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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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aussi dangereuse. (Orlov cracha son tabac par-dessus bord, et se rinça la bouche avec le thé froid du sac de toile accroché près de la roue.) J’ai jamais point fait le curé ni marié personne, avant. C’était bizarre, hé, bougrement bizarre, Taï-pan, de regarder ces deux-là, si jeunes, si enthousiastes, si confiants. Et d’écouter un écho de vous, tout gonflé comme un paon : “Par Dieu, Orlov, vous allez nous marier, nom de dieu, je suis le maître du China Cloud , par Dieu. Vous connaissez la loi du Taï-pan, par Dieu !” Et moi j’étais là à faire des euh et des ah et à lever les bras au ciel en tempêtant et je renâclais terriblement, pour lui donner de la face, tout en sachant bien tout le temps que le vieux Taï-pan tirait les ficelles. Ouais, de quoi rire. Mais j’ai bien joué la comédie et je l’ai laissé me commander, comme c’est que vous vouliez qu’il me commande. C’était comme qui dirait mon cadeau de mariage au gamin. Je vous ai pas dit notre marché ?
    — Non.
    — Mariez-nous et vous conserverez votre navire, bon Dieu. Sinon, je vous chasserai des mers, par Dieu. Bah, je les aurais mariés quand même, tiens, dit Orlov en riant.
    — J’étais en train de songer à vous retirer votre navire moi-même. »
    Le sourire d’Orlov s’effaça.
    « Quoi ?
    — Je songe à réorganiser la compagnie, à placer la flotte sous l’autorité d’un seul homme. Vous aimeriez ça ?
    — À terre ?
    — Sûr, bien sûr, à terre. On peut pas diriger une flotte entière du gaillard d’arrière d’un clipper ! »
    Orlov crispa le poing et le secoua sous le nez de Struan.
    « Vous êtes un démon monté de l’enfer ! Vous me tentez avec un pouvoir dépassant mes rêves, pour m’ôter la seule chose que j’aime au monde. Sur un gaillard, j’oublie ce que je suis, bon Dieu, vous le savez bien ! À terre, qu’est-ce que je suis, hein ? Stride Orlov le bossu !
    — Vous pourriez être Stride Orlov, taï-pan de la plus noble flotte du monde. Il me semble que c’est un travail d’homme. »
    Le regard de Struan ne quittait pas celui du bossu. Orlov fit demi-tour, courut au bordé du vent et se mit à débiter une tempête de jurons russes et norvégiens. Enfin, un peu calmé, il revint vers Struan.
    « Ça serait pour quand ?
    — La fin de l’année. Plus tard, peut-être.
    — Et mon voyage dans le Nord ? Les fourrures ? Vous avez oublié ?
    — Vous voudriez l’annuler, non ?
    — Qu’est-ce qui vous donne le droit de tirer les ficelles du monde entier, hé ?
    — Gabier ! À l’arrière ! »
    Struan lui rendit la barre au moment où le China Cloud débouchait du chenal dans les eaux calmes de la rade. Devant eux, à un mille sur bâbord avant, la péninsule de Kowloon avançait vers la baie. De chaque côté, la terre était aride et desséchée. Ils doublèrent le promontoire rocheux, et se dirigèrent majestueusement vers le nouveau port.
    « Alors ? dit Struan à Orlov.
    — J’ai pas le choix. Je vous connais quand vous avez une idée en tête. Vous me débarqueriez sans hésiter. Mais j’ai des conditions.
    — Quelles ?
    — D’abord, je veux le China Cloud . Pour six mois. Je veux rentrer chez nous. Une dernière fois. »
    Ou bien ta femme et tes fils reviendront avec toi, ou bien ils voudront rester, se dit Orlov. Ils resteront et ils te cracheront à la figure et ils te maudiront jusqu’en enfer et t’auras encore gaspillé six mois de ta vie.
    « Accordé. Dès que j’aurai un nouveau clipper, le China Cloud est à vous. Vous rapporterez une cargaison de fourrures. Ensuite ?
    — Ensuite, Taï-pan, votre loi ; que lorsque vous êtes à bord, vous êtes capitaine. Je veux que ça marche pour moi.
    — Accordé. Ensuite ?
    — Y a pas d’ensuite.
    — Nous n’avons pas discuté argent.
    — La vérole de l’argent ! Je serai taï-pan de la flotte de la Noble Maison. Qu’est-ce qu’un homme peut désirer de plus ? »
    Struan avait une réponse à cela. May-may . Mais il se tut. Ils se serrèrent la main pour sceller le marché, et quand le navire fut à un quart de mille de Kowloon, Struan ordonna un changement de cap et fit entrer le China Cloud dans la rade proprement dite.
    « Tout le monde sur le pont ! Paré à manœuvrer ! Prenez la relève, capitaine. Accostez bord contre bord au Resting Cloud . Nos passagers transborderont en premier. Ensuite, au mouillage de tempête. »
    Struan examina

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