu auras un pinçon ! »
    Debout, au milieu de sa chambre, Struan contemplait le mouchoir sale noué aux quatre coins qu’il venait de tirer de sa poche. Sangdieu du diable, qu’est-ce que je vais faire ? se demanda-t-il.
    Après le combat, il avait accompagné le grand-duc à ses nouveaux appartements à bord du Resting Cloud . Il avait été soulagé quand Orlov lui avait dit, en secret, qu’il n’avait eu aucun mal à fouiller les bagages du Russe.
    « Mais il n’y avait pas de papiers, avait dit Orlov. J’ai vu un petit coffre-fort mais vous aviez dit de rien casser alors j’y ai pas touché. J’ai eu tout mon temps, les hommes occupaient les domestiques.
    — Merci. Et pas un mot, hein ?
    — Vous me prenez pour un imbécile ? avait protesté Orlov offensé dans sa dignité. À propos, Mrs. Quance et les cinq enfants sont installés sur le petit ponton. Je lui ai dit que Quance était à Macao et qu’il devait arriver demain par la marée de midi. J’ai eu un sacré travail à éluder ses questions. Elle ferait cracher une réponse à une arapède ! »
    Quittant Orlov, Struan était allé à la cabine des petits garçons. Ils étaient bien lavés, à présent, et vêtus de neuf. Wolfgang se trouvait avec eux et ils n’avaient plus peur de lui. Struan leur avait annoncé qu’il les emmènerait le lendemain à Canton et les mettrait à bord d’un navire en partance pour l’Angleterre.
    « Vot’ Honneur, avait dit le petit Anglais quand il s’était retourné pour partir, je pourrais-t-y vous voir ? Dans le privé, comme qui dirait ?
    — Sûr, avait répondu Struan et il avait emmené le petit garçon dans une autre cabine.
    — Mon papa a dit comme ça que je devais vous donner ça, Vot’Honneur, et rien dire à personne, pas à M. Wu Pak et pas même à Bert. »
    Les petits doigts de Fred tremblaient en dénouant le balluchon de toile encore fixé au bout du bâton. Il l’étala par terre. Il contenait un petit couteau, un chien en chiffons et un gros mouchoir noué. Il tendit nerveusement le mouchoir à Struan qui fut stupéfait de voir l’enfant lui tourner vivement le dos et fermer les yeux.
    « Que fais-tu donc, Fred ?
    — Mon papa a dit comme ça que je devais pas regarder, et de tourner le dos, Vot’ Honneur. Et de rien voir », répondit Fred, les paupières bien serrées.
    Struan défit le mouchoir et le contenu le laissa pantois : des boucles d’oreilles de rubis, des pendentifs de diamant, des bagues ornées de brillants, une grosse broche d’émeraudes et de nombreuses boucles de ceintures cassées, en or massif et lourdement ornées de diamants et de saphirs. Il y en avait au moins pour quarante à cinquante mille livres. Un butin de pirate !
    « Qu’est-ce qu’il veut que je fasse de ça ?
    — Je peux ouvrir les yeux, Vot’ Honneur ? Je dois rien voir. »
    Struan replia le mouchoir et le glissa dans la poche de sa redingote.
    « Sûr. Allons, qu’est-ce que ton papa veut que je fasse de ça ?
    — Il a dit que c’était ma… mon… J’oublie le mot. C’était quelque chose comme “ridage”… “ditage” ? dit Fred, les larmes aux yeux. Je suis bien sage et bon garçon, Vot’ Honneur, mais j’ai oublié. »
    Struan s’accroupit devant lui et le prit aux épaules avec douceur et fermeté.
    « Il n’y a pas de quoi pleurer, petit. On va réfléchir tous les deux, hein ? Est-ce que par hasard c’était “héritage” ? »
    Le gamin regarda Struan comme s’il était un magicien.
    « Ouais. Ritage. Comment vous avez su ?
    — Ne pleure pas. Tu es un homme. Les hommes ne pleurent pas.
    — Qu’est-ce que c’est, un ritage ?
    — C’est un cadeau, généralement de l’argent, qu’un père fait à son fils… »
    Fred considéra cela un moment. Puis il demanda :
    « Alors pourquoi c’est qu’il m’a dit de rien dire à frère Bert ?
    — Sais pas.
    — Comment, Vot’ Honneur ?
    — Peut-être parce qu’il voulait te le donner à toi et pas à Bert.
    — Est-ce qu’un ritage ça peut être pour beaucoup de fils ?
    — Sûr.
    — Frère Bert et moi, on pourrait partager un ritage si on

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