Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
de profaner un sarcophage vide.
    Mathieu tendit sa main, ramena Petit Pierre puis Mayeul à la surface.
    La Malice revenait vers eux.
    — Il y a une issue. Mais elle donne dans une chapelle.
    Mayeul crispa ses poings devant sa maladresse. Il se souvenait à présent des consignes d’Elora. Surveiller sa dextre. Pour ne pas manquer le petit boyau qui ralliait les bois.
    — L’abbaye de la Trappe de Chambaran, dit-il. Nous sommes allés trop loin. Il faut revenir sur nos pas.
    Petit Pierre hocha la tête.
    — Il a raison. Je reconnais l’endroit. Dans le sarcophage du chevalier, se trouve le souterrain que j’ai emprunté depuis Romans. Si j’avais su qu’un autre me mènerait à Bressieux, je n’aurais pas escaladé les toits ni abîmé ma cheville à sauter. Je n’aurais pas usé mes forces dans la neige et le froid.
    — Très bien, décida Mathieu. Redescendons.
     
    Quelques minutes plus tard, ils trouvaient la fourche, obliquaient, progressaient d’une centaine de pas avant de sentir la pente sous leurs souliers et un air plus frais et sain leur caresser le visage. Cette fois, plus de doute possible. Ils remontaient à la surface.
    Ils n’avaient pas perdu plus d’une demi-heure lorsqu’ils écartèrent un rideau épais de lierre et pénétrèrent dans la forêt. Une lune aux trois quarts pleine éclaircissait en son halo la nuit qui était tombée.
    Occupant la branche basse d’un chêne, une chouette s’attarda un instant sur leur équipage, puis, rassurée de les voir quitter les lieux aussi discrètement qu’ils avaient surgi, reprit sa surveillance tranquille.
    *
    Les agapes touchaient à leur fin sous le ciel étoilé de Romans. Hélène retint un énième bâillement. Elle était éreintée mais avait su tenir sa place au banquet avec élégance. Il s’était étiré jusque tard dans la nuit, en une succession de plats qui lui avaient distendu l’estomac et donné la nausée. La place se vidait et, enfin, son époux venait de clore la feste en levant un dernier verre à leur hymen.
    Hélène savait qu’il était épuisé. De plus, dans l’espoir de compenser la perte de son sang, il avait bu plus que de raison et son haleine empestée accrochait chaque mot avec rugosité et un semblant d’incohérence.
    Il était temps de rentrer.
    Elle se leva, le ventre autant alourdi de sa grossesse que du trop de mangeaille. Accepta le bras mal assuré de son époux et quitta la tablée, écœurante à présent de quelques saoulards qui, le nez dans leur écuelle, ronflaient la gueule ouverte dans un reste de repas. Les musiciens s’étaient tus, les jongleurs et autres amuseurs de foule avaient disparu. Disparus aussi Constantin et Algonde sous leur déguisement. Ne restaient que quelques irréductibles qui vociféraient sous les volets refermés par les habitants fatigués.
    On leur fit escorte jusqu’au carrosse. Hélène s’y installa, avant de s’étonner de voir Luirieux s’emparer d’une couverture puis la dérouler sur ses genoux.
    — Votre sollicitude me touche, mon ami, le remercia-t-elle avec une pointe de sincérité.
    Il se laissa choir à ses côtés, cala sa nuque contre le rembourrage du dossier. Balaya l’air de sa main.
    — Ne vous y trompez pas, ma femme. Point d’affection entre nous. Il n’y en aura jamais. Je ne fais que protéger mes intérêts.
    Elle n’en espérait pas moins. Soupira tout de même, l’air navrée.
    — Comme vous voudrez.
    La voiture s’ébranla.
    Elle se mura dans le silence et l’obscurité, heureuse de pouvoir enfin s’abandonner à l’idée de retrouver prochainement ces êtres que la vie lui avait arrachés.
    Elle n’avait eu de cesse, l’après-midi durant, que de les observer, de se réjouir des pitreries de Constantin et du déguisement d’Algonde. Tous deux avaient évité son regard, mais elle l’avait senti peser sur elle, chaque fois qu’ils étaient chassés par d’autres amuseurs et ramenés à la discrétion derrière l’église.
    Mais là n’était pas seulement leur intérêt.
    À voir Algonde se cacher derrière la curiosité que provoquait Constantin pour mieux écouter les conversations, Hélène avait compris qu’elle s’inquiétait autant d’Enguerrand que de Mathieu. En début de soirée, un soldat, couvert de la poussière des chemins, s’était penché à l’oreille de Luirieux. Tout comme Algonde qui l’observait à quelques pas de là, Hélène avait vu ce dernier s’agacer, lui répondre

Weitere Kostenlose Bücher