Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
Mayeul, fouilla le visage inondé.
    — Sauve ta vie, petit bossu. Va où tu dois et sauve ta vie.
    La gorge nouée, Mayeul acquiesça du menton. Il noua ses bras autour de Petit Pierre. Le laissa envelopper sa bosse dans une accolade fraternelle. Hoqueta à son oreille.
    — On se retrouvera.
    — Oui, répondit Petit Pierre, le cœur serré.
    Ronan de Balastre les arracha l’un à l’autre. Poussa de l’avant le père et le fils tandis qu’un autre contraignait Mayeul à reculer vers la clairière. Le petit bossu n’insista pas, averti qu’on le tuerait sans hésiter.
    Il demeura les bras ballants à fixer la lueur agitée des falots, puis, sitôt que la forêt l’eut rendu à l’obscurité, se laissa tomber sur une souche d’arbre arrachée, la poitrine agitée de sanglots.
    Tout était sa faute. Oui. Sa faute. S’il n’avait pas été agacé par une envie pressante tantôt, rien, non, rien ne serait arrivé.

33
     
    Celma et Bertille étaient en état de choc.
    Un quart d’heure plus tôt, précédant Briseur qui portait toujours Jean, elles avaient émergé dans la crypte de l’abbaye de la Trappe de Chambaran et capté le passage de Mathieu, La Malice, Petit Pierre et du jeune bossu. Comprenant que la densité de la roche à cet endroit avait probablement nécessité un pont par la surface, elles s’étaient mises en quête d’un autre accès secret, pendant que Jean tentait de rabattre les glapissements de Noiraud emporté par la joie collective.
    Leur communauté, forte d’avoir semé ses poursuivants par la ruse, s’était plus encore ragaillardie à l’idée de ces proches retrouvailles et c’est d’un pas neuf qu’elle avait descendu l’escalier à l’intérieur d’un second gisant, puis emprunté l’étroit conduit souterrain qui ramenait vers la forêt.
    *
    Immobilisées à quelques coudées de la sortie, mère et fille haletaient à présent d’une respiration courte et hachée, les yeux vitreux sur une vision sanglante qui confirmait celle que Celma avait reçue dans la matinée. Aucune des deux ne parvenait à s’en défaire. Un des leurs avait été fauché, quelque part dans ces ténèbres qui tenaient la contrée, et elles assistaient à son agonie, lente et douloureuse, sans rien y pouvoir faire.
    Alerté par ce changement brutal d’atmosphère, Noiraud leur tournait autour, les babines retroussées, le poil hérissé, pour retenir loin d’elles un ennemi invisible que Briseur et Jean, crispés, pressentaient de même.
    Celma s’en arracha la première, le visage blême, les lèvres tremblantes.
    — Ils ont été pris, jeta-t-elle, couvrant les grognements du chiot.
    Un râle échappa à Jean, de désarroi autant que de fureur. Celma ne voulut pas l’endeuiller davantage. Elle se contenta d’un regard appuyé à l’intention de Briseur avant de replier trois doigts de sa main gauche. Le signe, Briseur le savait, était celui de ralliement de La Malice. Celma ne lui accorda pas davantage de détails. Elle se détourna de lui pour secouer sa fille, au mépris de toutes les règles.
    — Ne reste pas hors du temps, Bertille, il ne faut pas rester hors du temps !
    Bertille vacilla dans les bras de sa mère. Quelques secondes d’inconscience avant d’ouvrir enfin les yeux.
    — À moins d’une lieue, au sud-est, murmura la fillette, épuisée de douleur.
    — Oui, confirma Celma. Tu peux marcher ?
    Bertille hocha la tête.
    — Courir, mère. Voilà ce qu’il faut. Tu le sais comme moi. Il faut courir dans leurs pas.
    — Oui, répéta Celma avant de se tourner vers Briseur.
    — Suivez-moi. Où je passe, passez derrière moi.
    La minute d’après, les yeux refermés, elle jaillissait du souterrain. Guidée par la vision de Mathieu avant elle, plus sûrement encore que par la lune au-dessus de leurs têtes, la devineresse prit la course à travers bois, la rage au ventre et une certitude au cœur.
    Elle devait arriver avant la camarde.
    *
    La Malice avait de la ressource. C’était, depuis l’enfance, ce qui l’avait toujours sauvé. Il savait faire profil bas quand une partie était jouée à son désavantage, comme se servir du vainqueur, ensuite, en flattant sa renommée.
    Lorsque les deux premières flèches l’avaient atteint aux bras, la douleur avait été si intense qu’il en avait perdu la voix, puis la conscience lorsque la troisième avait perforé sa poitrine. Il avait repris ses esprits dans un brouillard qui ne lui avait laissé

Weitere Kostenlose Bücher