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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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d’informations très intéressantes que je n’aurais jamais pu
découvrir par ailleurs. Akh, je ne me flattais pas d’avoir révélé la
véritable source de l’antique légende des Amazones. Les Grecs, je le savais, en
avaient parlé plusieurs siècles avant que les Walis-karja ne fassent
souche. J’étais néanmoins assez fier d’avoir élucidé le mystère du lien entre
les Goths et le mythe des Amazones.

 
16
    Geneviève ne découvrit les Walis-karja que trois
jours plus tard. Durant ce laps de temps, j’avais tout fait pour me faire
accepter comme une ignoble Walis-kari.
    De surcroît, et pour obéir aux ordres de Mère Amour, je me
donnai bruyamment en spectacle : je dévorais avec voracité tous les mets
mal cuits que déposaient devant nous les cuisinières successives, et j’allais ensuite
subrepticement les régurgiter presque entièrement. De temps à autre, je
n’hésitai pas à imiter mes sœurs en glissant la tête sous des capuchons posés
sur les feux, inhalant juste ce qu’il fallait de fumée pour avoir les yeux
aussi vitreux et la mâchoire aussi pendante qu’elles, tout en m’arrangeant pour
garder les idées claires. J’acquis aussi de petites notions de leur langage
scythe.
    Par certains aspects, celui-ci n’était pas si éloigné du
gotique. Les femmes prononçaient par exemple Madar Khobi à la place de Modar
Lubo, na plutôt que ne ou encore dokhtar au lieu de daúhtar, mais tous ces mots demeuraient parfaitement compréhensibles. D’autres
étaient plus proches de la langue des Alains, peuple originaire, je crois, des
terres de la Perse, aussi résonnaient-ils de façon plus étrangère à mes
oreilles. J’appris à m’adresser à chaque femme en l’appelant khahar et
non svistar, et à désigner le fameux sliuthr du nom de tanab, tandis
que les seins d’une femme étaient appelés kharbuzé, qui signifie
« melons » et décrivait très bien les leurs – et pas vraiment
les miens. Je réussis à maîtriser assez le scythe pour tenir aisément une
conversation, mais à vrai dire, les sœurs ne m’apprirent guère plus de choses
intéressantes.
    Chaque fois que j’abattais à la fronde un lapin ou un auths-hana, ou que je parvenais à pêcher à la ligne un sandre, elles ne manquaient pas
de me recommander :
    — Pense à aller faire une offrande, khahar Veleda.
    Je fis donc comme elles me l’avaient montré : je coupai
la tête de ma proie et allai la déposer sur une souche de cyprès, par ailleurs
tout à fait banale, qui servait d’autel pour les deux déités féminines de la
tribu. Ce fut le seul rite, le seul office auquel je me soumis envers Tabiti et
Argimpasa. J’avais déduit que Tabiti équivalait chez les païens romains à
Vesta, la déesse du Foyer, et Argimpasa à Vénus, divinité de l’Amour et de la
Beauté. Les Walis-karja ne possédant pour tout foyer qu’un âtre des plus
rudimentaires, et ne se préoccupant pas plus d’amour que de beauté, je ne
trouvai pas surprenant que leurs dévotions fussent si parcimonieuses et
cavalières.
    Mes compagnes me montrèrent aussi comment elles s’y
prenaient pour pêcher les perles, qu’elles appelaient dokmé-shena. Grâce
à leur épaisse couche de graisse, elles supportaient l’eau froide sans
problème, mais en contrepartie, elles avaient tendance à flotter un peu trop
vite, et avaient donc besoin de se faire aider pour plonger. Une fois
débarrassées de leurs vêtements et munies de leur panier d’osier, elles se
laissaient glisser dans l’eau, lestées d’une lourde roche et pouvaient ainsi
couler jusqu’à la boue du fond de la rivière où étaient enfouies les moules.
Parvenues en bas, elles étaient capables de s’y maintenir plus longtemps que je
ne l’aurais humainement cru possible. Leurs « melons » devaient
dissimuler de vastes poumons, car ces femmes pouvaient garder leur souffle le
temps de remplir un plein panier de coquillages bleus. Une fois remontées sur
la rive, il leur fallait parfois en ouvrir une centaine avant de tomber sur une
perle. Avec un couteau, il m’aurait fallu une demi-journée pour m’acquitter de
cette tâche, mais elles y parvenaient à une vitesse incroyable, se servant
seulement de leurs pouces cornés. Les moules ne contenant que la chair orangée
du coquillage étaient prestement jetées à l’écart, et tout le panier pouvait
bien y passer, puis après lui un autre, et encore un autre, avant qu’elles ne
tombent sur une perle digne

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