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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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commandait :
    — Vous pouvez leur donner l’ordre de commencer,
décurion. Si l’on était amené à repérer un gué dans les environs, il serait de
toute façon trop au nord pour nous être vraiment utile. Il serait donc opportun
que vos hommes scient une bonne quantité de troncs d’arbres, au cas où nous en
aurions besoin.
    Le décurion partit aboyer ses ordres dans la nuit, et peu
après nous entendîmes s’abattre les premiers coups de hache. C’est alors que
Théodoric me montra un point situé sur l’autre rive.
    — Regarde, Thorn.
    Un point lumineux perça l’obscurité, suivi d’un second, puis
de plusieurs autres.
    — Des torches, soufflai-je.
    — Des signaux de Polybe, acquiesça-t-il. Les porteurs
de torches sont perchés sur ces plates-formes dont on nous a parlé.
    Il descendit de cheval.
    — Sortons du couvert de ces arbres, et avançons-nous
pour mieux décrypter ce qu’ils disent.
    — Même ceux du phare de Constantinople, je n’ai jamais
su les interpréter…, constatai-je quand nous fûmes assis tous deux sur la
berge.
    — Le principe du carré de Polybe est simple. Au moyen
de torches la nuit, et grâce à des signaux de fumée le jour, on épelle des
mots. Les vingt lettres de l’alphabet romain sont divisées en cinq groupes de
quatre. A, B, C, D, puis E, F, G, H et ainsi de suite. Les cinq torches de
gauche indiquent de quel groupe il s’agit. Tu vois là-bas ? Une torche
s’élève un temps au-dessus des autres. Et sur la plateforme de droite, l’une
des quatre torches fait de même, indiquant quelle lettre du groupe est
désignée.
    —  Ja, je vois, fis-je. Sur la gauche, la
deuxième torche est brandie. Sur la droite, la première. Maintenant, on les
lève à nouveau. À gauche, toujours la première. À droite, la quatrième.
    — Continue à les repérer à voix haute, dit Théodoric,
qui s’était penché vers le sol. Je dispose des brindilles ici au fur et à
mesure, pour les noter.
    — D’accord. Maintenant, à gauche, la quatrième torche.
Et à droite, la troisième. À gauche, la troisième à présent… et même chose pour
la droite. Puis la quatrième à gauche, et la deuxième à droite.
    Théodoric attendit, puis dit :
    — Et puis ?
    — C’est tout. Les voilà qui recommencent la même
séquence, à présent. Je crois qu’ils transmettent un simple mot de cinq
lettres.
    — Attends, alors. Voyons si je peux déchiffrer mes
notes. Hm… second groupe, première lettre… c’est le E. Premier groupe,
quatrième lettre… le D.
    —  Macte virtute [80] , murmurai-je, admiratif. Ça
fonctionne !
    — Puis P…, puis L… et O. Edplo. Edplo ? Hm… ça ne
marche pas si bien que ça, on dirait. Edplo, ça ne veut rien dire. Pas plus en
latin qu’en gotique ou en grec.
    Ayant observé les torches à nouveau, je confirmai :
    — Ils reproduisent pourtant le même mot, encore et
encore. Ils en sont à quatre ou cinq fois, maintenant.
    Théodoric grogna, contrarié.
    — On l’a bien, alors. Mais par tous les dieux, quelle
langue utilisent-ils ?
    — Attends, fis-je. Je crois avoir compris. La langue
est le latin, c’est vrai, mais ils n’utilisent pas l’alphabet romain. C’est
assez fin de leur part. Ils emploient le futhark, le vieil alphabet
runique. Ce n’est donc pas A, B, C, D, mais faihu, úrus, thorn, ansus… Voyons
voir : deuxième groupe, première lettre… ce serait raida. Premier
groupe, quatrième lettre… ansus. Nous avons donc R, A… puis teiws… et eis… et sauil. Le mot est ratis. Tu vois ? Du
latin !
    Théodoric éclata d’un rire enfantin.
    —  Ja ! Ratis, un radeau !
    — Ils ont entendu nos bûcherons se mettre à l’ouvrage.
Ils signalent à Odoacre ou à Tufa que nous fabriquons des radeaux, ici vers
l’amont.
    — Laissons-les faire, fit gaiement Théodoric alors que nous
retournions vers nos chevaux. S’ils sont assez fous pour s’imaginer que nous
allons faire traverser environ vingt mille hommes et dix mille chevaux par ce
moyen, laissons-les le croire.
    — Et pendant ce temps, que ferons-nous
réellement ?
    — Nous les attaquerons de toute la puissance de nos
forces, répondit-il tandis que nous rebroussions chemin vers le camp. Ainsi en
ai-je décidé. Demain, juste avant l’aube. J’irai crier mon défi, puis la guerre
commencera.
    — Bien… Où veux-tu que je combatte ?
    — Tu es à pied ou à cheval, cette fois ?
    —  Akh, mon Velox ne me pardonnerait

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