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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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volupté :
    — Chère jeune fille, je suis tout sauf un patriote,
encore moins un héros. Je suis un magistrat licencié à la cour des litiges,
champion inconditionnel par nature du meilleur enchérisseur, quel qu’il soit.
Ces envahisseurs barbares ne me répugnent pas plus que tous les pauvres diables
qui m’ont grassement payé pour que je plaide leur cause. Il m’est arrivé de
défendre des fripouilles et des coupables, dès que les gains en valaient la
peine, avec autant d’énergie que les bons et les innocents. Maintenant, en
temps de guerre, ma survie est un enjeu suffisant pour que je penche en faveur
du futur vainqueur, quel que soit son camp. Contrairement à Odoacre ou à Tufa,
je ne passe pas mon temps à me tourmenter au sujet du nom et de la couleur de
peau du prochain maître de Rome. Les gens comme moi s’en sortent toujours.
    — Je suis heureuse de l’entendre, fis-je, tentant de
contenir l’ironie qui perçait dans ma voix.
    Puis je poussai un soupir et boudai de nouveau.
    — Avec tous ses soucis, le dux Tufa n’aura
évidemment pas le temps de s’occuper d’une femme de rien comme moi.
    Diorio s’esclaffa d’un air entendu.
    — Si c’est toujours le Tufa que je connais…
    — Et c’est vrai, tu le connais, tu le connais bien,
même ! Alors tu veux bien me recommander auprès de lui, hein ?
Promets-le ! Jure-moi que tu le feras !
    — D’accord, je jure, je jure ! Je ne doute pas que
tous tes amis te recommanderont à lui. Maintenant sois gentille, laisse-moi
juste le temps de faire un bon petit somme.
    Quand je rentrai à l’ hospitium, j’y trouvai Hruth en
train de m’attendre, assez excité et tenant en main une épaisse couche
d’écorces. Avant qu’il puisse ouvrir la bouche, je luis dis :
    — Attendez, laissez-moi deviner. Pour la première fois,
les signaux sont venus du sud.
    Il écarquilla les yeux.
    — Comment savez-vous cela, madame ?
    — Le message est arrivé ici avant vous. D’autres
intérêts doivent avoir leurs propres relais, je suppose. Mais voyons les
tablettes, pour m’assurer que j’ai bien entendu.
    — Il y a eu plusieurs transmissions, non une seule,
précisa Hruth tout en les étalant dans l’ordre. Et seul le premier message
provenait du sud. Ensuite, les torches de Ravenne ont envoyé un signal d’une
longueur inhabituelle. Et pour autant que j’aie pu le comprendre, ce même
message a été relayé ensuite vers le nord-ouest.
    —  Ja, pour passer le mot de loin en loin,
complétai-je, commençant à déchiffrer les notes prises.
    Elles confirmaient ce que Diorio m’avait dit. Le message
venu du sud avertissait de l’arrivée imminente de Tufa dans sa région. Celui de
Ravenne était destiné aux forces romaines du nord-ouest qui, comme Théodoric,
avaient passé l’hiver dans leurs cantonnements. Ravenne les enjoignait de se
tenir prêtes, car le général Tufa leur ramenait des renforts.
    « Pas si je parviens à l’en empêcher », me dis-je
en moi-même.
    — Plus besoin de hanter les marais, Hruth. J’aurai dorénavant
besoin de vous ici, à portée de main. Vous allez rester à proximité de mon hospitium. Dès que vous verrez les gardes ou les serviteurs du palais de Tufa
m’escorter vers la sortie, allez à l’écurie que je vous ai indiquée. Ramenez-en
le cheval de Thorn, sellé et chargé, préparez le vôtre en même temps, et
revenez attendre ici. Votre travail, comme le mien et celui du maréchal Thorn,
touche à sa fin.
     
    *
     
    Quand arriva l’invitation de Tufa, elle ne ressemblait en
rien à une sollicitation courtoise de mes faveurs, mais plutôt à une
convocation péremptoire. Deux de ses gardes ruges vinrent me voir, armés
jusqu’aux dents, et le plus massif des deux me grogna rudement :
    — Le dux Tufa va avoir le plaisir de votre
compagnie, Dame Veleda. Maintenant.
    On me laissa juste le temps d’enfiler ma tenue de travail, à
savoir mon plus joli vêtement, assorti d’un savant dosage de poudre, maquillage
et parfum, d’un somptueux collier et d’une fibule… et j’attrapai ma petite
mallette de cosmétiques en sortant. Il ne fut pas nécessaire de me pousser pour
les suivre dans les rues, jusqu’au palais. Là, on m’ouvrit une à une toutes les
portes lourdement barrées, avant de les refermer soigneusement derrière moi.
Les gardes me menèrent dans une salle sans fenêtre, au plus profond du palais,
occupée seulement par un lit spacieux et une femme ruge

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