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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Mon
fidèle optio Ocer n’aurait jamais osé me laisser aussi longtemps dans
l’incertitude. Ce ne peut être que ton nauthing de frère qui par des
paroles équivoques, le retient là-bas. Par tous les dieux, par la croix et le
marteau que tu portes et les sécrétions de ta Vierge Marie, je me donne encore
deux jours ! Ce soir, les prisonniers hérules seront là. Je me sens d’humeur
à leur faire amèrement regretter, dès demain, de n’être pas morts sur le champ
de bataille. Mais dès que j’en aurai fini avec eux, si le lendemain je n’ai pas
de nouvelles de Singidunum, je te jure que je…
    — J’ai eu une idée, au sujet de ces prisonniers, l’interrompis-je
avant qu’il ne renouvelle sa menace de me déchirer les parties génitales.
    — Hein ?
    — À moins que vous n’ayez décidé de leur sort ?
Les bêtes sauvages ? La tunique ? Le patibulum  ?
    —  Ne, ne, bougonna-t-il, impatient. Tout cela
est bien trop clément pour assouvir mon actuelle soif de sang.
    — Laissez-moi dans ce cas vous faire une
suggestion : quelque chose de bien sanglant, fis-je, feignant de dominer
une bouffée d’enthousiasme. N’ai-je pas vu un amphithéâtre, à Constantiana,
quand nous y sommes arrivés ?
    —  Ja, il y en a un magnifique, tout de marbre
blanc. Mais si tu veux me parler de combats de gladiateurs, oublie. Ces combats
singuliers manquent terriblement de sel ; je ne connais rien de plus
ennuyeux, et…
    — Un combat atroce, fis-je avec exubérance. Ces tribus
vous ont mis en colère parce qu’elles cherchaient à s’éliminer mutuellement,
n’est-ce pas ? Laissez-les donc réaliser leur désir. Tous en même temps.
Forcez-les à le faire. Armez chacun de ces six cents combattants d’une épée,
sans leur donner de bouclier. Mettez-les tous dans l’arène ! Trois cents
d’une tribu, trois cents de l’autre. Pour stimuler encore leur motivation,
promettez-leur d’accorder la vie sauve et la liberté au dernier survivant de
chaque tribu. Croyez-moi, un combat de cette dimension serait sans précédent,
dépassant tout ce qu’ont pu imaginer Caligula ou Néron. On pataugera dans le
sang jusqu’aux chevilles !
    Strabo secoua la tête, admiratif, ce qui ébranla ses globes
oculaires à les faire chavirer. Il articula d’un ton doucereux :
    — J’implore tous les dieux qu’Ocer revienne
effectivement à temps pour m’éviter d’avoir à te mutiler, Amalamena. Ce serait
un vrai crève-cœur que d’avoir à massacrer la seule femme qui ait à ce point
partagé mes goûts. Une prédatrice, une haliuruns , ainsi t’ai-je
qualifiée. Et c’est ce que tu es ! Caligula et Néron – qu’ils
résident à présent dans le Walhalla, en Avallon ou ailleurs – doivent
crever d’envie de voir que je t’ai rencontrée.
    — Alors montrez votre gratitude, dis-je. Permettez-moi
d’assister à ce spectacle à vos côtés.
    Il se renfrogna et marmonna :
    — Oh, ça…
    — Je ne suis jamais sorti de ces appartements depuis
que vous m’y avez enfermé. Nul n’a été autorisé à me rendre visite, hormis une
fois le chapelain de la garnison. Celui-ci m’a dit qu’après les souillures et
les profanations que j’avais subies, je ne pouvais envisager d’accéder au
paradis des chrétiens. Aussi, laissez-moi donc me damner irrémédiablement et
mériter pleinement l’enfer. Allons, Triarius. Interdiriez-vous à une prédatrice
telle que moi d’assister à ce massacre ? Dénieriez-vous à l’ haliuruns que je suis le droit de se délecter de la mise en pratique de son mauvais
sort ?
    Strabo renifla brièvement.
    — C’est équitable. Mais tu seras enchaînée à un garde.
Et j’espère que tu goûteras ce spectacle, femme. Car quand je t’affirme que le
prochain sang à être répandu sera le tien, je ne plaisante pas.
    Lors de la relève de la garde, ce soir-là, le soldat qui
nous apporta à dîner fut, comme je m’y attendais, le lancier Odwulf. Les Hérules
capturés, trois cents de chaque tribu, étaient bien arrivés, me confirma-t-il,
et avaient immédiatement été enfermés dans les caveaux situés sous
l’amphithéâtre de Constantiana. Il y avait également avec eux plusieurs
centaines de femmes et d’enfants, que l’on avait répartis entre les différents
marchands d’esclaves syriens de la ville.
    — Excepté bien sûr les plus jolies femmes et jeunes
filles consommables, que les soldats de la garnison se réservent pour

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