Terra incognita
guettait Mélusine s’y trouvait déjà. Plantine eut peur d’être démasquée. Il n’en fut rien. La Harpie se laissa prendre à son odeur et Plantine put la mener jusqu’à la vouivre et s’en débarrasser.
La reconnaissance de Mélusine fut de courte durée. Plantine, devenue Marthe, avait compris que, Mélusine ayant été la seule des trois à avoir eu une descendance, c’était d’elle que naîtrait l’enfant velu. Et que leur trinité devrait le protéger.
Or l’omniprésence de sa sœur n’arrangeait en rien les véritables projets de Mélusine.
Car, comme Présine, Mélusine avait décrypté la prophétie, si conforme aux espérances de son père. Si l’enfant velu devait être de son sang, la trinité, elle, ne pouvait être que de lignée primordiale pour avoir une chance de sauver Apophis de son carcan monstrueux.
Elle informa sa mère de la libération de Plantine. En retour, Présine lui annonça que son père avait enfin retrouvé la table de cristal.
Ne restait plus qu’à la lire.
À la faveur d’une nuit et de l’absence de Merlin, Présine emprunta la porte d’Avalon, se rendit dans la tour de cristal et déroba les flacons pyramides.
Deux jours plus tard, Apophis regagnait les Hautes Terres, triomphant.
Ni Seth, ni Rê, trop faibles, ne s’opposèrent à lui. La table retrouva sa place sur le pilier Djed, les flacons pyramides furent remplis d’élixir et les deux Sages furent sauvés, dans le seul dessein, leur annonça Apophis, qu’ils trouvent le moyen de le guérir.
Il s’installa sur le trône des Hautes Terres, aux côtés de Présine, mais bien vite se rendit compte de ce que ce monde était devenu. Une terre de désolation, traversée de guerres de clans. La cité blanche n’avait dû son salut face à leurs attaques qu’à cette énergie bienfaitrice qui la traversait. Mais il n’en restait qu’une tour de cristal, qui, de jour en jour et du fait même de la présence d’Apophis, noircissait.
— Les Hautes Terres doivent renaître, Présine. Avant le drame, je n’ai jamais voulu leur fin, seulement vivre en paix dans l’amour que tu me donnais. Il faut recréer l’harmonie. Mélanger mon sang à celui de la lignée primordiale. Pour donner naissance à une nouvelle race de géants. Mais pas ici. Sur la Terre d’en bas pour les protéger de moi. Des enfants de la lumière viendront ma rédemption et ma guérison. Aide-moi, l’avait-il suppliée ce jour-là, en prenant conscience de ce mal qui, peu à peu, lui rongeait l’âme.
Il n’en voulait pas. Il ne se reconnaissait pas dans ses crises de colère et de violence qui, brusquement et sans qu’il puisse les contrôler, balayaient tout sur leur passage. La peur du monstre dont il avait l’apparence le hantait, certain qu’il était d’un jour lui succomber totalement et de tout perdre. Jusqu’à l’amour de Présine.
Dès lors, la fée se démena.
Seuls Rê et Merlin étaient d’un sang pur. Rê avait engendré la lignée de Sardaigne et d’Égypte. Merlin celle des grandes prêtresses d’Avalon.
Une devineresse trancha en faveur de Merlin, assurant que l’âme des Géants de Sardaigne avait été préservée dans un nuraghe et que le troisième de la trinité les recevrait là-bas.
Mais, Présine le savait pour l’avoir suffisamment côtoyé, Merlin ne l’aiderait pas de son plein gré à asseoir la lignée d’Apophis dans les Hautes Terres. Quant à espérer le guérir, il s’y était essayé suffisamment longtemps pour s’être persuadé que c’était impossible.
Elle rusa donc. Et d’autant plus habilement qu’il revint en Avalon, triomphant, avec la copie de la table, le lendemain de son retour à elle.
Ce fut elle qui lui apprit qu’Apophis l’avait devancé. En larmes. Affirmant qu’il avait eu raison de la mettre en garde, car en quelques jours Apophis était redevenu un monstre de noirceur et d’une telle cruauté qu’elle avait dû s’enfuir pour se protéger. Mais, plus encore, qu’il s’était trouvé une alliée contre sa propre lignée.
Marthe.
La nouvelle abattit Merlin. Présine en profita. Quoi de mieux que la lumière pour vaincre l’ombre ? Ne pouvaient-ils essayer, elle et lui, de créer, l’être pur, parfait de bonté, capable par ses pouvoirs de renverser la prophétie ? De tuer Marthe, puis Apophis ?
Merlin avait cédé.
Elle l’avait quitté avant qu’il ne s’éveille, certaine de porter en elle sa lumière. Elle ne le revit
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