Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
beaux pour être désirables même vêtus de
haillons. Je les congédiai comme les autres. Parmi tous les riches et éminents
requérants, je ne m’intéressai qu’à ceux présumés suffisamment proches de
l’entourage immédiat de Tufa. Ils étaient encore assez nombreux pour que je me
paie le luxe de ne sélectionner que ceux que je trouvais physiquement
attirants.
    J’insistais beaucoup sur un autre détail. Comme je l’ai dit,
nombre de ces hommes étaient venus présenter leur demande initiale à la nuit
tombée, étroitement enveloppés dans leurs manteaux, arrivés sans doute dans mon hospitium par une porte dérobée. Mais ils ne le faisaient pas deux
fois ; lors de toutes nos rencontres ultérieures, ils me recevaient chez
eux. Les dignitaires locaux auraient peut-être préféré opter pour une
discrétion plus feutrée et furtive dans leurs relations avec moi, mais je ne
voyais décidément pas les choses ainsi. Je tenais à ce que Tufa réalisât, dès
la première fois qu’il entendrait parler de moi, qu’il ne pourrait me recevoir
que dans son palais de légat. Je refusai tout net d’entretenir une relation
dans mes appartements. J’en fis même une condition suspensive, et si un homme
désirait passer du bon temps avec moi, cela devait obligatoirement se faire
sous son toit. Certains protestèrent hautement contre une telle exigence –
la plupart étaient mariés, après tout –, mais seuls quelques esprits
faibles se déclarèrent dans l’incapacité de s’y plier et se désistèrent à
regret. D’autres, comme le judex Diorio, s’arrangèrent pour envoyer leur
famille en voyage. D’autres encore m’emmenèrent ouvertement chez eux et mirent
au défi leur femme d’élever des objections, sous la menace de la violence. L’un
d’entre eux, le medicus Corneto, me convia chez lui et offrit crânement
le choix à sa femme : ou bien elle acceptait nos cabrioles sans rien dire,
ou elle se joignait à nous. Même l’évêque Crescia de Bononia m’invita chez lui,
à l’intérieur de son presbytère de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, au
grand scandale – ou à l’admiration – de ses serviteurs, prêtres et
diacres.
    Hormis le plaisir d’admirer les somptueux intérieurs de
nombreux manoirs et palais, ainsi que la relique unique de la cathédrale, le
fameux bol dans lequel Ponce Pilate s’en était « lavé les mains », je
trouvai à ces visites un autre avantage. Un homme est en général beaucoup plus
loquace dans son environnement familier que dans le plus luxueux des lupanars
ou une chambre de fortune, et ces hommes étaient des intimes de Tufa. Grâce à eux,
j’en appris bien plus sur ses allées et venues que par toute autre source, et
eus ainsi la primeur d’intéressantes conjectures quant à ce qui pouvait le
mener d’un bout à l’autre de l’Italie.
    N’ayant plus besoin de Kniva pour chanter mes louanges à travers
la ville – que j’éblouissais de mes talents de la manière la plus
flagrante – et le pauvre bougre étant devenu si abruti par l’alcool qu’il
divaguait littéralement d’une taverne à l’autre, je le relevai de ses fonctions
et lui accordai un repos bien mérité. Dès qu’il eut retrouvé sa sobriété et son
allant naturels, je l’envoyai au nord rejoindre Théodoric à Mediolanum. Je lui
confiai aussi un message relatant tout ce que j’avais pu apprendre des
pérégrinations de Tufa, et mes déductions quant à l’objet de ces voyages.
J’ignorais dans quelle mesure ces informations pourraient être utiles à
Théodoric, mais elles me donnèrent l’illusion de ne pas perdre tout mon temps
dans ce quotidien fait de frivolités.
    En avril, Hruth intercepta un message différent de ceux qui
réitéraient l’information de l’occupation de Mediolanum par Théodoric. J’eus du
moins des raisons de le trouver original, car c’était le premier à ne pas
débuter par la répétition de la rune thorn, thorn, thorn. Ce fut hélas
tout ce que je pus en penser, car il me resta par ailleurs totalement
incompréhensible. Il se résumait à cette bien singulière séquence :
VISIGINTCOT. On pouvait la fractionner de multiples façons et lui donner
d’innombrables sens, aucun d’entre eux ne me paraissait convaincant.
    Je réfléchis à voix haute :
    — Les premières lettres pourraient-elles faire
référence aux Wisigoths ? Cela ne tient pas debout, les plus proches sont
dans la lointaine Aquitaine. Hum,

Weitere Kostenlose Bücher