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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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les bajoues du journaliste et coula sur sa chemise maculée.
    « Je ne voulais pas plaisanter, Taï-pan.
    — Je préfère le prendre comme ça. Mauvais joss de parler de nécrologies. »
    Struan contempla un moment les coolies qui s’affairaient autour des presses, et le journal du lendemain qui commençait à sortir des machines.
    « J’ai pensé à une chose, au sujet de Whalen. Longstaff avait baptisé l’ancienne ville Queen’s Town. Maintenant, nous avons une nouvelle ville. Peut-être Whalen devrait-il avoir l’honneur de lui donner un nouveau nom. »
    Skinner rit doucement.
    « Ça l’engagerait, pas de doute. Quel nom avez-vous choisi, Taï-pan ?
    — Victoria.
    — Victoria me plaît. Victoria, hé ? Un trait de plume annule Longstaff. Considérez que c’est déjà “suggéré”, Taï-pan. Laissez-moi faire. Whalen ne saura jamais que ce n’est pas sa propre idée, je vous le garantis. Et quand est-ce que je serai propriétaire du journal ?
    — Le jour où Hong Kong sera accepté par la Couronne et le traité ratifié par les deux gouvernements, dit Struan en lui tendant un document. Tout est là. Mon chop est dessus. À condition, naturellement, que l’ Oriental Times soit toujours en vie à l’époque.
    — N’en doutez pas, Taï-pan ! »
    Skinner voyait l’avenir s’étaler devant lui. Dix ans, se dit-il. Alors je serai riche. Alors je rentrerai en Angleterre et j’épouserai la fille d’un hobereau et j’achèterai un petit manoir dans le Kent et je lancerai un journal à Londres. Oui, Morley, mon petit vieux, tu as fait un sacré chemin depuis les ruelles de Limehouse et ce maudit orphelinat et le ruisseau. Maudits soient les foutus démons qui m’ont mis au monde et abandonné !
    « Merci, Taï-pan. Je ne faillirai pas, n’ayez crainte.
    — Au fait, vous aimeriez peut-être avoir une nouvelle exclusivité. Le cinchona guérit la malaria de la Vallée Heureuse. »
    Skinner resta un moment sans voix.
    « Oh ! mon Dieu, Taï-pan ! Ce n’est pas une nouvelle, ça, c’est l’immortalité ! bredouilla-t-il enfin. Exclusive, vous dites ? C’est la plus grande nouvelle du monde ! Naturellement, ajouta-t-il d’un air rusé, l’essentiel de la nouvelle, c’est de savoir qui a été guéri.
    — Imprimez ce que vous voudrez, mais n’y mêlez pas les miens, ni moi.
    — Personne ne le croira à moins d’avoir vu la guérison de ses propres yeux. Les médecins diront que ce sont des sornettes.
    — Laissez-les dire. Leurs malades mourront. Dites-le. Moi, j’y crois tellement que j’y engage de gros capitaux. Cooper et moi sommes maintenant associés dans le commerce du cinchona. Nous aurons des stocks disponibles dans six mois.
    — Je peux publier ça ?
    Je ne vous le révélerais pas si c’était un secret », répliqua Struan en riant.

44
    À MINUIT , le lorcha s’échoua sur la plage d’Aberdeen et Struan sauta dans l’eau, Fong à côté de lui. Quelques minutes plus tôt, il avait secrètement débarqué ses hommes à l’ouest et les avait postés autour du puits. Il traversa la plage et s’engagea dans le sentier du puits, vers la fourche. Fong, très nerveux, portait une lanterne.
    Des nuages cachaient la lune, mais son reflet filtrait quand même. L’air était lourd et chargé du relent pestilentiel des algues de la marée basse. Dans l’étroit goulet, les centaines de sampans silencieux étaient sombres. Seule la lanterne de Fong trouait les ténèbres.
    Le village était tout aussi menaçant. On n’entendait rien, que les chiens se disputant des ordures.
    En débouchant de la fourche du chemin, Struan fouilla l’obscurité. Il sentait des milliers d’yeux qui l’observaient des sampans.
    Il dégagea les pistolets à sa ceinture et s’avança avec circonspection dans la lumière de la lanterne que Fong avait posée sur la margelle du puits.
    Le silence s’épaissit. Soudain, Fong se raidit et pointa un index tremblant. Juste au-delà de la fourche, en travers du sentier, il y avait un sac. On aurait dit un gros sac de riz. Pistolet au poing, Struan fit signe à Fong de marcher devant. Il n’avait guère confiance en lui. Fong avança, terrifié.
    Quand ils atteignirent le sac, Struan lança une dague au Chinois, le manche en avant.
    « Ouvre-le. »
    Fong s’agenouilla et coupa la toile de chanvre. Il poussa un gémissement d’horreur et recula.
    Dans le sac, il y avait Scragger. Il n’avait ni bras, ni jambes, ni

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