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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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fréquemment.
    Cet été-là, Valençay étant toujours « squatté » par les Espagnols – dont l’amant de sa femme ! –, après une rapide trempette à Bourbon-l’Archambault, il décide d’aller passer quelques jours dans son château de Pont-de-Sains, dans le Nord, près d’Avesnes.
    Où il invite Dorothée de Courlande et pour laquelle, raconte André Castelot, « il avait fait élever un temple de l’Amour soutenu par quatre colonnes de marbre rouge, acheté autrefois par Louis XIV pour Versailles ».
    Quand elle ne « farnientait » pas à Pont-de-Sains, la Courlandaise aimée se retirait au Château-neuf de Saint-Germain qu’elle louait et où Charles Maurice faisait de fréquents séjours. Songez qu’on l’y a même vu se promener à cheval à ses côtés, lui qui détestait tant l’équitation !
    — Il montait gauchement un tout petit alezan, s’amuse un témoin, ses jambes traînaient au ras du sol entre les pattes de l’animal, c’était d’un ridicule !
    De Saint-Germain, l’été venu, elle galopait vers Rosny-sur-Seine, près de Mantes, où elle prenait ses quartiers dans le superbe château de Sully – qui a été lamentablement pillé, depuis lors – que son gendre, l’insipide Edmond de Périgord, tenait de sa mère, Sabine Sémozan, une descendante du ministre de Henri IV.
    Amie du tsar, Dorothée, était devenue « l’oeil, l’oreille et la voix » de Talleyrand.
    Qui n’allait d’ailleurs pas tarder à devoir faire preuve d’acuité visuelle, d’une ouïe très fine et à peser ses mots.
    Car, bien qu’il fût un bas de soie breneux, Napoléon avait décidé de refaire appel à lui.
    Du moins voulut-il lui demander son avis sur la femme qu’il envisageait d’épouser après avoir répudié Joséphine devenue stérile.
    L’Impératrice s’était pourtant longtemps défendue bec et ongles, arguant que c’était lui qui n’était pas en état de procréer. Hélas pour elle, depuis que Marie Walewska, son « épouse polonaise jolie, blonde et rose », avait donné le jour au petit Alexandre, le futur comte Léon, et depuis aussi qu’Éléonora Denuelle de la Plaigne, une lectrice de sa soeur Caroline, avait mis au monde un petit garçon qui était probablement son fils, Napoléon savait qu’il ne souffrait d’aucune carence.
    L’enfant d’Éléonora était-il de lui, cependant ?
    — Oui, oui et oui, s’énervait la belle maîtresse aux yeux noirs et au corps souple. D’ailleurs j’aimerais bien le prénommer Napoléon.
    — Non, Napoléon, c’est trop ! Léon seulement !
    L’Empereur n’ignorait quand même pas que la gracieuse lectrice avait aussi fauté avec Murat.
    — La cour de Vienne me laisse à entendre que je pourrais assurer ma dynastie avec l’archiduchesse Marie-Louise, qu’en pensez-vous ? demande l’Empereur à Charles Maurice, au matin du 28 janvier de 1810.
    Ainsi donc, le prince de Bénévent était rentré en grâce, on ne le considérait plus comme un ennemi.
    On imagine qu’il but alors du petit-lait.
    — Une alliance autrichienne serait bonne pour la France, elle assurerait la réconciliation européenne à laquelle je tiens tant, ronronna-t-il.
    L’Ogre corse allait donc épouser Marie-Louise, une nièce de Marie-Antoinette la décapitée !
    — Avec ce mariage je vais me donner des ancêtres ! lança fièrement le petit Ajaccien né dans la rue de la Mauvaise-Herbe.
    Quand on songe qu’avec ce mariage le feu Louis XVI allait devenir de façon posthume le grand-oncle de l’Usurpateur !
    Un mariage – célébré au Louvre le 2 avril – auquel Charles Maurice fut évidemment invité.
    Sans Kelly.
    En revanche, il avait été décidé que Dorothée de Périgord ferait désormais partie de la maison de la seconde impératrice.
    La pauvre Dorothée !
    À cette époque la fille de la maîtresse de Charles Maurice – et sa nièce ! – n’avait pas la vie belle. Elle comptait dix-sept printemps, son mari imposé passait son temps à galoper d’un champ de bataille à l’autre sans jamais y briller, elle ne goûtait pas les Français, leurs idées, leurs fantaisies, elle n’avait aucune amie, aucun amant. Elle était trop sèche, trop raide, trop méprisante, trop intelligente, peut-être.
    Jusqu’à son oncle qui ne semblait même pas l’apprécier !
    Il est vrai que Charles Maurice – très épris de la mère, comme on l’a vu – se contentait alors d’être poli avec elle. Il l’avait

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