Templa Mentis
jugé sot et glouton, même s’il terrorisait, le renard avait une réputation d’intelligence.
16 - Bouteille.
17 - Il semble que les Gaulois aient cru en la réincarnation, c’est-à-dire au passage des âmes des défunts dans d’autres enveloppes humaines (et non pas animales), au point qu’il était parfois prévu que certaines dettes ne soient soldées que dans une vie future. Le but ultime de cette transmigration, qui n’était pas nécessairement immédiate, était de parvenir à une âme de grande pureté, notion qui n’est pas si éloignée que cela du bouddhisme. Les guerriers très valeureux, morts au combat, étaient « dispensés » de retrouver une enveloppe charnelle. Certains auteurs ne sont pas d’accord avec cette vision, qui proviendrait selon eux d’une phrase mal comprise de César : « Après la mort, l’âme (des Gaulois) transite d’un corps dans l’autre. » Pour eux, ce corps réceptacle serait spirituel et non pas physique.
18 - Cessons là.
19 - Bigoterie, peut-être encore plus péjoratif.
20 - À l’origine « singe ». Ceci explique pourquoi ce terme utilisé pour désigner de jeunes enfants était assez péjoratif, indiquant de petits visages fripés.
21 - Vauriens vagabonds.
VI
Brou-la-Noble, novembre 1306
L Lorsqu’ils retrouvèrent la lumière du jour, près de deux heures s’étaient écoulées. Druon chercha Igraine du regard et s’étonna de la découvrir, assise sur l’une des premières marches, tassée telle une vieille femme, la capuche de son mantel rabattue bas sur son visage, les pans serrés contre elle. Ils la rejoignirent. Elle avait glissé la cage d’osier d’Arthur le freux sous ses jambes, la cachant de sa cotte.
— Dame Igraine ?
Le visage toujours baissé, elle marmonna :
— Enfin vous. Dieux, je m’impatientais ! Partons. Vous me raconterez en chemin.
— Mais que…
— Partons, vous dis-je !
Druon perçut l’appréhension dans sa voix inhabituellement grave, dans son débit précipité. Elle se leva et les précéda à grands pas vers la sortie de Brou, la cage qu’elle tenait oscillant tant qu’un croassement de reproche s’en éleva.
Huguelin, à nouveau contraint de trottiner derrière les deux adultes, tira Druon par la manche de sa tunique et s’enquit, un peu essoufflé :
— Fuyons-nous… quelque chose ?
Le jeune mire lui répondit par un regard et un haussement d’épaules perplexes.
Ils dépassèrent le mur d’enceinte sous l’œil morne des gardes de la herse que l’on abaissait au soir échu. Précaution bien inutile étant entendu les nombreux éboulements de muraille que Druon avait remarqués, et qui permettaient à un individu un peu leste de se faufiler sans se faire remarquer ou presque. Bah, en ces temps de paix relative, nul ne songeait à dépenser de beaux deniers pour faire consolider les maçonneries.
Igraine jeta par-dessus son épaule :
— L’église ? Un signe ?
— Aucun. Nous avons tout examiné avec soin sans rien découvrir.
— Rien de rien, concourut Huguelin.
— Fichtre ! Me serais-je encore fourvoyée ? Je hais ce monde, votre monde. Allons, pressons le pas !
— Il me faut récupérer Brise, observa Druon. Nous vous rejoindrons.
Ils la retrouvèrent peu après, assise sur une pente herbeuse, la cage d’Arthur posée contre ses jambes. Reprenant où elle en était restée, comme si une bonne demi-heure ne venait pas de s’écouler, elle déclara, maussade :
— Je m’y sens si démunie, si impuissante dans votre monde. Tout comme avec cet homme…
— Quel homme ? s’enquit Druon.
Igraine se leva, ne jugeant pas nécessaire de répondre. Elle les devança, toujours à grandes enjambées.
Lorsqu’ils eurent mis plusieurs dizaines de toises* entre eux et la ville, elle se figea puis se retourna, le visage pâle, ses yeux presque jaunes empreints d’inquiétude. Elle sembla hésiter, et déclara :
— Cet homme… Un homme est passé à trois reprises devant l’église. Il semblait chercher quelque chose et m’a dévisagée.
— Et ?
— Et ? Son insistance m’a paru bien suspecte. Je suis restée de marbre, affichant la gêne et le déplaisir qu’aurait éprouvés une femme de bien devant examen si grossier de sa personne. Il a baissé le nez et a enfin disparu.
— Peut-être vous jugeait-il d’aimable contemplation ? suggéra Druon.
— De grâce ! s’emporta Igraine. Je suis bien trop maigre pour
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