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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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jamais de le
laisser tomber.
    J’assénai une claque amicale sur sa brillante encolure.
    — Velox ? répéta Théodoric, perplexe. (Il se
pencha pour scruter dans l’obscurité.) Je croyais que seul Wotan disposait d’un
coursier immortel, avec Sleipnir. Ne me dis pas, Thorn, que c’est le même
cheval que celui que tu chevauchais quand nous nous sommes rencontrés, il y a
quinze ans ?
    Ce fut mon tour de rire.
    — J’adorerais te laisser dans le doute. Celui-ci est le
troisième du nom. Mais j’ai de la chance qu’il soit aussi semblable au premier
de la lignée.
    — Effectivement, oui ! Si jamais tu abandonnes la
carrière des armes, fais-toi éleveur de chevaux. Mais puisque tu es encore un
guerrier, doté d’un bon destrier, joins-toi à Ibba, demain. Sa cavalerie sera à
l’avant-garde.
    — Ne préférerais-tu pas que j’accompagne le jeune
Freidereikhs ?
    — Il ne sera pas à cheval. Comme je le lui ai demandé,
lui et ses Ruges seront affectés aux catapultes… balistes et onagres. Depuis
notre arrivée ses hommes ont rassemblé des rochers, ainsi que tout ce qui
pourrait servir de projectiles.
    — Que veux-tu en faire, Théodoric ? Comptes-tu
abattre le Pons Sontii ?
    —  Pourquoi le ferais-je ? J’en aurai besoin
pour notre traversée.
    — Que souhaites-tu faire, en ce cas ? Comme l’a
dit Freidereikhs, il n’y a aucune muraille, ni la moindre barricade à démolir.
    —  Akh, il y en a, Thorn. Tu ne les as pas
repérées parce qu’elles ne sont pas de pierre, de fer ou de bois. J’espère
simplement qu’Odoacre et Tufa penseront, comme toi, que je n’ai pas besoin
d’engins de siège. Mais tout ce qui obstrue le chemin est pour moi une
barricade. Je bombarderai et abattrai l’obstacle comme si c’en était une.
     
    *
     
    Le lendemain à l’aube, je pris conscience de ce qu’il avait
voulu dire : la barricade à démolir était constituée de chair, d’os et de
muscles.
    Ce ne fut pas Odoacre, mais Tufa, le Ruge devenu Romain, qui
fit face à Théodoric sur le Pons Sontii. Quand les deux hommes eurent accompli
les formalités rituelles, Théodoric ayant crié son défi, Tufa son contre-défi,
et que tous deux eurent déclaré : « C’est la guerre ! »,
Tufa fit demi-tour et regagna l’extrémité du pont. Théodoric resta où il se
trouvait, tira son épée et d’un geste autoritaire au-dessus de l’épaule, balaya
majestueusement l’air, signifiant «  Impetus ! » [81] .
    Mais Ibba ne lança pas ses cavaliers à la charge. Au lieu du
bruit de tonnerre de nos sabots frappant le sol, monta de derrière nous un
ahurissant tapotement, suivi d’une salve discontinue de détonations mates et
sourdes qui firent littéralement trembler le sol, et nous fûmes comme
enveloppés d’un chuintement semblable au battement d’innombrables ailes
gigantesques. La blancheur nacrée de l’aube fut soudain striée d’une cascade de
météores incandescents jaillis de derrière nous, étincelant un temps dans le
ciel pour aller s’écraser au sol, de l’autre côté du pont, dans des gerbes
d’étincelles.
    Ces rougeoyants bolides et leur ardent sillage de flammèches
fumantes n’étaient pas surgis des cieux comme par magie. C’étaient les
projectiles violemment expulsés par les onagres et balistes rangés dans les
bois derrière nous, des rochers enduits d’une mélasse de broussailles sèches
humectée d’huile que l’on enflammait juste avant de les lâcher. Et leur
incessant ballet continuait de plus belle au-dessus de nos têtes, à mesure que
les hommes de Freidereikhs retendaient, chargeaient et libéraient prestement
les bras articulés de leurs catapultes. Une baliste, déchargeant la puissance
accumulée dans ses cordes étroitement serrées, projette une roche du poids de
deux hommes à deux stades de distance [82] . Un massif
onagre, se libérant de l’énergie compressée dans la torsion de ses solives,
envoie le même poids deux fois plus loin. Aussi les balistes avaient-elles été
braquées vers l’extrémité du pont, sur les légions alignées le long des rives,
au nord et au sud. Quant aux onagres, ils lançaient leurs projectiles bien plus
loin, parmi l’infanterie et la cavalerie massées vers l’ouest, dans l’espace
défriché séparant la berge de la lisière des arbres.
    J’ignore si de telles machines, conçues pour le patient et
méthodique martelage de lourdes fortifications, ont jamais été, au cours de

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