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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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malveillant Sigurd ! Regardez-nous, messeigneurs !
Regardez mon mari, et jetez les yeux sur moi. Vous trouvez ça juste ? Je
vous le demande… Vous trouvez ça juste ?

 
19
    Quand nous remontâmes à bord, le capitaine me dit d’un ton
affable :
    — Nous sommes venus de loin. Maintenant que nous y
sommes, il n’y a pas d’urgence à repartir. Vous pouvez revenir à terre aussi
souvent que vous le voudrez.
    Et d’un ton plein d’espoir, Frido ajouta :
    — Nous pourrions escalader les falaises, et aller
explorer l’intérieur de l’île !
    —  Ne, répondis-je. Thags izvis, capitaine,
vous pouvez lever l’ancre dès que vous serez prêt. Ramenez-nous à Pomore.
    Il partit crier ses ordres, et j’expliquai au prince :
    — Ici s’arrête ma quête. L’histoire des Goths ne peut
remonter plus loin que ce que nous a raconté cette vieille folle de Hildr. J’ai
assez vu Gutaland, cette Skandza et ce Grand Nord gelé. J’apprécie à sa juste
valeur ton appétit de découverte, jeune Frido, mais se déplacer à pied en plein
hiver est une rude tâche, même en des terres moins hostiles que celle-ci. Je ne
voudrais pas mettre en péril ta santé, et me faire fouetter par ta reine-mère.
    Il y eut un bref silence. Le temps était venu pour moi de
pêcher contre les lois de confraternité de notre peuple, et contre celles de
l’hospitalité. Si ténu qu’ait été le lien de parenté entre la reine Giso et
moi, je m’apprêtais à lui être déloyal. Si bourru qu’ait pu me paraître l’accueil
qu’elle m’avait réservé, il n’en relevait pas moins de l’hospitalité, et
j’allais le payer d’une trahison. Mais j’attendais, espérant que le prince
Frido en émettrait l’idée avant même qu’elle ne soit suggérée par moi.
    Il déclara finalement :
    — Et maintenant, que vas-tu faire, Saio Thorn ?
    — Repartir vers le sud, répliquai-je d’un ton léger,
prenant bien soin toutefois d’employer des termes suffisamment ambigus. Je vais
rejoindre le roi Théodoric. Puis me battre avec lui… et avec ton père le roi,
dès que la guerre commencera.
    — Comment comptes-tu partir vers le sud ? La Viswa
ne sera pas dégelée avant deux mois, au moins.
    —  Akh, j’ai un bon cheval. Voyager l’hiver n’a
rien d’impossible pour un cavalier.
    Il y eut de nouveau un silence. J’attendais.
    D’une voix teintée d’espoir, il fit remarquer :
    — Moi aussi, j’ai un bon cheval.
    Je laissai ces paroles résonner un moment entre nous. Puis
j’enchaînai, sans sévérité exagérée dans la voix :
    — Tu désobéirais aux exigences de ta mère la
reine ?
    — Je pense que tu as raison… quand tu affirmes que la
guerre n’est pas l’affaire des mères. Je vais aller le lui dire en face, et
ensuite…
    — Attends, Frido. Je te recommande d’éviter toute
confrontation.
    En le conseillant de la sorte, je ne faisais preuve que
d’esprit pratique, ayant remarqué combien l’enfant faiblissait devant
l’impérieuse autorité de sa mère.
    — Nous avons déjà tout ce qu’il nous faut pour le
voyage. Quand nous accosterons à Pomore, nous n’aurons qu’à demander à l’un des
gardes d’aller quérir nos chevaux sellés, comme si tu te préparais à faire une
entrée triomphale au palais. Il ne nous restera plus qu’à jeter nos bagages sur
les bêtes, et… galoper hors de la ville.
    — Alors je peux venir avec toi ? s’exclama-t-il,
rayonnant de joie.
    — Bien entendu. J’ai l’intention de te conduire jusqu’à
ton père le roi… enfin, si nous ne nous faisons pas attaquer en chemin. Ta mère
est bien capable d’envoyer ses gardes à nos trousses.
    —  Akh ! (Il rit avec dédain.) Nous n’aurons
aucun mal à prendre de vitesse ces imbéciles de vieillards tout juste bons à
lancer les dés, ces sacs à bière grincheux qui sont à son service !
N’est-ce pas, ami Thorn ?
    — C’est entendu, ami Frido, fis-je, scellant l’accord
d’une bonne claque sur l’épaule.
    Son sourire s’élargit un peu plus, et il pointa du doigt le
ciel.
    — Tu as vu ? Un augure favorable.
    Pour la première fois du voyage, les nuages couleur de plomb
s’étaient clairsemés, et laissaient apercevoir quelques coins de ciel d’un bleu
cristallin, tandis que les rayons du soleil doraient les falaises du Gutaland
et le pont sur lequel nous nous trouvions, faisant scintiller le toross autour de nous. Les hommes d’équipage hissèrent des voiles aux

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