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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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s’en
délecter.
    — Ont-ils commencé à s’imbiber copieusement ?
    —  Akh ça, ils ne s’en privent pas,
croyez-moi ! Ils me regardaient même d’un sale œil parce que je n’étais
pas encore en train de tituber et de vomir.
    — Et les hommes retenus captifs, vibrent-ils de haine
en pensant au sort réservé à leurs épouses et leurs enfants ?
    Odwulf haussa les épaules.
    — Sans doute pas plus que moi si j’avais perdu une
bataille et m’étais fait prendre. C’est ce à quoi il faut s’attendre, dans ces
cas-là.
    —  Ja, c’est évident.
    Je dus bien le concéder.
    — Cependant, j’aimerais que ces prisonniers soient
irrités au plus haut point, que leur colère soit maximale. Pourrais-tu te
glisser parmi eux ?
    — Cette nuit, ce ne sera pas trop difficile, Swanilda.
Saouls comme le seront les hommes de la garnison, ou occupés à…
    — Alors fais-le. Répands la rumeur, parmi les
prisonniers, que les hommes de Strabo s’occupent de leurs femmes et de leurs
filles… disons, à la manière des Francs, comme on dit. Et à celle des Grecs.
    Odwulf eut l’air choqué.
    — Ils ne le croiront jamais ! Personne n’ira
penser que des Ostrogoths sont capables de telles perversions.
    — Débrouille-toi pour qu’ils le croient. Après tout,
des Ostrogoths suffisamment imbibés de boisson peuvent parfaitement perdre
toute décence et abandonner leurs inhibitions, non ?
    — Vous êtes pire qu’un soldat, grogna-t-il. (Il haussa
de nouveau les épaules.) Je ferai de mon mieux. Mais quel est le but de tout
cela ?
    J’entrepris de lui expliquer quel combat de masse allait
être organisé le lendemain, suite à mon inspiration soudaine et à mon habileté
à la faire agréer par Strabo. Odwulf manifesta à plusieurs reprises incrédulité
et admiration, réitérant son idée que décidément oui, sans le moindre doute,
j’étais une véritable Amazone éprise d’atrocités. Mais il resta coi et approuva
d’un simple hochement de tête quand j’eus ajouté ce que je voulais qu’il dise
encore aux Hérules, dans leur geôle au-dessous de l’arène.
    — Par le marteau de Thor, murmura-t-il, vous ne manquez
vraiment pas d’ingéniosité, ma parole. Quoi qu’il en résulte au final pour nous
deux, le spectacle méritera assurément d’être vu.
    — Quand tu auras bien chauffé à blanc les prisonniers
et qu’ils auront reçu les instructions nécessaires, le jour une fois levé mais
pendant que les soldats auront encore la gueule de bois et le visage fripé, je
veux que tu ailles récupérer l’armure du maréchal Thorn, ainsi que son cheval.
Strabo et moi serons assis sur le podium central, près de l’arène. Arrange-toi
pour attacher le cheval et cacher l’armure à proximité immédiate de l’accès au
podium.
    — Je pensais que nous gardions cette armure en mémoire
de notre chef. Ne me dites pas que vous envisagez de la porter ?
    Je répondis avec désinvolture :
    — Le Saio Thorn n’était guère plus grand que
moi. Elle devrait m’aller parfaitement. Et il m’avait enseigné à monter son
cheval en se servant de la corde enroulée sous son poitrail. Rappelle-toi,
Odwulf, qu’il n’y a pas si longtemps, les Ostrogothes étaient d’excellentes
combattantes.
    — D’accord… mais tout de même, la servante d’une
princesse…
    — J’espère que ma fonction de domestique ne m’aura pas
amollie à ce point. Contente-toi de faire ce que je t’ai dit. Un dernier
détail : demain, Strabo confiera sûrement la garde de ma personne à un
homme de confiance. Mais de ton côté, fais en sorte de te trouver le plus près
possible.
    — N’ayez crainte, affirma-t-il. Les têtes seront bien
lourdes, demain. Je n’aurai aucun mal à me poster pas trop loin. Et prions pour
que vos plans se réalisent, Swanilda. Si nous ne parvenons pas à nous enfuir,
je crains fort que nous ne survivions pas à cette journée.

 
4
    Le lendemain matin, je m’habillai, me parai et me maquillai
en Veleda avec les vêtements, cosmétiques et bijoux les plus fins que j’avais
apportés de Novae, portant en particulier l’ornement constitué de deux spirales
de bronze acheté voilà plusieurs années dans la lointaine Vallée des Échos. Je
voulais que Strabo me vît, pour la dernière fois, en femme la plus féminine qui
soit, et que rien ne puisse le faire changer d’avis quant à l’autorisation
qu’il m’avait accordée.
    Camilla ne m’aida guère dans ma

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