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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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forcer quelqu’un d’autre que la fruste
Camilla, il s’était résigné à celle qu’il avait sous la main.
    Quant à la rumeur selon laquelle Strabo aurait renoncé à
toute vilenie ou ambition de conquête, plus qu’à un élan d’intime régénération
chrétienne, je l’attribuai à la seule force des circonstances. Son apparente piété
ne visait en fait qu’à transformer la nécessité en vertu.
    Quand toutes les personnalités de haut rang furent informées
que Théodoric l’Amale était à présent seul et unique roi des Ostrogoths, la
plupart des soldats de Strabo se rangèrent de gaieté de cœur derrière lui. Il
en alla de même depuis Singidunum à l’ouest jusqu’à Constantiana à l’est, et à
Pautalia au sud, pour la quasi-totalité des citoyens et paysans, non seulement
ostrogoths, mais aussi d’autres peuples, Slovènes compris.
    Il ne resta à Strabo que le reste de son armée,
principalement ceux de ses hommes liés par le sang à sa branche des
Amales ; quant aux gens de la ville, son dernier groupe de fidèles se
limita aux familles de ses propres soldats. Ils se firent nomades avec lui, errant
de l’une à l’autre de ces cités « fortifiées » qu’il s’était tant
vanté auprès de moi de dominer, mais il ne s’y trouvait plus de défenseurs
dévoués, et ils n’y étaient plus eux-mêmes les bienvenus. De temps à autre, au
cours des années qui suivirent, Strabo parvint à faire preuve d’assez
d’arrogance pour lancer une petite guerre ou organiser une razzia localisée.
Mais ces escapades ne représentèrent pour Zénon et pour Théodoric que des
nuisances mineures, et leurs légions eurent en général aisément raison de ces
maraudeurs.
    Je me dois de préciser ici que la seule chose que Strabo
aurait pu faire qui m’eût personnellement blessé, ennuyé et embarrassé, il ne
la fit jamais, du moins à ma connaissance. Il ne révéla en effet à personne les
circonstances dans lesquelles la présumée princesse Amalamena lui avait dévoilé
en face ses parties intimes – et même les plus intimes –, lui
apprenant ainsi qu’elle était en fait Thorn le Mannamavi. Je ne puis que
supposer qu’il avait effacé l’incident de sa mémoire, n’y voyant qu’une
incroyable hallucination engendrée par son agonie.
    Le fils de Strabo, Recitach, ne rejoignit jamais son père,
mais continua de résider à Constantinople. S’il n’avait déjà pas compté pour
grand-chose en tant qu’otage, il n’était désormais plus d’aucune valeur, aussi
quitta-t-il le Palais de Pourpre. Mais il faut croire que son père lui avait
procuré une bourse bien rebondie, peut-être plus encore que celle qui restait
désormais à Strabo. Selon ce qui se disait, Recitach avait eu de quoi se loger
richement dans cette élégante cité, et d’y savourer la plaisante existence
oisive d’un illustrissimus.
    En rentrant à Novae pour y retrouver mon roi, j’avais
envisagé de m’y reposer et m’y rafraîchir le temps que celui-ci confie une
nouvelle mission à son maréchal Thorn. Mais Théodoric avait naturellement
beaucoup à faire. Le premier devoir d’un roi est de se préoccuper des besoins
et des désirs de ses sujets. À présent, il était vraiment roi de tous les
Ostrogoths. Une grande abondance de questions administratives requéraient donc
son attention ; et chargé d’assurer la sécurité de la frontière
danubienne, il veillait à quantité d’affaires militaires. De surcroît, lorsque
Aurora mit au monde leur enfant, Théodoric s’avéra un père admirablement dévoué
et présent. Et s’il différa de temps à autre certaines affaires assez urgentes,
ce fut pour pouvoir partager un peu de temps avec sa compagne et leur petite
fille, Arevagni.
    Je ne veux pas dire que je me sentais oublié, négligé ;
bien au contraire, on me donna tout ce qu’était censé recevoir un estimable herizogo, et l’on me laissa ensuite savourer cette bonne fortune dans une tranquille
sérénité. Théodoric me conféra le florissant domaine d’un de mes prédécesseurs
mort récemment sans postérité : une ferme prospère, sur la rive du
Danuvius, mise en valeur par des métayers libres ayant à leur service des
esclaves agricoles. Avec ses champs labourés, ses vergers, ses vignes et ses
pâtures, la propriété était presque aussi vaste que les terres du monastère
Saint-Damien dans le Balsan Hrinkhen. Le bâtiment principal, où je
résidais, n’avait rien d’un

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