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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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présent, en gage de ma bonne volonté à vous vouloir désormais comblée.
    Le dresseur et ses créatures avaient repris leur tour de tablée pour divertir les convives. Délaissant la carrure massive de l’ours, Hélène s’attarda encore un instant sur leurs épaules chétives avant de revenir vers le prévôt.
    — J’en accepte l’augure, mon époux, et vous veux voir d’un autre œil en effet, puisque, en ouvrant votre porte à la pitié, c’est celle de mon cœur que vous découvrez.
    — Faisons table rase du passé, voulez-vous ?
    Elle leva son hanap, du rouge de nouveau aux joues.
    — Je le veux. En toute sincérité, et promets de ne rien vous cacher de ce que vous appelez mes secrets.
    Il s’y laissa prendre. Parce que l’orgueil des hommes est ainsi fait. Il les empêche de voir plus loin que le bout de leur nez. Et celui d’Hugues de Luirieux était empâté.
    Mais pour soupçonner quelque manigance, il aurait fallu déjà qu’il connaisse la vérité.
    Hélène s’en délecta comme d’une eau de jouvence.
    Constantin, son fils perdu, venait, en compagnie d’Algonde libérée de ses fers, de lui manifester leur présence à ses côtés.

26
     
    Briseur ne demanda pas comment Celma avait eu vent du souterrain. Il s’inquiéta davantage de ne pas pouvoir y pénétrer. Les anciens serviteurs de la maisonnée ayant été chassés par Luirieux à leur arrivée, la clef leur resta introuvable. Or, sans cette issue providentielle, ils étaient faits comme des rats. Certes, la herse les protégeait pour l’instant, mais il ne doutait pas de l’habileté des soldats à escalader les murs d’enceinte pour choir de l’autre côté et la lever.
    Bertille avait décidé de les en dissuader, pendant qu’il ouvrirait la serrure sans la forcer, seule condition pour bloquer par la suite leurs poursuivants dans la cave.
    Accompagnée de Jean et du chiot, la fillette avait gravi à la hâte les escaliers qui menaient au dernier étage de la bâtisse. Se séparant en haut du palier, les deux enfants avaient gagné les extrémités du bâtiment et s’étaient rabattus derrière deux volets percés d’archères pour couvrir intégralement du regard la cour intérieure.
    Ce fut Jean qui faucha le premier homme du prévôt à risquer l’escalade, d’une flèche bien ajustée qui lui décrocha un sourire de fierté. Les assaillants s’inquiétaient : difficile de voir d’où la flèche avait été envoyée, encore plus de déloger le tireur.
    Depuis une bonne demi-heure déjà, ils étaient tenus en respect, mais Briseur savait que cette situation ne pourrait durer. Un des soldats avait déjà dû enfourcher son cheval pour quérir du renfort à Romans. Quand il reviendrait, la donne changerait.
    La porte du souterrain céda enfin sous le crochet qu’il s’ingéniait à agiter dans la vieille serrure. Il ouvrit le battant, renifla l’air rance du passage avec satisfaction, puis, le laissant béer, enfila les marches quatre à quatre pour prévenir les enfants.
    Ensuite de quoi il poursuivit sa montée jusqu’au grenier. Un quart d’heure plus tôt, Celma avait décidé de prêter main-forte aux tireurs, par l’autre face de la bâtisse. Il était peu vraisemblable que leurs poursuivants aient trouvé alentour une échelle assez grande pour grimper le haut mur aveugle du bâtiment, de là, écraser les tuiles de leurs bottes, et les prendre à revers. Elle n’avait pourtant pas voulu courir de risque. D’autant qu’en la cave elle ne servait à rien.
    Utilisant l’escabeau par lequel elle avait gagné le toit, Briseur passa ses épaules larges et massives par la trappe à ciel ouvert. Un coup d’œil circulaire lui révéla deux moitiés de jambes derrière un conduit de cheminée. Allongée de tout son long, Celma avait rampé pour s’offrir le meilleur angle de tir tout en surveillant la grand-route au-delà du front boisé.
    Briseur porta ses mains à sa bouche pour imiter le cri d’une hulotte. Instantanément, les pieds reculèrent. Il repassa dans le grenier, les attrapa de ses mains épaisses et aida la devineresse à redescendre.
    Lorsqu’ils rabattirent sur eux la porte tant convoitée dans le fond de la cave, dix minutes à peine s’étaient écoulées. Pour autant elles étaient précieuses, car Celma venait de confirmer les craintes de Briseur. Une troupe de soldats arrivait de Romans.
    Si l’on comptait le temps qu’il faudrait à ces derniers pour se rendre compte

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