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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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sombre encore, au-dessus de sa tête.
    — Debout, ordonna l’homme de main de Luirieux.
    Mathieu obéit. Pour avoir une vision plus large de la situation. Où se trouvaient les enfants ? La Malice ? Pourquoi La Malice n’avait-il pas sifflé ?
    Il eut la réponse à peine se fut-il dressé. Près de sa lanterne qui brûlait encore, le petit homme avait été littéralement cloué au tronc de l’arbre contre lequel il veillait. Une flèche dans chacun des bras. Une autre en pleine poitrine. Son menton retombait sur sa chemise ensanglantée. Il n’avait pas eu le temps de s’apercevoir qu’on les attaquait. Les comparses de Torval, que Mathieu savait habiles archers, avaient dû tirer en même temps, s’ajustant grâce à la lumière. Le cœur de Mathieu se serra. Il avait perdu nombre de compagnons mais celui-ci était, avec Villon et Briseur, plus qu’un ami. Un frère. Comment diable avaient-ils réussi à s’approcher sans l’alerter ? S’était-il assoupi, lui qui ne dormait jamais ?
    Mathieu serra les dents, crispa son poing, qu’il se retint d’écraser sur la face de Ronan de Balastre occupé à le désarmer. Il devait penser aux enfants. Seulement aux enfants.
    Il toisa Torval qui le fixait avec une évidente satisfaction à la lueur des falots que ses hommes avaient rallumés.
    — Où sont les petiots ?
    — On est là, p’pa. Sous bonne garde.
    Mathieu se tourna vers la voix de Petit Pierre. Elle tremblait dans l’obscurité profonde de la forêt. Celle de Torval explosa de jubilation.
    — Tiens tiens, mais voilà qui va ravir Luirieux ! Le père et le fils d’une même fournée !
    Mathieu enragea de ne pouvoir rien tenter. Il ne voyait pas les enfants, avalés par l’obscurité. Ne comprenait pas comment on avait pu les lui soustraire sans le réveiller.
    Ronan de Balastre le poussa de l’avant sans ménagement. Mathieu se durcit, s’immobilisa derrière ce pas forcé.
    — Avance, ordonna le maître du fouet.
    — Pas avant d’avoir enterré La Malice.
    Un coup de poing dans l’estomac répondit à sa requête. Torval n’était pas homme à voir son autorité discutée. Pour mieux l’asseoir, il en décocha un autre, plus violent encore. Bien que retenu sous les épaules par Ronan de Balastre, Mathieu plia vers l’avant, sentit monter un goût de sang dans sa bouche. Torval le redressa par les cheveux.
    — Le bossu s’en chargera… À moins que tu ne préfères qu’on l’égorge à ses côtés ?
    Mathieu refusa d’un mouvement de tête. Torval lui tapota la joue, sous la balafre qui barrait l’œil, fermé.
    — Tu vois, quand tu veux…
    Torval s’écarta. Laissa Ronan de Balastre se débarrasser de son fardeau en le projetant de l’avant. Mathieu plia un genou à terre. Cracha un filet de sang.
    — Comment nous as-tu retrouvés ? grinça-t-il en se relevant d’une poussée de sa main valide, l’autre bras barré sous sa poitrine douloureuse.
    — La vieille cuisinière. Il a fallu lui griller la plante des pieds mais elle a fini par se souvenir du souterrain. Diantre ! selon elle qui était née au château, il y avait long qu’on ne l’avait utilisé.
    En retrait, un sanglot étouffé. Mayeul avait entendu le sort qu’on avait fait à sa nourrice. Il avait droit à une compensation. Mathieu courba le front. Le lança de toute force en avant. Percuta Torval sous le menton, surpris par sa soudaine et inutile rébellion. Torval vacilla. Mathieu entendit claquer le fouet derrière lui. Accusa le coup sur ses omoplates.
    — NON ! hurla Petit Pierre en voyant la lanière s’abattre encore, et encore, jusqu’à obliger Mathieu à se recroqueviller à terre.
    — Assez, décida Torval d’une voix pâteuse, la langue éclatée par la morsure de ses propres dents.
    Il tendit la main à Mathieu.
    — C’était de bonne guerre, le borgne. Mais avise-toi de recommencer, et je ne ferai pas de quartier.
    Mathieu accepta la poigne. Se remit sur ses pieds. Difficilement cette fois, tant les lacérations puissantes le cuisaient au travers de ses vêtements déchiquetés. Son bras retomba, aussitôt saisi par Ronan de Balastre qui s’empressa de le ligoter à hauteur des coudes avant de l’entraîner sans ménagement vers les deux enfants. Malgré la détresse qui marquait leurs traits, Mathieu fut rassuré de les trouver en bonne santé. Indifférent au filet de sang qui lui coulait de derrière l’oreille gauche, il se planta un instant devant

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