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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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largement l’air de cette pièce qu’elle renouvelait à la nuit tombée, grâce aux bons soins de ses nouveaux amis.
    Aller au combat. Voilà ce qu’elle devait se dire.
    Aller à ce mariage comme Djem allait au combat.
    Elle accrocha un sourire à sa détermination nouvelle.
    — Tu as raison, Briseur. Plus vite nous en aurons terminé, plus vite vous récupérerez Petit Pierre.
    Il baissa le ton.
    — Et plus vite j’écraserai ce scélérat.
    *
    En bas, dans la cour, Hugues de Luirieux l’attendait au pied de la voiture, entouré d’une solide escorte parmi laquelle elle reconnut Ronan de Balastre, Torval, La Malice. Mathieu ne s’y trouvait pas. Hélène ne s’en troubla plus. Elle se doutait qu’il les rejoindrait sitôt leur équipage ébranlé. Pour n’avoir pas à croiser son regard de nouveau.
    Celma le lui avait avoué, la mine basse et triste. Le jour de son enlèvement, Mathieu avait dû se faire violence pour s’empêcher de la pourfendre. Craignant d’y céder, il avait préféré tourner bride, laisser à ses compagnons le soin de la mener. Hélène l’avait entendue. Mieux vaudrait, au jour de la confrontation, qu’ils soient tous à ses côtés.
    Tandis que Briseur enfourchait sa monture, elle répondit au compliment de Luirieux d’un léger mouvement de tête.
    Si son futur époux n’avait été si ignoble, elle aurait pu le lui retourner. Ainsi mis dans son costume d’épousailles, la barbe taillée, les cheveux domptés et parfumés, il possédait quelque charme.
    Celui du serpent, nota-t-elle pourtant, devant son regard rétréci de convoitise.
    — Des nouvelles de mon père ? demanda-t-elle en acceptant l’aide de son bras pour gravir le marchepied.
    — Une lettre qui nous assure de sa venue prochaine.
    Elle tiqua.
    — Quand est-elle arrivée ?
    Il referma sur eux la porte du carrosse.
    — Hier.
    Hélène retint un mouvement d’exaspération.
    — Ne m’était-elle pas adressée ?
    Il prit place à côté d’elle, affichant ce sourire de condescendance qu’elle détestait.
    — Si. Mais je tenais à m’assurer de ses félicitations avant de vous la donner.
    — J’en déduis qu’il refuse cet hyménée…
    Luirieux ricana, la main sur le pommeau de son épée.
    — Quelle importance ? Vous ne le lui direz jamais, ni à quiconque, qu’elle est arrivée assez tôt pour l’empêcher, n’est-ce pas ?
    Hélène se durcit, les mâchoires crispées sur le souvenir du contrat qu’ils avaient passé.
    — Non. Évidemment non…
    — Vous voyez bien que cette discussion est sans objet, conclut Luirieux avec satisfaction.
    Réagissant à son signal, la voiture s’ébranla dans un à-coup qui jeta Hélène au fond de son siège. Elle y resta, rongée de colère.
    Son œil accrocha la silhouette de Celma à la porte du castel.
    « Courage ! Vous volez vers la liberté », semblait-elle lui murmurer.
    Hélène s’en rasséréna. La devineresse disparut, laissant place à Mathieu qui enfourchait sa monture.
    Bientôt, songea-t-elle. Bientôt je te donnerai la paix. C’est le moins que je puisse faire pour toi.
    Elle le fixa jusqu’à ce qu’Hugues de Luirieux rabatte les volets, les plongeant tous deux dans la pénombre.
    Le mouvement s’accéléra. Ils avaient passé la herse.
    Hélène noua ses mains sous son ventre pour protéger l’enfant des soubresauts du voyage, puis ferma les yeux.
    Autant qu’elle se repose.
    Les heures à venir seraient, de son avis, bien assez pénibles à supporter.

21
     
    Parvenu devant l’église collégiale sous les acclamations de la population, le carrosse contourna la bâtisse pour se garer à l’angle de la chapelle du Saint-Sacrement, près des autres équipages.
    — Tout est calme, annonça Ronan de Balastre en ouvrant la portière.
    Luirieux se retourna vers Hélène qui n’avait pas bougé.
    — N’oubliez pas de sourire…
    — Comment le pourrais-je ? Le bonheur me transporte, le nargua-t-elle, faussement énamourée.
    Il ne répondit pas et quitta la place.
    Quelques minutes s’écoulèrent, portant à Hélène la voix des hommes de Luirieux autour de la voiture. Celle de Mathieu aussi. Ils veillaient. Quiconque se présenterait pour la délivrer n’aurait guère de chances d’y parvenir, ricana-t-elle entre la déception et la résignation, avant de caresser son ventre.
    — Mieux vaut que ce soit moi qui affronte les quolibets que toi, plus tard, murmura-t-elle pour se remotiver.
    Dans

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