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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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sueur séchait aux aisselles et à l’aine, provoquant des eczémas qui s’infectaient. Les maladies habituelles de l’été reparurent, la dysenterie de Canton, l’écoulement de Macao, la fièvre d’Asie. Ceux qui mouraient étaient pleurés. Les vivants supportaient stoïquement leurs souffrances, en les considérant comme des tribulations inévitables envoyées par Dieu pour éprouver l’humanité, et continuaient de fermer leurs fenêtres à l’air frais qui, croyaient-ils, transportait les gaz toxiques montant de la terre en été ; ils continuaient de se laisser purger et saigner par leurs médecins car tout le monde savait que les sangsues étaient le seul véritable remède contre la maladie ; ils s’entêtaient à boire de l’eau et de la viande exposées aux mouches, à éviter les bains, jugés dangereux pour la santé, et à prier pour le retour des gelées qui nettoieraient la terre de ses poisons mortels.
    En juin, la maladie avait décimé les rangs de l’armée. La saison commerciale touchait à sa fin. Cette année, d’immenses fortunes se feraient. Avec du joss. Car jamais l’on n’avait si follement acheté et vendu à la Concession de Canton. Les marchands, leurs employés portugais, les compradores chinois et les marchands du Co-hong étaient épuisés, par la chaleur, mais plus encore par les semaines d’activité frénétique. Tout le monde aspirait au repos, en attendant la prochaine saison d’hiver.
    Et cette année, enfin, contrairement à toutes les autres années, les Européens attendaient avec impatience de pouvoir passer l’été chez eux, dans leurs maisons, sur leur propre terre de Hong Kong.
    Les familles avaient déjà quitté les étroites cabines des navires pour s’installer dans la Vallée Heureuse. Les bâtiments poussaient comme des champignons. Queen’s Town commençait à prendre tournure, avec ses rues, ses entrepôts, sa prison, ses docks, deux hôtels des tavernes, et des maisons résidentielles.
    Les tavernes pour militaires se pressaient près du camp, à la pointe de Glessing. Celles des matelots se trouvaient à Queen’s Road, en face du port et du chantier naval. Certaines n’étaient que des tentes, ou de grossières cabanes provisoires. Quelques-unes étaient déjà définitivement construites.
    Des navires arrivaient sans cesse d’Europe, apportant des marchandises, des vivres, amenant des parents et des amis, et de nombreux étrangers. Et chaque marée voyait arriver de Macao des foules de Portugais, de Chinois, d’Eurasiens, d’Européens, voiliers, tisserands, tailleurs, employés, domestiques, commerçants, vendeurs et acheteurs, coolies et chômeurs et tous ceux que leur travail obligeait maintenant à vivre à Hong Kong, tous ceux qui vivaient du commerce chinois. Parmi ces nouveaux arrivants il y avait des maquerelles et des filles, des fumeurs d’opium et des fabricants de gin, des joueurs et des contrebandiers, des voleurs et des mendiants, des pirates et des escrocs, la lie d’une population. Eux aussi, ils trouvaient à se loger, ou se mettaient à construire des demeures et des magasins et des entreprises. Les bars, les bordels, les fumeries d’opium envahirent bientôt Queen’s Town et plus particulièrement Queen’s Road. Le crime augmenta dans des proportions effarantes, et la petite force de police fut débordée. Le mercredi devint le jour du fouet. À la grande joie des vertueux, les condamnés étaient fouettés publiquement devant la prison, à titre d’avertissement.
    La justice britannique, bien que rapide et dure, ne paraissait pas cruelle aux Chinois. La torture publique, le fouet à mort, les poucettes et les mutilations, l’arrachage d’un œil ou des deux, les pieds ou les mains coupés, la marque au fer rouge, le garrot, la langue arrachée, mille supplices raffinés, tout cela était pour les Chinois un châtiment normal. Les Chinois n’avaient pas de tribunaux, pas de jurys. Comme Hong Kong échappait à la justice chinoise, tous les criminels du continent qui pouvaient s’échapper affluaient à Tai Ping Shan, hors d’atteinte, et se moquaient des faiblesses des lois barbares.
    Et tandis que la civilisation prenait l’île d’assaut, les ordures s’amoncelaient.
    L’eau stagna dans des barriques abandonnées, des pots cassés, de vieilles casseroles. Elle était retenue par des échafaudages de bambou, au bord des jardins, dans le petit terrain marécageux de la vallée. Ces petites mares

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