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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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tâche prenante, et je n’eus aucun mal à remarquer le
seul homme qui semblait errer près de la fontaine, oisif et passablement las.
Je m’assurai que j’étais seule à l’espionner, puis m’approchai de lui d’un pas
nonchalant pour lui souffler à mi-voix :
    — C’est bien le signifer Tulum qui vous a mis en
poste ici ?
    Instantanément, il se figea dans une rigide posture
militaire et aboya :
    —  Ja, Dame Veleda !
    Plusieurs passants se retournèrent.
    Je retins un sourire et murmurai :
    — Du calme. Restez calme. Faites comme si nous étions
de vieux amis se rencontrant par hasard. Asseyez-vous ici avec moi, au bord de
la fontaine.
    Il s’exécuta, toujours avec raideur.
    — Combien d’entre vous Tulum a-t-il retrouvés ?
m’enquis-je.
    — Trois, madame. Le signifer est maintenant
reparti vers le nord. Nous vous avons attendue ici, suivant ses instructions,
nous relayant près de cette fontaine.
    — Faites-leur signe de nous rejoindre.
    Les trois cavaliers se nommaient Ewig, Kniva et Hruth. S’ils
trouvèrent un peu étrange de se soumettre aux ordres d’une femme, ils n’en
laissèrent rien paraître. En fait, leur attitude demeurait si martiale et
rigide que je dus leur chuchoter à plusieurs reprises de se détendre.
    — Pour ce que nous en savons, dit Ewig, nous sommes
avec Tulum les uniques survivants de la centurie de Bruno. Tulum nous a dit que
vous et le Saio Thorn étiez ici pour venger nos camarades assassinés, en
supprimant cette infecte pourriture de général Tufa. Et nous sommes prêts, nous
brûlons même, de vous aider de la manière la plus utile qui soit.
    — Marchons un peu en discutant, fis-je, consciente que
nous attirions quelque peu l’attention. Plusieurs femmes passant par là, dont
certaines très bien mises, m’avaient jeté des regards envieux de me voir ainsi
entourée de trois robustes étalons.
    — Notre gibier, le méprisable général Tufa, fis-je en
les guidant vers mon hospitium, réside en ce moment à Ravenne, à
quarante milles à l’est. Ses obligations de légat le conduiront tôt ou tard
ici, aussi vais-je l’y attendre.
    Face à leurs regards en biais, j’ajoutai :
    — Avec le Saio Thorn, bien sûr. Mais celui-ci
doit demeurer hors de vue jusqu’au moment de frapper. Ce bâtiment que vous
voyez derrière, c’est l’ hospitium où je réside, et c’est là que vous
viendrez me faire vos rapports. Dans cette ville on parle plusieurs langues,
dont la nôtre, mais le latin est évidemment le plus courant. L’un d’entre vous
le parle-t-il couramment ?
    Kniva signifia qu’il le comprenait bien et pouvait se faire
comprendre en latin. Les deux autres s’excusèrent de ne pouvoir y parvenir.
    — C’est donc vous, Kniva, qui m’aiderez à l’intérieur
de la ville. Hruth et Ewig, vous serez mes speculatores à l’extérieur.
Ewig, vous allez sauter en selle et vous hâter le long de la Via Aemilia
jusqu’à l’entrée de la voie menant à Ravenne. Tout en restant aussi discret que
possible, vous vous dissimulerez dans les environs et guetterez le moment où
Tufa sortira de Ravenne. Galopez alors jusqu’ici pour me prévenir. Je vous
attendrai, dans l’ardent espoir de le voir venir de ce côté. Mais s’il devait
se diriger ailleurs, il faudra aussi que j’en sois informée. Allons, en selle à
présent. Habái ita swe !
    Ewig esquissa un salut du bras, mais devant mes sourcils
froncés, il interrompit son geste et se contenta de murmurer : « À
vos ordres, madame » avant de se mettre en route.
    Je me tournai alors vers Hruth :
    — Je veux que vous vous rendiez au même endroit, mais
c’est la nuit qu’il vous faudra ouvrir l’œil. Ravenne est tenue informée du
déroulement de la guerre par des signes lumineux envoyés à l’aide de torches.
Vous allez capter ces messages et me les transmettre.
    Persuadée qu’un simple cavalier ne savait ni lire ni écrire,
ni peut-être compter, je ne tentai même pas d’expliquer à Hruth les subtilités
du système de Polybe. Je lui demandai juste de tracer sur une feuille ou un
morceau d’écorce des lignes correspondant aux deux groupes de cinq et de quatre
torches, marquant le nombre de fois qu’elles seraient levées.
    — Si vous y arrivez, je saurai lire les messages,
l’assurai-je.
    Hruth me dévisagea avec un respect mêlé d’admiration, et
jura qu’il s’y emploierait de son mieux.
    — Je veux que chaque message soit ainsi pris en

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