Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
d’être gardée.
    Les perles n’avaient pas la jolie teinte des perles de
mer ; elles n’étaient pas aussi brillantes, et très peu étaient vraiment
rondes. En forme de gouttes aux proportions irrégulières, certaines ne
dépassaient pas la taille d’un œil de mouche, d’autres étaient presque aussi
larges que mon petit doigt, la plupart oscillant entre ces extrêmes. Je doute
qu’elles en auraient tiré un bon prix si les marchands de Lviv n’avaient pas
été aussi terrorisés par la vue des Walis-karja.
    Pendant que j’assistais à cette pêche aux perles, des
plantes poussant sur la berge attirèrent mon attention. J’empruntai l’un des
paniers à moules et allai en arracher suffisamment pour le remplir. Les femmes
trouvèrent cela un peu suspect, et je leur déclarai, ce qui était la
vérité :
    — De quoi parfumer notre repas, quand viendra mon tour
de cuisiner.
    Durant tout le temps que je passai chez les Walis-karja, jamais
elles ne lancèrent d’attaques sur Lviv ou une bourgade des alentours, aussi je
ne pus constater si elles étaient d’aussi terribles maraudeuses que
l’affirmaient la légende et la rumeur. En revanche, dès ma troisième matinée
parmi elles, je pus assister à l’une de leurs expéditions de chasse. Nous
venions juste de nous réveiller ce matin-là lorsque l’une des sentinelles
nocturnes, Shirin, nous rapporta avoir vu, au cours de sa veille, un élan dodu
de tout premier choix rôder dans les bois. Mère Amour retroussa les babines sur
un large sourire, tel un dragon affamé, et déclara que nous allions ajouter à
notre garde-manger un peu de bonne viande d’élan. Elle désigna une douzaine de
femmes pour accompagner Shirin, puis rajouta mon nom à la liste.
    — Mais ne te mêle pas à la chasse, me mit-elle en
garde. Contente-toi d’observer et d’apprendre.
    Une autre pensée la frappa soudain.
    — Finalement, j’irai aussi. Ce sera une bonne occasion
d’essayer notre nouveau cheval.
    Elle parlait de mon Velox, mais je n’émis aucune
protestation. Je notai avec intérêt que pour des tâches aussi sérieuses, les
Amazones ne montaient pas à cru. Elles fixèrent sur Velox mon excellente selle
de l’armée romaine, et équipèrent de vieilles selles délabrées les petits
chevaux tristes que nous allions monter. Il fallut l’aide de quatre femmes pour
jucher leur massive mère sur Velox, qui hennit de manière lugubre sous sa
charge. Elle réussit cependant à se tenir fermement en selle, du moins tant que
nous restions tranquillement au pas.
    Nous gagnâmes une butte dominant une clairière de la forêt,
une grande dépression du terrain tapissée d’herbe haute, et Shirin nous fit
silencieusement comprendre que tout près de là, elle avait aperçu l’élan. Nous
fîmes donc halte et Mère Amour, de ses bras épais comme des troncs, indiqua du
geste à chacune de ses chasseresses la marche à suivre. Nous les laissâmes
s’éloigner sans bruit dans différentes directions, demeurant en selle côte à
côte, la vieille femme et moi. À leur place, j’aurais laissé mon cheval et
aurais rampé jusqu’à portée de flèche de ma proie. Mais les Walis-karja développèrent une tout autre stratégie. Certaines d’entre elles choisirent de
contourner l’élan de très loin par l’arrière, avant de cingler au galop dans sa
direction, comme me le prouvèrent les lointains bruits de sabots que je ne
tardai pas à discerner. Presque aussitôt, fuyant devant la charge, l’animal
surgit des bois au fond de la clairière, bondissant à grandes enjambées
affolées.
    Mais alors que le fuyard était parvenu quasiment à mi-chemin
de la dépression herbeuse, sa course s’interrompit net. Aucune flèche n’avait
été tirée, et pourtant l’élan s’arrêta comme s’il avait percuté un mur. Il fit
un violent bond sur le côté, puis un autre, et resta alors debout bien campé
sur ses pattes, ruant furieusement et se convulsant de droite et de gauche, se
tortillant tel un poisson pris à l’hameçon. Tandis que leurs sœurs menaient la
charge, les autres femmes avait pris position de part et d’autre de la longue
clairière, disposant leurs chevaux à intervalles réguliers parmi les arbres, et
je ne décelai leur présence qu’une fois l’élan immobilisé, quand je vis leurs
chevaux sortir du couvert de la lisière, dans une curieuse progression de côté.
J’avais beau tenir en piètre estime les Walis-karja , je fus bien obligé
de

Weitere Kostenlose Bücher