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Tarik ou la conquête d'Allah

Tarik ou la conquête d'Allah

Titel: Tarik ou la conquête d'Allah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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rudement les
habitants du quartier, le général découvrit le tracé de la rivière et fit
construire un barrage. Réalisant qu’ils étaient perdus, les Wisigoths
refusèrent néanmoins les généreuses offres de reddition qui leur furent faites.
Pis, ils exécutèrent les plénipotentiaires venus leur faire entendre raison, y compris
des Chrétiens qui leur expliquaient que les conquérants s’étaient engagés à
respecter leurs lois et à les laisser pratiquer leur religion. Encouragés par
les prêtres qui leur promettaient d’être comptés au nombre des martyrs de la
foi, les défenseurs mirent le feu à l’église et périrent tous, hommes, femmes
et enfants, à l’exception d’un seul, un jeune moine exalté appelé Obadiah.
Conduit devant Mughit al-Roumi, ce Juif converti proclama hautement son
attachement à sa foi et insulta tant et si bien l’islam que le général
musulman, outré par ses blasphèmes, le fit exécuter. Puis, en signe
d’expiation, Mughit ordonna que l’on bâtisse sur l’emplacement des ruines la
première mosquée de Kurtuba – c’était le nouveau nom de la ville – où
ses soldats se rendaient cinq fois par jour prier Allah le Tout-Puissant et le
Tout-Miséricordieux sous le regard curieux des Chrétiens locaux.
     
    Il n’eut guère le temps de savourer
cette victoire. Tarik Ibn Zyad l’invita à venir le rejoindre à Toletum sans
tarder pour discuter d’affaires importantes. Quand il parvint dans l’ancienne
capitale désormais appelée Tulaitula, Mughit al-Roumi fut ébloui par la beauté
du site. La cité se situait en contrebas d’un piton de granit découpé, selon
les légendes païennes, par Hercule à la pointe de son glaive. Ses murailles
étaient imposantes et ses rues pavées étaient bordées par les palais des nobles
wisigoths, pour la plupart évacués à la hâte par leurs occupants. Le chef
berbère avait pris la ville par ruse comme il l’expliqua à son subordonné.
Lassé par la résistance des assiégés, qui avaient fièrement refusé de se rendre
malgré les garanties qui leur avaient été offertes, Tarik avait eu recours aux
bons offices d’Akhila. Moyennant l’attribution à sa famille de trois mille
domaines appartenant à la Couronne et la promesse que la population, qu’il
souhaitait ménager, serait épargnée, le fils du défunt roi Witiza avait accepté
de se plier à un stratagème peu glorieux. Le jour de la fête des Rameaux, il
s’était présenté devant Toletum à la tête d’un groupe de cavaliers. Croyant à
l’arrivée de renforts venus du Nord, les habitants, sous la conduite du clergé,
s’étaient portés à sa rencontre en chantant des cantiques et en brandissant les
feuillages bénis par les prêtres. Ils avaient rejoint celui qu’ils acclamaient
comme leur libérateur à l’église de Sainte-Léocadie située en dehors de
l’enceinte. Dans leur joie naïve, ils n’avaient pas remarqué que des soldats
ismaélites, dissimulés derrière des rochers, profitaient de cet instant de
liesse pour se faufiler dans la cité et s’en rendre maîtres. Quand les fidèles
avaient aperçu l’étendard vert flotter sur la plus haute tour de Toletum, ils
avaient réalisé leur méprise et supplié le félon Akhila d’intercéder avec
succès en leur faveur.
    Installé dans l’ancien palais royal,
Tarik avait fait libérer du cachot où elle croupissait depuis de longs mois
Florinda. Il l’avait traitée avec tous les égards dus à ses infortunes passées
et présentes. Violée par Roderic, elle était désormais livrée à elle-même. Son
père, après la chute de Septem, s’était embarqué pour Constantinople. Ses
retrouvailles avec Akhila constituèrent pour elle un ultime affront. Son cousin
lui signifia froidement qu’il n’avait pas l’intention de l’épouser. Elle
n’était plus digne de lui.
    Quand elle se promenait en litière
dans les rues, la foule grondait à son passage, l’insultant, la traitant de
catin et l’accusant d’être la principale responsable de l’invasion du royaume
par les Ismaélites. Désespérée, la fille de l’exarque, que la rumeur publique
surnommait « la Mauvaise », se résigna à prendre pour mari un
aristocrate wisigoth, Fortunius, fils du comte Kasi, l’ancien chambellan de
Witiza. Sa famille était demeurée secrètement fidèle aux dogmes d’Arius ce qui
lui avait valu de nombreux démêlés avec les autorités ecclésiastiques peu
enclines à tolérer des

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