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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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d’une cathédrale !
    Car, entre deux excursions dans les mansardes du Louvre, Charles Maurice avait connu une superbe promotion : l’ancien séminariste rétif de Saint-Sulpice s’était vu offrir un fauteuil de successeur des apôtres.
    — Qui n’a pas vu un évêque préparer le lit de sa douce maîtresse et le chauffer à l’aide d’une bassinoire n’a rien vu, ironise alors Governor le jaloux. Je regardais la scène avec intérêt car il était assez curieux de voir un révérend père de l’Église engagé dans cette pieuse opération.
    D’autres fois, quand Talleyrand s’éclipsait rapidement pour rejoindre ses amis Lauzun ou Narbonne et disputer avec eux une partie de cartes effrénée, l’Américain s’attardait un peu.
    « Ces soirs-là, après avoir dîné avec son fils, l’évêque s’en allait, note-t-il dans son Journal . Je disais à madame de Flahaut mon regret d’avoir interrompu une belle scène. Elle pleurait abondamment. J’essuyais ses larmes au fur et à mesure. Elle parlait beaucoup de son enfant... »
    Cet enfant de l’évêque d’Autun qui deviendra lui-même un jour – le 17 septembre de 1811, précisément – le père naturel du demi-frère du futur Napoléon III !
     
    Décidément, rien n’est ordinaire avec ce cher Charles Maurice qui trouvera donc encore, post mortem , par le truchement de ce petit-fils, le duc de Morny, le moyen d’influer sur la politique du Second Empire !
     
    Ainsi donc, Talleyrand était devenu évêque d’Autun, jolie ville des bords de l’Arroux et toute pleine de merveilleuses ruines romaines.
    Un évêché, enfin ! Depuis le temps qu’il caressait le rêve de porter l’anneau d’améthyste ! Il avait déjà failli être nommé à l’archevêché de Bourges, mais non, son « art de vivre » lui avait nui.
    Alors, c’est en bougonnant qu’il avait difficilement pris son mal en patience.
    — Rien de ce que je désire ne tourne comme je le voudrais. Je ne suis pas dans un moment de bonheur. À présent, qu’est-ce qui arrivera ? Je ne prévois plus d’ici à longtemps de mouvement dans le clergé. Quand il y en aura, me donnera-t-on la place qui me conviendra et à laquelle je conviendrai ?
    Oui. On la lui donna. Grâce à son père, Charles Daniel, le lieutenant général de Talleyrand qui était alors âgé de cinquante-quatre ans et qui ne présentait pas les symptômes de quelqu’un qui allait vivre vieux. Il était très malade, en effet, ce géniteur que Charles Maurice avait à peine connu. Aussi, sentant sa fin prochaine, et sans doute pris d’un peu de remords, il avait fait venir son rejeton contrefait à son chevet :
    — Je peux faire quelque chose pour vous, pourvu que vous renonciez aux spéculations, au jeu, à vos coteries politiques, vos amitiés malsaines : Mirabeau, le duc d’Orléans et tous vos néfastes compagnons de maçonnerie...
    Car, outre aux femmes et au jeu, il avait aussi sacrifié aux sirènes des loges, jusqu’à être élevé à la dignité de chevalier Kadoche !
    Aussi expert à faire palpiter le coeur des jolies dames qu’à battre un jeu de trente-deux ou de cinquante-deux cartes, aussi habile à gérer le budget du clergé que prompt à jeter la soutane aux orties pour revêtir le tablier blanc de la loge des Philatèthes ou des Amis réunis, grâce à son père, Talleyrand fils allait donc recevoir la crosse et la mitre.
    Parce que le roi Louis XVI avait fini par céder.
    — Monsieur de Talleyrand est un homme de bien, avait-il déclaré. Il est atteint d’une maladie mortelle et puisque, sur le point de paraître devant Dieu, il me fait cette demande pour son fils, en m’assurant qu’il est converti, je signe de bonne grâce le brevet de nomination. Va pour l’évêché d’Autun...
    — Non ! Votre Majesté ne peut faire de cet homme-là un prélat. Sa vie est trop dissolue, scandaleuse. Il sera l’évêque de la débauche ! Songez qu’il a déjà autant de maîtresses que d’années de vie !
    Au dernier moment, en effet, à l’instant où le roi se préparait à laisser glisser sa plume sur le papier pour y tracer son ample et ferme signature, si incroyable que cela pût paraître, madame de Talleyrand, née Damas d’Antigny, c’est-à-dire la propre mère de Charles Maurice, cette femme qui ne s’était pourtant jamais beaucoup préoccupée de l’éducation et des goûts de son petit boiteux de fils, avait poussé ce cri d’alarme.
    — Allons,

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