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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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sur place, en attendant que
le climat torride se radoucisse. Mais notre attente fut vaine, car la chaleur
resta de plomb, et comme c’était à craindre, l’humidité morbide des marais
provoqua des maladies, de l’agressivité et des querelles au sein de nos troupes.
Finalement, nolens volens, Théodoric donna l’ordre de tout remballer et
de se remettre en marche.
    Nous laissâmes derrière nous les marécages, et ce fut une
bénédiction, mais le temps demeura d’une chaleur et d’une humidité
oppressantes. Et comme si cela n’avait pas suffi à rendre la progression
pénible et laborieuse, nous débouchâmes dans un paysage plus étrange et
désolant encore. Ceux qui y sont nés et sont obligés d’y habiter l’appellent
« karst » et le maudissent, et nous n’allions pas tarder à en faire
autant. Cette contrée est essentiellement calcaire, et la traverser en marchant
est aussi épuisant pour les pieds des hommes que pour les sabots des chevaux.
Pire, la roche nue retient la chaleur du soleil et la renvoie, ce qui amplifie
cette sensation étouffante plus que sur tout autre terrain. Le plus curieux est
que le karst est parcouru d’un réseau de rivières souterraines. Dans des temps
reculés, une partie des grottes et cavernes creusées par ces cours d’eau se
sont effondrées, laissant sur la surface calcaire de vastes dépressions allant
de la taille d’un amphithéâtre à des cratères capables de contenir une ville
entière. Au fil du temps, du limon s’est accumulé dans ces creux, et c’est là
que vivent les autochtones, sur de minuscules terrains de forme arrondie ou
oblongue. Quand il arpente ces dépressions, le passant peut généralement
distinguer la rivière qui en est l’origine ; elle sort de la roche pour
disparaître à nouveau à l’extrémité, reprenant son cours souterrain.
    Thags Guth, nous atteignîmes enfin une autre rivière
plus conventionnelle, le Sontius, qui coulait à fleur de terre dans un paysage
beaucoup plus riant, au sol fertile, couvert de verdure et de fleurs. Nous y
parvînmes avec un réel sentiment de soulagement et de bonheur. Mais sur l’autre
rive, là où débutait la province italienne de Vénétie, nous découvrîmes alors
les puissantes légions d’Odoacre, amassées, prêtes à nous arrêter, mais surtout
à nous anéantir.

 
24
    Ce furent nos speculatores, évoluant loin en avant de
nos colonnes, qui eurent la première vision des forces ennemies chargées de
défendre la frontière de la Vénétie. Après avoir discrètement reconnu le front
du sud au nord – du golfe Tergeste, où le Sontius se jette dans
l’Adriatique, jusqu’aux contreforts des Alpes Juliennes –, les éclaireurs
vinrent nous faire leur rapport. Quand leur optio prit la parole, il ne
put dissimuler une crainte respectueuse dans sa voix :
    — Roi Théodoric, les troupes que nous avons vues sont
en nombre presque incalculable. Elles s’étirent sur une largeur de près de
quatre milles le long de la rive ouest du fleuve. Leur plus grosse
concentration se trouve bien évidemment massée à l’extrémité du Pons Sontii, le
seul pont qui permette de franchir le cours d’eau, en face de notre ligne de marche.
    — Je m’y attendais, fit Théodoric, peu impressionné.
Après tout, Odoacre a eu tout le temps nécessaire pour amasser des troupes. À
quoi d’autre a-t-il occupé son temps, optio  ? Quelles sortes de
défenses ses légions ont-elles édifiées contre nous ?
    — Nos ennemis semblent avoir avant tout confiance dans
leur nombre, répondit l’éclaireur. Ils n’ont rien construit de substantiel
hormis les habituels camps romains, bien ordonnés le long de la rivière.
D’impeccables rangées de ces vastes tentes papillon où dorment les
légionnaires, avec au milieu des magasins d’approvisionnement, des enclos pour
les chevaux, des tentes servant de dépôt d’armes, de forge ou de cuisine, mais
aussi quelques porcheries et parcs à moutons pour les animaux qui assurent leur
subsistance ; bref, toutes les commodités classiques des camps militaires.
Mais pas de murs ni de bâtiments en dur, pas de palissades.
    Théodoric secoua la tête.
    — Ils comptent à juste raison sur un farouche combat au
corps à corps et veulent pouvoir se déplacer rapidement, sans obstacles. Qu’en
est-il du terrain en bordure de rivière, optio  ?
    — Du golfe aux contreforts montagneux, le sol est plat,
comme ici, avec une différence toutefois sur la

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