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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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États-Unis –, qu’il ne complote pas, qu’il ne se prélasse pas lascivement dans les chaleureux salons de la duchesse de Courlande ? À l’été de 1812, il se rend aux eaux avec son épouse légitime et la petite Charlotte devenue une belle adolescente de quatorze printemps. Il se plaît à lui donner quelques cours d’histoire à sa manière en lui faisant suivre, par exemple, sur une carte de l’Europe, le cheminement de la grande armée qui était partie se perdre dans les immensités slaves.
    Une armée dans laquelle figurait un jeune colonel de vingt-sept ans qui n’était autre que son fils Charles de Flahaut, l’enfant né de ses belles amours avec Adélaïde.
    Et quand on songe qu’à l’heure de cette terrible et stupide campagne de Russie Talleyrand était grand-père.
    Un grand-père de cinquante-sept ans !
    Son petit-fils avait en effet vu le jour le 15 ou le 16 septembre de 1811, secrètement, à Saint-Maurice en Valais.
    Secrètement, en effet, car il s’agissait de l’enfant illégitime de la reine Hortense qui était tout à la fois la fille d’une ex-impératrice, l’épouse d’un roi de Hollande, la mère d’un futur empereur, la belle-fille et la belle-soeur d’un autre empereur !
    Charles de Flahaut lui avait fait cet enfant-là une nuit de décembre de 1810, alors qu’elle était seule, sans son névrosé de mari, dans le merveilleux hôtel Cerrutti dont le jardin à l’anglaise s’étendait jusqu’à la rue Taitbout et dont les salons avaient été décorés par Prud’hon. C’est dire qu’on y était cerné par des Vénus fort peu vêtues et par des tribus d’Amours réjouis du spectacle.
    Autant d’incitations à la caresse...
    Né à la mi-septembre à Saint-Maurice en Valais, le poupon, car il fallait en tout du mystère, fut déclaré à la mairie du III e arrondissement le 22 octobre sous le nom de « Charles Auguste Louis Joseph, né la veille d’Émilie Coralie Fleury, femme d’Auguste Jean Hyacinthe Demorny ».
    Le futur duc de Morny a donc connu une naissance mystérieuse autant qu’agitée.
    On sait que sa vie ne le sera pas moins.
    Charles, le père, revint sain et sauf de la désastreuse campagne de Russie et de la tragique retraite qui s’ensuivit. Promu général de brigade, il était même devenu aide de camp de Napoléon.
    — Je l’ai revu, il est gros et gras, fort bien portant et même à l’étroit dans ses habits. Sa place auprès de l’Empereur excitera des jalousies, confia sa mère à son amie madame d’Albany.
    Sarcastique comme à son habitude, en le retrouvant fort replet, Charles Maurice lui fit simplement remarquer qu’il n’avait pas l’air de revenir de chez les Cosaques.
    — On dirait plutôt que vous rentrez d’un pays de Cocagne, sourit-il froidement.

Chapitre quinze
    Je t’aime, moi non plus
    — C’est le commencement de la fin, confie Charles Maurice à la coquette Aimée de Coigny qui, à l’approche de la quarantaine, semblait aussi fraîche qu’une adolescente.
    En compagnie de Néfertiti, de Diane de Poitiers, de Ninon de Lenclos et de quelques autres, Aimée pouvait faire très belle figure dans la galerie de portraits de ces femmes qui ont su défier les outrages du temps.
    La Belle Captive n’aurait pas non plus détonné dans le fichier des grandes conspiratrices.
    À la fin de l’année de 1812, quand elle a vu que la tentative de prise du pouvoir par le général Malet avait été sur le point de réussir, elle fut convaincue qu’avec un peu plus de sérieux dans l’organisation on devait parvenir à se débarrasser d’un empereur devenu à ses yeux un « mégalo » fatal.
    Le général Claude-François Malet ! Ce républicain convaincu n’avait jamais su trouver grâce auprès de Napoléon. Il est vrai que ce n’était pas en criant « À bas les Corses et la police ! » comme il avait coutume de le faire qu’il aurait pu y parvenir. En réalité, d’aucuns estimaient qu’il était un peu perturbé et qu’une place en maison de santé lui conviendrait mieux qu’une nomination à la tête de telle ou telle brigade. En conséquence de quoi, après un séjour à Sainte-Pélagie, il s’était retrouvé dans la clinique du docteur Dubuisson, sise dans la rue du Faubourg-Saint-Antoine, d’où il s’était évadé dans la nuit du 22 au 23 octobre, porteur de quelques faux documents par lui confectionnés qui annonçaient la mort de l’Empereur devant Moscou et lui donnaient

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