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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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devinai l’abréviation de
« Mediolanum [96]  » car c’était la plus grande
ville de la région de l’Addua. Quant au troisième mot, ce devait être une forme
du verbe latin possidere. Je souris triomphalement ; les nouvelles
étaient bonnes. Cela signifiait que Théodoric n’avait pas été vaincu, ni même
stoppé sur l’Addua. Lui et son armée avaient poussé au-delà de ce fleuve,
jusqu’à « prendre possession » de Mediolanum. Soit cette ville, la
seconde après Rome en termes de population, était déjà prise, soit elle était
sur le point d’être occupée.
    Je m’exclamai chaleureusement :
    — Vous avez bien travaillé, Hruth. Je vous remercie, et
vous félicite.
    La tape amicale que je lui assénai alors sur l’épaule, peu
conforme aux usages chez une dame, dut le surprendre quelque peu.
    — Si ces nouvelles ne tirent pas immédiatement Tufa de
Ravenne, c’est que notre homme est déjà mort. Quoi qu’il en soit, regagnez vite
votre poste. Je vois que je puis compter sur votre efficacité, et suis certaine
que vous me ramènerez sans délai tous les prochains messages.
    Hruth s’était à peine éloigné de Bononia quand il croisa son
camarade, lancé au galop en sens inverse. Deux heures ne s’étaient pas écoulées
que le cheval d’Ewig s’arrêtait en dérapant au milieu de la cour de l’ hospitium. Entrant en coup de vent dans mes appartements, Ewig articula entre deux
hoquets :
    — Tufa… est sorti… ce matin de Ravenne.
    — Bien, ça, bien ! chantonnai-je. J’étais sûre
qu’il y viendrait. À quelle distance vous suit-il ?
    Ewig secoua la tête, cherchant sa respiration.
    — Il n’arrive pas… de ce côté… Tufa file au sud…
    —  Skeit ! crachai-je, de manière bien peu
féminine.
    Une fois qu’il eut repris son souffle, Ewig
m’expliqua :
    — Tufa n’est jamais passé près de l’endroit où je
veillais, Dame Veleda. Ne pouvant observer que la route des marais, j’ai
interrogé par gestes les gens du coin. Ils m’ont confié sans hésitation ce
qu’ils savaient des allées et venues de Tufa.
    — J’ai moi aussi déjà remarqué, murmurai-je, que ses
sujets sont assez diserts sur son compte.
    — S’il faut en croire leurs assertions, Tufa a quitté
Ravenne en compagnie d’une simple turma de cavalerie, sa garde
personnelle je présume. Ils seraient partis en trombe au sud, vers Ariminum, et
auraient pris ensuite la Via Flaminia, toujours dans cette direction.
    — C’est la route la plus directe pour Rome, fis-je.
    C’était rageant, mais compréhensible. Sachant que la seconde
plus grande ville d’Italie était aux mains de Théodoric, il lui avait paru
évident de se précipiter vers la plus peuplée, afin d’en renforcer les
défenses.
    Je repris, dans un murmure :
    — Ma foi, ce serait folie de ma part que de chercher à
le traquer dans toute la région. Après tout, sa ville de Bononia n’est pas
quantité négligeable, et il ne l’abandonnera sûrement pas à l’ennemi. Il va
forcément y revenir un jour ou l’autre.
    M’adressant de nouveau à Ewig, je lui indiquai :
    — Si vous pouvez parvenir à retrouver la troupe de Tufa
et le suivre à distance, sans vous faire repérer par ses espions, faites-le. Et
puisque vous êtes assez fin pour vous concilier l’aide des paysans italiens,
continuez. Envoyez-moi l’un d’eux pour me prévenir dès que Tufa sera parvenu à
Rome. Vous, restez-y en faction, de façon à venir m’avertir dès qu’il en
partira, et me dire quelle direction il a prise.
     
    *
     
    S’il est une condition absolument essentielle à tout projet
d’assassinat, c’est bien que le meurtrier puisse entrer en contact avec sa
victime. Il ne m’en fallait pas plus, le reste de mon plan pour tuer Tufa étant
simple à l’extrême. Mais la victime, sans même avoir eu vent de ma présence ou
de mes intentions, continuait de se dérober et restait hors d’atteinte. Pour
résumer en peu de mots l’exaspérante frustration que je ressentis à cette
époque, disons que je passai l’hiver emmurée dans Bononia.
    De temps à autre, par l’un des messagers recrutés par Ewig
ou de source locale, je sus que Tufa s’était remis en route, mais durant les
mois qui suivirent, aucun de ses déplacements ne le mena jusqu’à Bononia. Après
un séjour à Rome, il s’était successivement rendu à Capua [97] , la cité du
bronze, puis à Sulmo [98] , celle du fer, et je n’eus aucun
mal à

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