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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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militaire se
fît davantage remarquer qu’une femme épuisée. Dès que je croisais un autre
soldat ou un poste de sentinelles, je criais simplement : Gaírns
bokos ! « Message urgent ! » et personne n’osait me
faire signe de m’arrêter. Lorsque j’eus ainsi franchi le dernier poste de garde
aux confins des faubourgs de la ville, je fis revenir Velox à un pas plus
tranquille.
    J’en avais réchappé.
    J’étais désormais de nouveau un voyageur solitaire, encore
plus démuni peut-être que je l’avais été en quittant le Balsan Hrinkhen. Ma
seule arme était une épée d’emprunt peu adaptée à ma taille. Le merveilleux arc
hunnique et les flèches de Wyrd avaient disparu, ainsi que la quasi-totalité de
mes autres biens, à l’exception de ceux laissés à Novae. Par chance, je
disposais d’un peu d’argent potentiel, grâce à la chaîne en or que m’avait
laissée Amalamena. Je pouvais troquer un à un ses maillons et l’unique ornement
qui lui restait, la croix-marteau en or, contre tout ce que je ne pourrais me
procurer par mes propres moyens. J’avais devant moi un long voyage hivernal,
mais ce ne serait pas le premier. Je ne doutais pas de parvenir à rejoindre
Théodoric.
    — Et quelle fabuleuse aventure j’aurai le plaisir de
lui raconter !
    Je n’avais pu m’empêcher de laisser sortir cette phrase à
voix haute. Nul autre que Velox n’était là pour l’entendre, mais le cheval
tourna vers moi ses oreilles comme pour me prêter attention, aussi continuai-je
un instant :
    — J’ai tout de même tué un roi, comme l’avait fait
Théodoric avec Babai le Sarmate ! J’ai du moins supprimé un sérieux rival,
prétendant au trône des Ostrogoths. Voire même bien plus, si l’on y songe… J’ai
peut-être épargné au monde l’impitoyable dictature d’un tyran.
    Mais je me tus, prenant soudain conscience de l’effroyable
quantité de vies qu’il avait fallu sacrifier pour réaliser cet exploit et
parvenir à m’enfuir. Seuls les dieux sauraient combien de citoyens de
Constantiana avaient péri pour permettre l’accomplissement de mes desseins…
sans compter les six cents malheureux Hérules. Quand Odwulf était tombé,
j’avais aussi perdu un valeureux camarade. Je trouvai malgré tout quelque
consolation de sa douloureuse perte. Dès lors que Odwulf ne m’escortait plus,
je n’aurais plus à vivre sous un déguisement ou à m’accoutrer en fonction des
circonstances. Et quand je rejoindrais Théodoric, mon arrivée nécessiterait
moins de laborieuses explications sur ma véritable identité.
    « Oh vái, mais qui es-tu donc ? »
    Cette phrase n’avait pas été jetée à voix haute, elle
n’avait pas jailli non plus de ma propre volonté. Une partie enfouie au plus
profond de moi-même exigeait de savoir.
    « Ou plutôt, qu’es-tu donc, insista la voix, pour
justifier tant de sang répandu en un jour, rien que pour parvenir à tes
fins ? Serais-tu devenu aussi indifférent au reste du genre humain que
peut l’être un juika-bloth  ? Souviens-toi comment tu t’es vanté
devant Strabo d’être un raptor. Et ce n’était pas la première fois que
tu te permettais cette arrogance… »
    Excédé, en colère, je chassai violemment ces pensées. Je
n’allais pas permettre à ma susceptible et sentimentale nature féminine de
reprendre le dessus, de venir diminuer mes mérites, et ternir la fierté
légitime de mes virils faits d’armes. Pour l’instant, j’étais encore Thorn.
Thorn ! Thorn !
    —  Et par tous les dieux, criai-je aux quatre
vents, si je suis un raptor , je suis en tout cas en vie, et plus dans
une cage !
    Retombant dans le silence, je pressai ma monture vers
l’ouest, déterminé à rejoindre le Danuvius pour en remonter le cours.

 
5
    Durant tout mon voyage à l’ouest en direction du Danuvius,
je traversai une interminable prairie plate et dépourvue d’arbres, sur laquelle
les seuls mouvements étaient ceux de ma monture et de son cavalier, et celui de
l’herbe sèche et brunie agitée par le souffle glacé d’une constante bise. Même
si je n’avais pas eu l’aide diurne du soleil et celle nocturne de l’étoile
Phoenice, j’aurais pu effectuer cette traversée sans m’égarer, car je suivais
les restes délabrés d’un mur incroyablement long et naguère assez haut,
construit sur l’ordre de l’empereur Trajan lorsqu’il avait repoussé vers le
nord les Daces, près de quatre siècles auparavant.
    Lorsque

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