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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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vos informations remontent bien
jusqu’à Théodoric, afin qu’il sache pourquoi je ne suis pas rentré. Approcher
Tufa d’assez près pour pouvoir le frapper risque de prendre du temps. Quand
vous aurez transmis ces nouvelles, eh bien… il me semble que vous avez manqué
une bonne partie de notre guerre, Tulum. Ralliez donc le combat de l’Addua, ou
le nouveau théâtre d’opérations en cours, quel qu’il soit.
    — Avec plaisir, Saio Thorn. Mais si vous comptez
vous volatiliser dans Bononia, comment mes compagnons pourront-ils venir vous
rendre compte ?
    — Ils devront entrer en contact avec mon représentant,
j’aurais dû vous le préciser. Je me souviens d’avoir repéré une fontaine sur la
place du marché. Cet endroit étant assez fréquenté, des étrangers y passeront
facilement inaperçus. Dites-leur d’ôter leurs armures et de dissimuler leurs
armes. Habillés en civil, ils n’auront qu’à se promener l’air de rien aux
alentours de cette fontaine, jour après jour si nécessaire, et attendre d’être
abordés par une femme.
    — Une femme ?
    — Ils devront la respecter et lui obéir comme si elle portait
mon insigne de maréchal. Elle se présentera sous le nom de Veleda.
     
    *
     
    De retour à Bononia, je louai dans une écurie une stalle
pour Velox et l’y laissai avec l’essentiel de mes bagages apportés de Vérone, y
compris mon glaive usagé. Je ne pris avec moi que quelques affaires, dont deux
articles de ma garde-robe de Veleda, emportés en cas de besoin. L’un d’eux
était la ceinture de hanches brodée de perles que je portais toujours, une fois
changé en Veleda, pour camoufler mon organe viril au nom de la fameuse pudeur
romaine. L’autre était le double serpentin de bronze acheté à Haustaths, qui me
permettait de mettre en valeur ma poitrine et de la rendre plus attirante.
    Dans des boutiques place du marché, j’achetai « pour ma
femme » le strict nécessaire de l’habit féminin : robe, foulard et
sandales. Puis je me glissai dans une allée retirée et me changeai.
J’abandonnai sur place mes vêtements d’homme ; ils serviraient au prochain
mendiant qui les voudrait. Je me mis alors en quête d’une taberna bon
marché où descendaient les marchands de passage et y louai une chambre
« le temps d’attendre mon mari qui devrait m’y rejoindre »,
expliquai-je au caupo , pourtant peu enclin à admettre une femme
voyageant seule.
    Au cours des trois ou quatre jours qui suivirent, j’achetai
de nouveaux vêtements, tous de la meilleure qualité, quelques cosmétiques fort
coûteux et plusieurs bijoux d’apparence flatteuse en aes de Corinthe.
Ainsi habillée et parée de façon raffinée, je quittai la modeste auberge et me
présentai dans le plus élégant hospitium de Bononia. Comme je m’y
attendais, les hôtes n’hésitèrent pas une seconde à louer leurs luxueux
appartements à une aussi belle voyageuse, s’exprimant avec tant d’aisance et
apparemment aussi fortunée.
    J’avais fait « disparaître » Thorn. Ce serait à
Veleda de traquer sa proie. Si j’avais pris cette décision, c’est parce que je
me souvenais de ce qu’avait dit le vieux fossoyeur. Selon lui, on avait déjà
plusieurs fois attenté à la personne du légat de Bononia, et nul n’était admis
en sa présence sans avoir été au préalable inspecté de près, fouillé, et
déclaré dûment inoffensif. Il fallait donc prévoir une arme invisible et
indétectable. J’avais une idée en tête, mais il s’agissait d’un instrument qui
ne pouvait être employé que par une femme, et seulement à un moment bien
précis. Mon expérience en tant que femme et en tant qu’homme m’avait appris à
bien connaître ce moment durant lequel l’homme se trouve particulièrement
vulnérable et sans défense. Pour y amener Tufa, il me faudrait d’abord faire sa
connaissance, et que la chose paraisse totalement fortuite.
    Je revins donc place du marché. Tout en examinant l’étal
d’un vendeur d’outils – à qui j’achetai une pierre à aiguiser « pour
me limer les ongles », expliquai-je au marchand amusé mais
admiratif – je surveillai du coin de l’œil les flots de passants qui
circulaient. Dans une cité romaine populeuse comme l’était Bononia, des gens de
toutes nationalités se côtoient, et je ne connaissais évidemment pas le visage
des milliers de soldats de Théodoric. Mais tout le monde sur cette place
semblait occupé à quelque

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