Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
Mounia en la rejoignant. Si le cœur s’avérait plus léger que la plume, le mort était digne de s’élever et de rejoindre les dieux. Vois, la scène se poursuit sur le mur.
    Elle désigna un personnage assis.
    — Voici Osiris. Il préside la pesée.
    Elora s’y attarda un instant avant de s’en détourner subitement, comme appelée par une main invisible. D’un pas vif, elle gagna le mur en face, sentit son cœur s’accélérer.
    — La barque sacrée dédiée à Sokaris, expliqua Mounia en désignant l’objet devant lequel Elora s’était immobilisée.
    Un petit rire lui échappa.
    — Mon père a passé trois jours devant cette scène. Sa première impression lui avait fait voir une ébauche de l’Arche d’alliance que Moïse fit construire au sommet du mont Sinaï. À cause de la lumière qui s’en dégage…
    Mais Elora s’en était déjà détachée, attirée dans son prolongement par un personnage à tête de chacal.
    — C’est Anubis, le dieu funéraire, décrivit Mounia. Il tend la lune au roi pour qu’il l’encense. Enfin, c’est la conclusion à laquelle arriva mon père, car ce n’est pas un rite habitu…
    — Il est en danger ! l’interrompit Elora en faisant brusquement volte-face… Viens ! dit-elle en l’entraînant par la main.
    Ahurie, Mounia se laissa emporter.

40
     
    Un air de guitare les attrapa dès qu’elles sortirent de la pièce. Nycola s’était mis à jouer. Au lieu de le rejoindre, mue par un sentiment irrépressible, Elora obliqua vers un escalier situé entre les salles et le vestibule d’entrée. Mounia grimpa derrière elle.
    La terrasse sur laquelle elle déboucha surplombait la cour intérieure.
    Tout y était calme et Mounia se demanda pourquoi Elora parcourait les alentours d’un regard d’aigle, le nez au vent, l’arc au poing.
    Les animaux auraient perçu une menace bien avant elles, or les dromadaires couchés sur leurs pattes fines ne trahissaient aucune présence malveillante. Quant à Bouba, il battait des mains en rythme depuis le crâne de son maître qui, accroupi, agaçait le feu d’une tige de palme.
    Mounia allait apaiser l’inquiétude irraisonnée d’Elora lorsque la voix suave de Khalil s’éleva sur les accords que jouait le Bohémien. Emplie d’un amour qui défiait le temps perdu, elle s’immobilisa, prise par ce chant qui mêlait la nostalgie d’une terre abandonnée au bonheur d’une vie d’errance et de découvertes.
    Elora refusa de s’en laisser émouvoir.
    — Il est là, chuchota-t-elle en reculant vers l’Égyptienne, restée en retrait du bord de la terrasse.
    Mounia tiqua.
    — Qui ?
    — Anubis…
    Mounia suivit la direction de son regard. Accrocha deux perles lumineuses dans l’obscurité de la nuit, en surplomb du musicien. Elle étouffa un petit cri dans sa gorge. N’était-ce pas sur la petite statue d’un musicien qu’elle avait vu le disque d’Hathor en Sardaigne ? Le gardien, avait dit Elora. En une fraction de seconde, celle qu’il fallut à la jouvencelle pour armer sa flèche, Mounia comprit la symbolique du relief en bas.
    Ce n’était pas la lune qu’Anubis offrait au roi, mais la mort du gardien du temple.
    Le trait fendit l’air dans un sifflement imperceptible, comme l’ombre se dépliait. Elora la faucha en plein saut, brisant net la voix de Khalil qui venait d’accrocher leur lanterne et d’apercevoir grâce à son halo, le geste salvateur.
    Le chacal s’écrasa derrière Nycola dans un bruit sourd, faisant bondir le Bohémien du morceau brisé de colonne sur lequel il s’était installé.
    Porté par l’instinct de survie, Khalil avait sorti son long coutelas. Bouba cachait ses yeux de ses mains et Nycola avait posé sa guitare. L’animal ne bougeait plus. Son râle se perdait dans un souffle qui s’éteignait.
    Elora balaya encore quelques secondes le ciel de son arc, le nez au vent. Aucune odeur sinon celle de la viande cuite. Aucun mouvement. Elle baissa sa garde.
    — Redescendons. Il ne faut pas traîner là, dit-elle.
    En quelques minutes, s’interdisant tout commentaire, ils rassemblèrent leurs affaires, en couvrirent les dromadaires puis les firent passer les uns derrière les autres dans le petit temple, jusqu’à la pièce du fond, qu’ils barricadèrent à mi-hauteur avec des pierres.
    Ensuite seulement, ils s’apaisèrent.
    — Une chance que vous soyez montées, lâcha enfin Nycola, blême, en tapotant l’une dans l’autre ses mains

Weitere Kostenlose Bücher