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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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qu’elle se consolât des infidélités de son amant ensoutané.
    — Ah ! le méchant homme ! grommela simplement mademoiselle Contat en apprenant son infortune.
    Puis, pour faire un mot, comme tout le monde à cette époque si spirituelle, faisant allusion au visage un peu bourgeonné de madame de Staël, sa rivale victorieuse, elle ajouta :
    — Oui, je vois ce que c’est, à la rose il a préféré le bouton...
     
    Quelques années plus tard, quand Napoléon lui demandera :
    — Quelle femme est donc madame de Staël que vous avez si bien connue ?
    — Une intrigante, répondra Talleyrand.
    — Du moins est-elle restée votre bonne amie ?
    — Amie ? Elle jetterait ses amis à la rivière pour pouvoir les repêcher à la ligne...
    Mais la fille de Necker se moquait parfaitement du « qu’en dira l’évêque ». Elle l’avait bien toisé, elle qui disait :
    — En vérité le bon Maurice ressemble à ces petits bonshommes qu’on donne aux enfants, dont la tête est en liège et les jambes en plomb. On a beau les renverser, ils se retrouvent toujours sur leurs pieds.
    Talleyrand n’aurait donc été qu’un « culbuto »...
    Si Germaine le comparait à un jouet, quand ils ne furent définitivement plus du dernier bien, il ne se priva pas de la faire passer pour une grosse femme envahissante, à peine soignée, au cheveu gras mais au coeur généreux.
    Et même séparés de corps, ils resteront longtemps bons amis.
     
    Le jour où elle fut informée par un Governor Morris bien intentionné que le père de son fils connaissait l’extase terrestre au creux des reins brûlants de la fille de Necker, Adélaïde de Flahaut en prit ombrage.
    Ce qui se conçoit.
    — Et cependant vous lui restez fidèle ? s’était étonné l’Américain transi.
    — Je suis mariée de coeur, voilà tout.
    Viendra tout de même le jour où, exaspérée, elle se décidera à « divorcer ». Pour vivre une nouvelle aventure. Non dans les bras de l’unijambiste américain – qui sera plus que jamais désappointé – mais dans ceux d’un sémillant Anglais répondant au nom de lord Wycombe, le fils du richissime marquis de Landsdowne.
    Mais comme tout ce petit monde-là était très bien élevé, on ne se claquait pas la porte au nez, ni ne se distribuait des noms d’oiseaux. Ainsi, même trompé par lord Wycombe, Charles Maurice ne se privera pas de venir régulièrement dans les soupentes du Louvre où il sera toujours accueilli avec grande courtoisie.
    — Madame, disait-il à Adélaïde, pourrais-je voir mon fils, aujourd’hui ?
    Alors, on lui apportait le marmot en dentelles et le futur père du duc de Morny faisait une risette à son évêque de père naturel.
    C’est à l’occasion d’une de ces visites que Talleyrand remit une enveloppe à la maîtresse de maison. Elle contenait son testament, un document qui la faisait légataire universelle de son prélat préféré. Quelle belle reconnaissance de paternité !
    Et tout cela sans que le gros et vieillissant mari officiel ne sourcillât.
    On peut être cocu et rester suprêmement élégant !
    — Qui me conseilleriez-vous d’épouser au cas où je deviendrais veuve ? demanda un jour Adélaïde à Governor Morris, en voyant que son vieil époux diminuait dangereusement.
    — Mais, répondit l’homme de Washington en souriant, j’ai entendu dire qu’il allait être question d’autoriser le mariage du clergé !
    — Ah ! ça non ! Je n’épouserai jamais monsieur d’Autun car, pour aller à l’autel avec lui, il faudrait d’abord mentionner ma liaison avec un autre.
    Aller à l’autel ?
    Charles Maurice ne met guère de bonne volonté, lui non plus, lorsqu’il est question d’aller s’agenouiller devant celui de sa cathédrale autunoise placée sous le vocable de saint Lazare. Nommé évêque le 2 novembre de 1788, il attendit en effet plus de quatre mois pour s’éloigner de Paris et gagner son diocèse. Mais il avait l’art et la manière de faire patienter ses ouailles. En leur dépêchant des lettres que d’aucuns ont comparé aux épîtres de saint Paul aux Romains alors qu’elles sont plutôt dans le ton de ces billets que pourrait écrire un don Juan, un prédateur voulant endormir sa proie avant de la croquer.
    Et naturellement, il y est question d’amour !
    — Dieu m’est témoin que je ne cesse de penser à vous, confie-t-il à ses futurs fidèles. Vous avez toute mon affection... Je suis pressé du

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