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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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lui avait alors gentiment répliqué le bon roi, il faut espérer que cela le corrigera.
    Rêveur !
    Et ce fut ainsi que, « le deuxième jour du mois de novembre de 1788, le roi étant à Versailles, bien informé des bonnes vie et moeurs, piété, doctrine, grande suffisance et autres vertueuses et recommandables qualités qui étaient en la personne du sieur Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, vicaire général de Reims, Sa Majesté, se promettant qu’il emploiera avec zèle et application tous ses talents pour le service de l’Église, lui a accordé et fait don de l’évêché d’Autun qui vaquait... »
    Avec un diocèse qui était évalué à 22 000 livres de rentes !
    Avec quelques jours de retraite obligée, aussi – ce qui était bien la moindre des choses ! – quelques longs après-midi passés loin d’Adélaïde à la Solitude d’Issy dans le noviciat des Sulpiciens.
    La solitude ! Comme elle devait lui peser à la veille de se prosterner, le visage à même le sol, devant monseigneur de Grimaldi, évêque de Noyon, la croix pectorale autour du cou et revêtu des habits sacerdotaux !
    Alors qu’il aurait tant aimé se dévêtir dans la chambre de madame de Flahaut ou dans celle de Germaine de Staël.
    Car entre-temps, en effet, notre incorrigible amateur de beau sexe s’était laissé tenter par la fille de ce contrôleur des finances qui répondait au nom célèbre de Necker.
    Mais quelle femme étonnante que cette épouse du baron de Staël qui passera sa vie à être malheureuse en amour parce que son complexe d’OEdipe était considérable ! Elle accumulera les amants – dont Charles Maurice – mais elle n’aima toujours vraiment qu’un seul homme, son père, le ministre de Louis XVI, celui dont elle disait qu’il était tout pour elle, « son frère, son enfant, son mari ».
    Elle tentera bien d’aimer ou sera courtisée par William Pitt, par le comte de Guibert ou celui de Ribbing, par Governor Morris (encore lui !) ; par Louis de Narbonne (un intime de Talleyrand), par Talleyrand lui-même, par Benjamin Constant, évidemment, par le frivole Maurice O’Donnell, par Prosper de Barante, par l’élégant John Rocca – qui boitait, lui aussi ! – et par combien d’autres ! Car elle avait un succès fou, Germaine, et allez savoir pourquoi puisqu’elle était laide et toujours « mal mise ».
    — Elle avait le nez et le contour de la bouche reprochables, dit un témoin du temps. L’intérêt de sa physionomie résidait presque uniquement en l’éclat de ses yeux. Il faut le dire, ces yeux-là étaient superbes et toutes les pensées élevées ou énergiques qui se succédaient dans son âme s’y peignaient souverainement. Ses mains, aussi, étaient fort belles. Et comme elle tenait à ne rien perdre des rares avantages qui lui étaient concédés sur son physique, elle avait une manière de les porter en évidence qui n’échappait point à l’attention.
    Mais elle était si spirituelle !
    À dire vrai, son esprit était tout de même plus pointu que ne l’était son nez. Et voilà qui ne pouvait que plaire à l’évêque d’Autun. Un jour, n’y tenant plus, voyant que madame de Flahaut n’en finissait pas de lui faire de l’ombre, elle lança à Charles Maurice :
    — Avouez que si nous tombions toutes deux ensemble dans la rivière, je ne serais pas la première que vous songeriez à sauver.
    — Ma foi, madame, c’est possible, vous avez l’air de mieux savoir nager.
    L’abbé prétendra aussi que Germaine, « après lui avoir fait toutes les avances, l’avait littéralement violé ».
    Mais on sait qu’il ne porta pas plainte.
    Et puis il la trompa très vite, dans les bras d’Adélaïde retrouvée ou dans ceux d’une demi-mondaine rencontrée dans telle ou telle partie chaude donnée chez le duc d’Orléans ou ailleurs.
    Dans ces conditions, elle n’hésita pas à s’abandonner dans les bras de Narbonne, qui était beau comme un dieu grec, et que le Tout-Versailles féminin rêvait de caresser.
    Mademoiselle Contat, par exemple, ne s’en était pas privée, à tel point même qu’à la suite de son aventure « narbonnaise » elle avait vu sa taille s’arrondir, pleine de promesses.
    — Cet enfant n’est pas de moi, avait simplement dit le comte de Narbonne, ami de Charles Maurice.
    Puis il avait claqué la porte et s’était précipité chez Germaine de Staël.
    Qui ne fit pas la fine bouche.
    Car il fallait bien

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