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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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d’une demi-miche de pain environnée de miettes rassises et d’un morceau de lard fumé. La cuiller de bois gisait au sol. Il s’approcha. Deux mouches noyées surnageaient sur un fond de soupe épaisse.
    — Voici qui nous conforte sur le faible intervalle de temps séparant les deux meurtres. Du lard… hier soir donc, jour gras. Montons aux chambres, voulez-vous ?
    Ils grimpèrent les marches d’un bois grisâtre de fréquents lavages à grande eau et débouchèrent sur un palier minuscule au point qu’Huguelin dut rester dans l’escalier, trois personnes ne pouvant s’y tenir. Druon poussa la porte de droite et pénétra dans une pièce qui évoquait une cellule de monastère. D’assez grande taille, seuls un lit étroit au-dessus duquel était suspendu un crucifix, une almaire 3 dont l’un des battants était fendu et une petite table de toilette la meublaient. Il entrouvrit l’almaire. Trois chainses usés jusqu’à la trame aux coudes et élimés aux poignets ainsi qu’une soutane qui devait avoir connu des jours plus glorieux trente ans plus tôt y étaient rangés, en plus de quelques caleçons et d’une paire de chaussures de gros cuir cirées avec soin. Dans un coin de la pièce s’empilaient des ouvrages.
    Ils visitèrent ensuite l’autre chambre de l’étage, plus petite, celle du secrétaire Jean Le Chauve, au semblable mobilier.
    Anchier Vieil, qui s’efforçait de ne pas troubler l’inspection de Druon, n’y tint plus et demanda dans un murmure :
    — Qu’en faites-vous, messire ?
    — Retournons, je vous prie, dans la salle commune, éluda Druon.
    1 - Sorte de coffre monté sur quatre pieds. On les a utilisés jusqu’à très récemment pour y protéger la farine ou y faire monter le pain.

    2 - Sorte de haut vaisselier, que l’on plaçait le plus souvent au milieu des pièces afin d’y ranger vaisselle, condiments, aliments et autres.

    3 - Armoire.

XXIV
    Saint-Agnan-sur-Erre, un peu plus tard
    S Se penchant vers Huguelin qui détaillait la salle commune à la vaste cheminée, le mire s’enquit :
    — Alors mon jeune apprenti, que t’inspire ton examen ? Observe, analyse, compare et déduis. Musèle tes impressions et sentiments. Contente-toi de faire parler les faits.
    — Oh, admirable méthode, murmura Anchier qui suivait l’échange, certain d’en apprendre beaucoup.
    Flatté, quoique intimidé par l’importance que donnait son jeune maître à ses déductions, Huguelin commença d’une voix un peu trop haut perchée.
    — Euh… j’espère me montrer digne de votre enseignement, mon maître. Je tente de recomposer la succession des événements et m’y perds un peu, je vous le confesse.
    — J’écoute, l’encouragea le mire.
    — Eh ben… euh, eh bien… lorsqu’on découvre ce bol, cette cuiller qui a chu au sol, on songe que le souper de Jean Le Chauve fut interrompu d’inattendue manière.
    — Je t’ouïs. Et ?
    — A-t-on le droit d’imaginer ? s’enquit Huguelin avec la mine sérieuse d’un écolier.
    — L’imagination est recommandée. Cela étant, il convient de la manier avec prudence. Si une construction de l’esprit se trouve en désaccord avec les faits, débarrasse-t’en aussitôt. Elle est erronée.
    — Bien… On pourrait donc supputer qu’il a pris l’escampe en précipitation à ce moment. Or il portait un mantel, nous a révélé messire le secrétaire du bailli. Si donc il avait été menacé par un agresseur surgi soudain au point d’fu… de fuir, pourquoi être remonté dans sa chambre pour se vêtir, où on le pouvait rejoindre afin de l’occire ?
    Un « Oh ! » stupéfait échappa à Anchier Vieil qui, pourtant, se serait volontiers battu. Morbleu, un garçonnet d’une dizaine d’années réfléchissait mieux que lui. Quelle cuisante honte !
    — Je suis fier, le complimenta Druon en sincérité.
    Huguelin feignit la modestie avec maladresse, mais le pincement de ses lèvres en cul-de-poule laissait paraître son bonheur.
    — Quoi d’autre ? le poussa le jeune mire.
    — Y aurait-il autre chose ? se rembrunit l’enfant.
    — Si fait.
    — Euh ben… Bien… j’avoue ne point l’avoir vu. Vous déçois-je ? s’enquit-il, soudain inquiet.
    — Non pas, car tu progresses à grands pas. Toutefois, nous pouvons nous améliorer chaque jour. Explorons plus avant ton hypothèse. Jean Le Chauve est en train de souper, preuve qu’à ce moment précis il ne redoute rien. Paisible, il prend

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