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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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jamais. Et n’avait que la certitude de sa mort puisque, au moment où elle avait voulu regagner les Hautes Terres, de longs mois après la naissance du père d’Algonde, la porte d’Avalon était refermée.
    Désespérée de ne plus avoir de nouvelles d’Apophis, Présine s’était attelée à faire en sorte que la prophétie devienne réalité.
    Et bien lui en prit. Car, au moment de mourir, Mélior avait fait passer son esprit dans celui d’un épervier. Présine n’avait eu conscience de sa présence dans le corps du rapace que tard, lorsque, après les avoir entendues, Mélusine et elle, Mélior avait tenté d’avertir Marthe de ce qu’elles tramaient. N’y parvenant pas, Mélior avait fait tomber du toit le père d’Algonde, abîmé Mathieu, piqué Hélène, bref, fait son possible pour empêcher l’avènement de cette trinité. Jusqu’à succomber enfin.
    Et renforcer la colère de Marthe qui, ayant enfin appris la mort de Mélior, se doutait de la trahison de Mélusine, sans pouvoir l’expliquer.

73
     
    Présine marqua une pause face à leurs visages fermés. Elle pouvait y lire autant d’émotion que de colère, de sentiment de trahison que de déception. N’avait-elle pas manipulé chacun d’eux pour parvenir à ses fins, les torturant cruellement depuis dix années ? Elle ne s’y attarda pas, pourtant. Avant que de la juger, il fallait que son aveu soit complet.
    Elle enchaîna dans un silence glacé.
    — La vieille sorcière qui remit le flacon pyramide à Djem en Anatolie, c’était moi. Moi encore qui le donnai à sœur Albrante pour guérir Jeanne de Commiers, la mère d’Hélène. Aidée en cela par les dons de prémonition de Mélusine. Consciente au fur et à mesure que vous veniez au monde que j’étais devenue le socle, le djed de cette prophétie, mais plus encore qu’elle était légitime puisque vous lui donniez une réalité. Ma plus belle victoire fut l’avènement d’Elora et la conviction, devant sa lumière, qu’Apophis pouvait être sauvé. Ma plus grande défaite…
    — La mort de Mélusine, grinça le baron.
    Présine soutint son œil rancunier avant de secouer la tête.
    — Non, messire. C’est de n’avoir pas compris la détresse que cachait la noirceur de Marthe. Et le prix qu’elle vous en fit payer.
    Des larmes lui piquèrent les yeux.
    — Ma faute n’est pas d’avoir aimé un monstre, mais d’en avoir créé un par manque d’amour. De cela seulement je suis coupable. Pour cela seulement j’accepterai d’être jugée. Car le reste, tout le reste, ne fut bercé que de cette seule vérité. Vous êtes nos enfants. Les enfants du pardon. Et je ne regrette rien de ce que j’ai fait pour vous y amener.
    Elle se rassit, emplie autant de tristesse que de dignité, dans l’attente de leur verdict.
    Le baron se leva le premier, puis Sidonie. Puis, un à un, tous quittèrent les bancs, sans un regard, sans se retourner. Même Constantin.
    Ne resta plus qu’Elora, face à elle.
    — Viens, lui dit celle-ci, allons nous coucher.
    Les yeux noyés de larmes, Présine accepta la main qu’Elora lui tendait.
    Elle ne leur en voulait pas. À aucun d’eux.
    Elle s’y était préparée depuis longtemps.
    Demain serait un autre jour.
    Demain, ils se prononceraient.
    *
    Mais c’est un hurlement qui, l’éveillant en sursaut, accueillit l’aube de ce lendemain.
    — La table ! La table et les flacons ont disparu !
    La voix du baron.
    Présine bondit de sa couche en même temps qu’Elora. Le même nom en bouche.
    Marthe.
    Qui était de garde cette nuit ? Avaient-ils oublié de le désigner ? Ni Présine ni Elora ne s’en souvenaient mais, en quelques secondes, comme les autres, elles furent sur le pont, face à Jacques de Sassenage qui acculé à un tonnelet de vin resté du dîner de la veille, et près de la cabine, se frottait le crâne sous le flamboiement du ciel.
    Spontanément, Présine se précipita vers lui, avant de s’immobiliser à quelques pas, rattrapée par le souvenir de son rejet. Ils se jaugèrent du regard.
    — Alors quoi ? dit-il dans un rictus douloureux, allez-vous me laisser avec cette bosse ?
    Malgré les circonstances, Présine se sentit plus légère.
    Pendant que des quatre coins du navire tous les autres de la communauté s’en venaient, plus ou moins rhabillés, elle écarta le cuir chevelu.
    — Rien de bien méchant, baron, une petite entaille qu’il va falloir nettoyer. Savez-vous avec quoi on vous a

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