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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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bravement attendu sa mort, qu’elle
savait inéluctable. Mais elle n’a en réalité même pas eu besoin de bravoure, à
la fin. La dernière fois que je l’ai vue vivante, Amalamena semblait en bonne
santé et heureuse ; elle avait même bon appétit. C’est presque avec allégresse
qu’elle m’a envoyé chercher son repas du soir. Quand je suis revenu, elle
n’était plus. Elle est partie ainsi ; très vite et l’âme en paix.
    Théodoric soupira profondément :
    — Je suis soulagé de l’apprendre. Heureux, aussi, que
tu aies survécu pour venir me le dire. Cela soulage d’autant la peine cruelle
que je ressens. Mais alors, qui était cette femme que Strabo détenait en
captivité et qui affirmait être ma sœur ? La femme pour laquelle Ocer est
venu me demander rançon ?
    — Strabo ne bluffait pas. Il croyait vraiment détenir
la princesse, ta sœur. En fait, il s’agissait de l’une de ces servantes khazars
qui s’étaient occupées de nous dans le Palais de Pourpre. Lorsque nous t’avons
envoyé Swanilda avec le pactum de Zénon, Amalamena l’a prise à son
service comme cosmeta. J’avais pensé que, lorsque Augis viendrait vous
annoncer qu’il ne s’agissait pas d’Amalamena mais d’une jeune femme qui avait
pris sa place, la véritable Swanilda (je la montrai du geste) le devinerait
d’elle-même.
    — Elle a effectivement envisagé cette hypothèse, fit
Théodoric, pensif. Mais j’ai trouvé cela difficile à avaler. Comment Strabo
aurait-il pu prendre une servante khazar brune, au teint olivâtre, pour une
princesse amale ?
    —  Cette jeune femme était experte en maquillage,
continuai-je, empilant mensonge sur mensonge. Elle avait réussi à s’éclaircir
les cheveux et la peau de façon incroyablement crédible. Tous nos hommes s’y
sont laissé prendre, de loin. N’est-ce pas, Augis ? (Le lancier approuva,
les yeux comme des soucoupes.) Un peu plus tard, lorsque Strabo l’a emmenée en
captivité, j’ai réussi à rester en communication avec elle. Comme Augis et
Odwulf, un autre de nos soldats, j’étais parvenu à me glisser incognito parmi
les guerriers de Strabo.
    Les yeux d’Augis s’agrandirent encore, et cette fois, il ne
hocha pas la tête pour confirmer mon assertion. Il se demandait évidemment
comment il avait pu, lui, ne pas repérer ma présence. Je poursuivis, un peu aux
abois :
    — J’aurais aimé, Théodoric, t’amener ici cette servante
khazar, afin que tu juges de la façon merveilleuse dont elle s’était
transformée. Et que tu la récompenses, tant elle avait valeureusement joué ce
rôle. Hélas, elle a péri avec de nombreux innocents dans le bain de sang de
Constantiana, lorsque…
    — Attends, attends, m’interrompit Théodoric, secouant
la tête en riant. Je pense qu’il vaudrait mieux que tu reprennes ta narration à
partir du début. Tenez, messieurs, approchons nos couches les unes contre les
autres. Et vous, Swanilda, voudriez-vous demander à nos cuisiniers de nous
amener de quoi nous rafraîchir ? L’histoire menace d’être longue, et Thorn
aura vite la gorge sèche.
    Je fis donc le récit complet, ou presque complet, de ce qui
était arrivé depuis mon départ de Novae jusqu’à maintenant, jour de mon retour.
Je venais à peine de commencer lorsque Swanilda et une autre femme arrivèrent
des cuisines, portant un immense récipient cannelé d’or et d’argent rempli d’un
frais hydromel doré, duquel émergeait une louche aux lignes gracieuses, en or
elle aussi, dessinée en forme d’oiseau. Elles posèrent le récipient au centre
de notre cercle et s’éloignèrent, n’ayant pas la prétention de se mêler à une
conversation d’hommes. Je n’interrompis pas mon récit, mais reconnus l’autre
femme. Elle était bien plus luxueusement vêtue que la dernière fois que je
l’avais vue, et à l’évidence au dernier stade de la grossesse. Tout dans son
comportement laissait penser qu’il s’agissait de la nouvelle maîtresse de la cosmeta Swanilda.
    Je fus amusé, mais remis à plus tard mes questions sur le sujet.
Quand elles furent sorties, tandis que je continuais de parler, l’un ou l’autre
d’entre nous se délectait par intervalles d’une louche du doux breuvage contenu
dans le récipient. Comme le veut la coutume du « bol fraternel »
autour duquel plusieurs hommes s’assemblent pour conférer, tous se servirent à
tour de rôle avec la même louche.
    Je racontai mon histoire de façon

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